J'ai parfois eu l'agréable sensation en jouant à Fuel Overdose, de retrouver un peu de ce qui faisait mon plaisir alors que je jouais sur PlayStation ou Dreamcast, celui de m'amuser sur un jeu connu de moi seul, aux failles évidentes mais à la personnalité et au niveau de défi assez conséquents pour que je me prenne au jeu. Ce genre de titre qui se fait connaître par le bouche à oreille, qu'on montre à un pote qui trouvera ça pas mal, alors qu'un autre n'accrochera pas du tout, pour au final, avec un petit noyau de connaissances, faire du jeu en question le petit passe-temps du moment, une petite expérience toute personnelle loin d'être importante dans la grande histoire du jeu vidéo mais qui restera un souvenir sympa dans dix ans. Avec un gros hic quand même, nous y reviendrons.

Look rétro pour idées neuves

Fuel Overdose, ce sont donc des courses de bagnoles (camions inclus) façon Mad Max ou La Course à la mort de l'an 2000, dans un monde post-apo bien sûr, proposant une représentation à la Micro Machines, c'est à dire vue de haut, avec des tires équipées de mitrailleuse, de lance-missiles ou capables de larguer des mines. Le but est évidemment de finir premier en zigouillant si nécessaire, sans se faire soi-même zigouiller par des adversaires qui quelque soit le niveau de difficulté attribué à leur IA, ne vous feront pas de cadeau. A ces trois armes principales avec lesquelles il faudra jongler lors des courses et que l'on pourra améliorer contre de l'argent avant chaque entrée en piste, s'ajoute le grappin et le détonateur, deux excellentes idées qui font grandement partie de l'originalité et du plaisir de Fuel Overdose. Sur les tracés, entre deux rafales de plomb bien puissantes pour pousser un concurrent dans le vide ou un missile habilement ajusté pour réduire la barre de vie de son rival à zéro et faire exploser son engin, sont disséminées des bombes que l'on déclenchera à l'envie et selon le nombre de détonateurs embarqués dès qu'elles sont à portée, c'est à dire visibles sur l'écran. Pas mal pour se venger d'un vilain tête à queue ou pour faire le ménage avant la ligne d'arrivée. Une ligne d'arrivée dont on pourra voler la primauté grâce au grappin qui permet de s'agripper à un concurrent proche pour ensuite le relâcher et gagner une accélération supplémentaire ou encore de lui balancer une décharge électrique si on décide d'y rester accroché. Mais le grappin a aussi son utilité pour négocier avec style les virages des circuits, des petits poteaux jalonnant la piste dans quelques courbes clés, permettant littéralement de prendre les virages à la corde !

Race Fighter

Outre ces gadgets des bolides qui donnent de la profondeur à ce jeu où la marge de progression se ressent clairement (le contrôle des véhicules, l'utilisation intelligente des armes, ça demande du temps avant d'être maîtrisé), I-FRIQIYA propose exactement comme dans les jeux de combat, une barre qui se charge au fil des coups que l'on prend et qui permet à un certain niveau d'effectuer une "super" ou une "ultra" attaque, à déclencher par des quarts de cercle avec le stick droit de la manette. Chaque personnage possède ses propres attaques plus ou moins destructrices agissant localement dans leur version "super" et en général sur tous les participants dans sa version "ultra". En plus des statistiques propres à chaque pilote et aux voitures que l'on peut choisir, chaque personnage à l'apparence et au caractère bien défini peut utiliser un mouvement qui lui est propre, toujours à effectuer avec une combinaison basique du stick droit, tel que le saut par exemple. Car si dans sa mécanique de jeu Fuel Overdose emprunte certains éléments typiques des jeux de combat, il en est de même dans la conception de ses personnages, très soignée ; ceux-ci auraient largement leur place en terme de style dans un jeu de combat classique. La petite bio qui accompagne tous les personnages va dans ce sens, tout comme les petites scènes du mode histoire dans lequel les silhouettes des personnages avec deux ou trois expressions différentes font avancer des histoires totalement insipides mais qui mâtinent le tout d'un aspect nostalgique assez amusant. Il en est de même pour la bande originale faite de rock et d'éléctro, typique d'un style très présent durant l'ère PlayStation.

Le coup de la panne de potes

Cependant, la nostalgie a ses limites et l'expérience Fuel Overdose connaît les siennes d'un point de vue technique. Si les courses se déroulent aux quatre coins du monde, du Caire à Kyoto en passant par Prague, l'Apocalypse, n'excuse pas tout, et les environnements ne sont pas vraiment au niveau de ce que l'on peut attendre sur PS3. Mais au-delà d'un aspect graphique duquel on peut faire abstraction avec des tracés qui sans être très originaux "tiennent la route", on regrette les quelques bugs qui demandent malheureusement de relancer la course, comme celui qui nous fait réapparaître à l'infini mais ne nous laisse pas la possibilité de redémarrer. Dans le même ordre d'idées, si la physique des véhicules demande un certain temps d'adaptation, au bout d'un moment, on se demande si le jeu ne pêche quand même pas un peu dans sa gestion des collisions. Par exemple, similaire dans sa représentation du dessus, proposant également des véhicules avec des armes, Renegade Ops et ses engins, après un temps d'adaptation, donnait l'impression que tout répondait au doigt et à l'oeil, ce qui n'est pas toujours le cas ici. Malgré ces failles techniques et sa plastique un peu dépassée, on s'amuse à batailler avec l'IA sans scrupules de Fuel Overdose et on relance les championnats, les histoires des diverses coureurs, pour au fil des différents modes de jeu, découvrir l'immense défaut de ce jeu : il ne propose pas de mode multi en local ! Un manque énorme qui limite d'un coup l'intérêt du titre, tant il semble taillé pour le tirage de bourre entre potes... Alors oui, il y a un bien un mode en ligne mais celui-ci étant totalement désert, difficile de s'amuser à plusieurs...

Fuel Overdose aurait pu être ce petit jeu pas très beau (aucune importance), à la finition pas irréprochable mais qui par son ambiance et ses idées serait devenu ce genre de titre que l'on partage entre potes. Cependant, après quelques heures de jeu nécessaires pour se familiariser avec la conduite des véhicules, le manque d'un mode multi en local se fait cruellement sentir et demeure incompréhensible. Un défaut pas rattrapé par le mode en ligne, vide, et donc inutile.