C'est l'histoire d'un mec (ou d'une nana) qui est déjà mort. Ah ben ça par exemple, c'est original ! En effet, la scène d'ouverture de Kingdoms of Amalur : Reckoning est surprenante. Deux gnomes discutent de leurs affaires privées dans un gigantesque donjon en transportant un corps inerte. Sale, poisseux, lugubre mais néanmoins très coloré, le laboratoire d'Allestar semble être l'antre du démon. Le gnome en chef du lieu, Fomorous Hugues, est un dément. Il a consacré son existence entière à la résurrection, sans pour autant y parvenir. Alors que le corps de la dernière victime s'écrase lamentablement sur un charnier encore chaud, les deux croc-morts gnomes s'amusent : "vous aurez peut-être plus de chance dans une prochaine vie !" Au milieu des moucherons et d'une odeur pestilentielle, les yeux du cadavre s'entrouvrent, contre toute attente, vous êtes vivant !

Une nouvelle vie

C'est le moment de choisir vos origines : Elfes affiliés à la magie (les Dokkalfar), humains de base (les Almain), Vikings bien bâtis (les Varani) ou Elfes des glaces (les Ljosalfar) sont autant de choix possibles qui détermineront vos affinités avec la magie, l'alchimie, la forge, la capacité de persuasion, le vol, l'infiltration et bien d'autres critères qui vous sont encore inconnus. Ensuite, il faut choisir une divinité octroyant, cette fois, des bonus à la santé, au combat et j'en passe. Mais rien ne vous empêche d'être athée, que ce soit clair ! Simple mais relativement complète, la création de personnage de KOAR n'a pas à rougir de la concurrence et on peut, tout de même, réaliser de très belles créatures. Mais là où il se démarque déjà beaucoup plus, c'est dans son ambiance, à la fois stressante et horrifique avec une légère pincée d'humour noir transpirant au travers de sa direction artistique et surtout de ses dialogues (voir gnomes). D'ailleurs, la tête éberluée de votre avatar à mi-chemin entre la panique et le grotesque en est bien la preuve lors de sa seconde naissance. Malgré la surprise, la situation est grave et le donjon semble attaqué par des forces obscures. En effet, le Tuatha Deon, le chef des Tuathas que l'on nomme Seigneur Gadflow, entend bien mener un véritable génocide contre les jeunes races mortelles du Royaume et il s'attaque en ce jour aux gnomes.

A la vie, à la mort

Malgré une mémoire altérée, pour ne pas dire inexistante, Hugues vous explique la situation et vous comprenez rapidement qu'il faut prendre les armes pour vous extirper de ce laboratoire caché au fin fond d'un donjon morbide. C'est l'occasion d'apprendre le rudiment des armes et des combats. Après quelques minutes de jeu, il parait évident que Reckoning met l'accent sur l'action mais pas le bourrinage. En effet, entre phases d'infiltration efficaces, esquives au bon moment, contres à la God of War, les instant kill bien placés, le mélange entre corps à corps (dagues, bâtons, lances, épées, boucliers, etc.) et l'utilisation de la magie au moment opportun, les armes de jet, les coups chargés et les QTE à utiliser en fonction des routines de vos adversaires, le titre de 38 Studios offre une palette de possibilité gigantesque et propose des rixes dantesques. D'un incroyable dynamisme, elles plongent directement dans l'action, moment pendant lequel on peut admirer l'excellente gestion des collisions et profiter de dizaines de combos spéciales à débloquer au fur et à mesure de l'aventure. Vous l'aurez compris, les batailles de Reckoning envoient du lourd, du très lourd même !

