Quelque part en Méditerranée, une frêle embarcation brave la rage d'une mer démontée. A son bord, Jill et Parker s'apprêtent à rejoindre l'imposant Queen Zenobia. Chaque minute compte. Voilà en effet plus d'une heure que le BSAA a perdu tout contact avec Chris et Jessica. Malgré les assauts de la houle harcelant le navire, Jill et Parker progressent sur le pont supérieur. La pluie redouble d'intensité. Une porte. Les voici à l'intérieur. Silence. Table renversée. Acier rongé. Le Zenobia porte les stigmates d'un mal avançant à visage masqué quand... mais... quelle est cette créature à la chair ruisselante et au corps balafré ? Voici le premier des lourds secrets scellés au coeur de ce cercueil à la dérive...

Diviser pour mieux régner

Je me souviens encore de l'arrivée de Resident Evil : The Mercenaries 3D. Mode multijoueur sans âme vendu à prix fort afin d'étoffer artificiellement la ludothèque alors famélique de la 3DS. Opportunisme de premier ordre de la part de Capcom qui en profitait aussi pour mettre à l'épreuve les capacités techniques de la portable de Nintendo. Fort de ces enseignements, plus de six mois après, Resident Evil : Revelations se devait donc de rétablir la confiance des joueurs envers la série sur portable en proposant une vraie aventure, ainsi que du multi de qualité. Pour mieux happer l'amateur de frisson, l'histoire se découpe en plusieurs parties mettant en scène 3 groupes de héros géographiquement séparés (Jill et Parker au coeur du Zenobia, Chris et Jessica perdus sous le blizzard, Keith et Quint dans une base terroriste). Une alternance ne se contentant pas de faire évoluer la trame scénaristique, mais apportant en sus un peu de variété dans les situations et lieux rencontrés. Toujours constituées d'un binôme, ces trois équipes proposent ainsi des phases privilégiant l'exploration ou l'action (on retrouve enfin des passages de "rien" où l'on avance la peur au ventre), voire le grand défouloir avec munitions et Hunters (dont certains invisibles) pleuvant à souhait. Même dans le ton général, chaque section n'a pas forcément la même couleur. Certaines se veulent assez sombres, jouant sur une belle montée du suspense, alors que d'autres se montrent plus légères avec des personnages (principalement Keith et Quint) s'envoyant des blagues, le tout baignant dans une musique plus upbeat. Un indice sur l'esprit et l'alternance des situations du futur Resident Evil 6 ? Probablement... Quoi qu'il en soit, même si l'histoire globale et ses fameuses révélations se montreront somme toute assez prévisibles (voire faibles, n'éclairant aucun secret des épisodes précédents), difficile de ne pas saluer un rythme d'autant plus efficace que chacun des 12 chapitres est lui-même découpé en 2 parties (comptez entre 10 et 30 minutes de jeu par section pour un total d'environ 8 heures) multipliant les contextes, les dangers et les cliffhangers. Dernier petit détail renforçant la fougue de la narration, chaque nouveau chapitre est introduit par un efficace résumé sous la forme d'un Previously très série TV. En clair, le déroulement se prête à merveille à des parties nomades.

La fin de la sclérose ?

S'il y a un sujet sur lequel les fans attendaient Revelations au tournant, c'est bien la prise en main. Réjouissez-vous, la voici enfin assouplie et mise aux goûts du jour. Oui, vous pourrez désormais tirer en marchant (pour ma part, je tire surtout en reculant) ! Pour autant, afin d'éviter de déséquilibrer tout le gameplay et transformer l'expérience en vulgaire TPS 100% bourrin, les personnages restent heureusement assez lents. A noter que vous disposerez de nombreuses possibilités de configuration, certaines offrant une vue subjective, d'autres une vue derrière l'épaule. Une certitude : même si le tout est largement jouable avec la 3DS de base, le confort apporté par le Circle Pad Pro est non négligeable. Pour ma part, impossible de revenir en arrière après y avoir goûté, malgré son design disgracieux et son encombrement non négligeable (ça ne rentre plus dans mes poches, dommage pour une portable !). Pour le reste, si la formule n'a pas été bouleversée, elle comporte toutefois quelques petites nouveautés. Le Génésis vous permettra par exemple d'analyser les lieux, comme les ennemis. Bien évidemment si vous scannez ces derniers encore vivants (et donc menaçants), cela vous rapportera plus de points qu'un simple tas décomposé. Et lorsqu'on sait que la distance joue aussi, vous aurez compris que la prise de risque est ici encouragée. Ce scanner vous permettra aussi de découvrir des objets cachés (munitions ou soin). Question équipement, vous retrouverez aussi un système très basique d'amélioration de vos armes grâce à des bonus de cadence, puissance ou précision. Dommage qu'il ne se révèle pas aussi intéressant que celui d'un Dead Space par exemple. Dans un autre registre, totalement autonome, votre équipier combattra toujours énergiquement à vos côtés... mais ne servira finalement à rien ! En effet ce dernier ne vous redonnera pas de vie, ne vous aidera pas particulièrement, n'échangera aucun équipement avec vous. Non, il est juste là pour soutenir la narration ou faire semblant de se sentir concerné (il tire sur vos adversaires, mais vous seul pourrez les abattre). En clair, c'est un pantin... ayant au moins le mérite de ne pas foutre en l'air vos plans comme feu-Sheva de Resident Evil 5. Enfin, pour les puristes, le système d'herbes cher à la série a été particulièrement simplifié. Vous ne trouverez ainsi que des herbes vertes, ces dernières se transformant automatiquement en spray.