Apprendre et comprendre

Comme dans tout bon jeu de rôle, chaque action accomplie dans Reckoning est l'occasion de maitriser un peu plus une discipline particulière. La récolte augmente vos capacités d'alchimie, l'infiltration permet de mieux détecter les pièges, le contre magique utilisé à outrance rend plus résistant aux sortilèges, la pratique du vol permet de pénétrer n'importe quel lieu, d'ouvrir n'importe quel coffre renfermant un trésor, et les discussions durant les dialogues à choix multiples améliorent votre don d'influence sur les PNJ (personnages non joueurs). Comme dans la vraie vie, il faut pratiquer pour s'améliorer, pour se spécialiser en fonction de son style (de jeu). A la différence de la concurrence, l'expérience acquise se fait rapidement sentir et on comprend bien que les efforts payent très vite, ce qui est loin d'être désagréable. Si le titre fait la part belle à la pratique, il n'en oublie pas moins les fondements du genre proposant un template (comme dans World of Warcraft par exemple), toujours pour se spécialiser un peu plus. Pour un voleur par exemple, on pourra mettre ses points en infiltration pour rester invisible et tuer instantanément, ou encore devenir un guerrier d'élite afin de tuer avec des armes empoisonnées en tous genres et même mélanger les styles en profitant de capacités classiques de voleur et de mage en même temps. Le système est d'une étonnante souplesse et tolère le cumul des talents, sans véritable distinction de classe. Que du bonheur que vous préfériez la force brute du Guerrier, la discrétion du Ninja ou la subtilité du Mage.

Forgez votre destinée

Reckoning laisse libre cours à vos choix de carrière au moyen de cartes du destin à débloquer et à trouver. Mélanger la finesse du Voleur à la magie du Mage, la puissance du Guerrier à la vitesse du Voleur, les sorts d'illusion du Sorcier à la résistance d'un Tank, etc. Plus de quarante destinées sont possibles et certaines vous autorisent même (à haut niveau uniquement) à embrasser des carrières universelles mélangeant tous les genres à la fois. Mais à quoi tout cela pourra-t-il bien servir ?

Un monde s'offre à vous

Après un affrontement subtil mais facile à jouer contre un troll des cavernes faisant office de boss de fin du laboratoire, les rayons du soleil frappent enfin votre visage cadavérique. Se dévoile alors devant vous une superbe forêt elfique, habitée par des dizaines de créatures plus superbes les unes que les autres et la faune et la flore procurent une étonnante densité aux lieux traversés. Bref, le design souvent enchanteur de l'ensemble happe sans mal n'importe quel fan d'univers ouverts et colorés, amateur de jeux de rôle. Mais trêve de bavardage, revenons à nos moutons. Notre avatar découvre un village en proie aux assauts des Tuatha. De gigantesques points d'exclamation illustrent les PNJ capables de vous donner des quêtes annexes, que l'on attend nombreuses. L'une d'entre elles est l'occasion de découvrir la carte du monde avec quatre gigantesques régions à explorer. Une mini-carte permet, par ailleurs, de voir à tout instant les points importants d'un lieu, forges, magasins, donneurs de quêtes, entrées de bâtiments et bien d'autres choses. Mais mon humeur est à la chasse car je n'ai que faire, pour le moment, des luttes de pouvoirs en Amalur. Je veux explorer !

Dans le bois voisin, je découvre des créatures étranges dont les entrailles pourraient m'offrir des ingrédients bienvenus pour mes mixtures futures (oui, je suis un Voleur qui aime empoisonner ses proies). Je m'agenouille dans les feuillages et tente de contourner un animal sauvage. Un oeil apparaît au dessus de l'avatar, sa couleur change en fonction de mon exposition et du champ de vision de l'adversaire, de manière à éviter d'être détecté. Je sors mes lames et plante ma cible dans le dos pour un meurtre rapide et superbement animé. J'exulte ! Tiens, mais quel est cette porte sur le flanc de la colline voisine. Sans doute une porte menant dans un nouveau donjon...

Vous l'aurez compris, Kingdoms of Amalur : Reckoning nous a transporté. Superbe, pour peu que l'on apprécie le design comics, facile à jouer tout en demeurant subtil durant les joutes, vaste tant dans ses lieux, ses décors que dans ses possibilités d'action (infiltration, bourrinage, mélange de magie et de corps à corps, etc.), ses quêtes diverses, ses donjons à explorer, le soft de 38 Studios est vraiment très prometteur. Allez, deux points noirs tout de même : nous n'avons croisé aucune énigme digne de ce nom durant nos deux premières heures de jeu. Rien de grave néanmoins puisque le jeu s'annonce gigantesque et aura largement le temps de nous en proposer, tout du moins on l'espère. Enfin, nous avons pu tâter les versions Xbox 360 et PC de Reckoning et force est de constater que si les deux sont bien animés, il y a une différence assez visible concernant les enchainements des animations, plus fluides sur ordinateur. Néanmoins, je ne vous le cache pas, entre Skyrim et Reckoning, mon coeur balance nettement en faveur de ce dernier, bien plus envoûtant et jouable à mon sens...