Lucifer, le plus beau des anges

Vous aviez encore des doutes sur les capacités techniques de la 3DS ? Les voici balayés, car tant par la qualité de son visuel que de son ambiance sonore générale, Revelations se hisse immédiatement comme le nouvel mètre-étalon de la portable de Nintendo. Textures et animations soignées ou saisissante modélisation des héros, le titre place la barre très haute. On ne se retrouve pas si loin d'un Resident Evil 4... version portable. Bien évidemment, pour obtenir une telle qualité, Capcom a dû ruser en privilégiant des environnements relativement confinés avec une succession de couloirs et de pièces à la superficie restreinte. Ainsi, hormis quelques lieux plus étoffés, chaque choix de décor comme un bateau lugubre, une montagne où on ne voit pas grand chose, ou un base bétonnée offrent des cadres où la vue ne porte jamais très loin... permettant d'appréhender au mieux les choix technologiques. Un mot enfin sur la 3D relief qu'il est ici possible d'amoindrir ou de booster (en plus de la réglette traditionnelle) en passant par les menus. Même si son appréciation reste très personnelle, le rendu m'a étonné par la qualité de l'immersion qu'il provoque. Un vrai plus lorsqu'il s'agit d'appréhender la distance qui vous sépare d'une créature putréfiée... ou une morsure cadrée plein pot !

Mission Commando

Bien plus séduisant que le piètre Resident Evil : Mercenaries, le mode Commando de Revelations se débloque une fois franchis les premiers chapitres. Jouable en solo ou en ligne, cette section vous permet de vous relancer dans l'aventure avec une orientation 100% action. L'intérêt vient ici de la possible coopération qui pourra s'engager avec un partenaire lors des parties en multi (WiFi ou local). Vous allez pouvoir booster vos capacités (2 spécialités pour les 10 héros), améliorer votre équipement et vos stats. Le tout se déroule au coeur de 20 niveaux, plus un bonus, reprenant les principaux décors du jeu. Intéressant aussi de constater que si certains runs pourront durer une poignée de minutes, d'autres vous demanderont plus d'une heure et demie de courage. Bien évidemment au fil de votre progression (en armes, comme en XP), les ennemis se révèleront de plus en plus coriaces jusqu'à atteindre une difficulté "Abyss" absolument démoniaque. Une quête cosmique pour les puristes du Rank S... les mêmes qui se régaleront du mode "Enfer" débloqué après votre premier run ! Bonne idée sur le papier, des éléments pourront arriver suite à des rencontres par StreetPass. Dans les faits, ne vous attendez à rien de surréaliste, mais plutôt à croiser des monstres portant le nom d'un de vos amis... comprenez par là, votre ami a été zombifié et vous allez devoir l'abattre pour le sauver.

En vrac, mention spéciale pour la partie audio particulièrement soignée, aussi bien en ce qui concerne la musique, que les bruitages dont quelques râles d'ennemis qui risquent de vous hanter longtemps. Et puis, oui, c'est assez rare pour être souligné, les voix françaises se révèlent ici loin d'être ridicules. En revanche, on déplorera l'absence totale d'énigmes dignes de ce nom ou des utilisations anecdotiques du tactile. Le dernier plan du jeu ne laisse aucune place au doute. Ce chapitre connaîtra une suite. Tous les personnages n'ont pas dit leur dernier mot. La naissance d'une nouvelle branche de la série dédiée aux consoles portables ? Possible...