Bienvenue à Vergen, sympathique petite bourgade naine perdue au milieu des montagnes, où vous pourrez découvrir le sens de l'hospitalité de cette race chaleureuse, toujours prête à offrir un coup, surtout à un étranger qui pue la patate. Vous visiterez le marché de Vergen, où une poignée d'humains tente de vendre quelque chose qui ne soit pas de la bière. Vous découvrirez le folklorique ghetto elfe, où les jeunes oreilles pointues peuvent s'égayer dans l'eau croupie entre deux taudis. Ah ! Vergen, sa taverne qui sent bon sous le nain, ses disparitions en série, sa succube... Vous ne serez pas déçus !

Ça serait dommage de rater ça

Sauf si vous ne voyez jamais Vergen, car il s'agit d'un lieu annexe à la trame principale de The Witcher 2, et il est possible que vos choix ne vous amènent pas dans cette direction. C'est d'ailleurs pour ses vertus anti-spoiler que CD Projekt nous a permis de jouer cette petite aventure de mi-parcourt. Tout commence lorsqu'un elfe demande au fameux Geralt de Riv d'enquêter sur la découverte de plusieurs corps dans les alentours de la ville, des amis à lui qui avaient disparu et qui ont refait surface en bien mauvaise condition. On a retrouvé le dernier dans un hameau brûlé non loin de Vergen. Ni une ni deux, je pars inspecter les environs dans la peau du sorceleur, pour finalement n'y déceler qu'une odeur de soufre légèrement surnaturelle. La suite de l'aventure me mène aux catacombes où les victimes ont été déposées. Mais le chemin est dangereux, et je suis attaqué par une troupe de soldats (liée à une partie du scénario qu'on ne connaît pas encore). Ce premier combat ne fait pas dans la dentelle : trois pouilleux, un ou deux chevaliers plus balèzes et un sorcier qui s'amuse à se téléporter toutes les trois secondes en balançant des éclairs à tout va.

Il est déjà 9h là ?

Je meurs. Ah bah, oui, il faut le temps de s'habituer aux maniements des armes. CD Projekt parle de l'influence de jeux comme Batman : Arkham Asylum pour le gameplay orienté action, et c'est effectivement très prenant de foncer dans un tas d'ennemis en pensant les enchaîner. Cependant le changement de cible qui devrait permettre à Geralt d'utiliser ses attaques rapides pour éliminer ou repousser des adversaires qui l'encerclent n'est pas encore tout à fait intuitif. Pourtant, les affrontements sont assez posés, certains diraient même mous, mais je pense qu'il s'agit d'un problème d'entraînement pour bien enchaîner les attaques. Le bouton gauche de la souris sert aux coups rapides, le droit aux coups puissants. D'une touche on peut utiliser le signe magique des sorceleurs sélectionné préalablement, et d'une autre on se met en position de parade. Un raccourci permet aussi d'utiliser un objet au choix : bombe, piège, dague de lancer... Et enfin, la barre d'espace vous permettra au besoin d'éviter les coups et de faire des roulades pour atteindre une position tactiquement plus défendable. Dans les situations de crise, une touche suffit à ouvrir un menu radial qui ralenti l'action et vous laisse reconfigurer vos armes, magies et gadgets. Avec un poil d'habitude, l'action devient plus fluide et rapide. Les animations sont superbes et on a mal pour les méchants quand Geralt porte certains coups... On retrouve avec plaisir des combos vraiment techniques et réalistes, et des exécutions spectaculaires. En développant l'aspect combat du Sorceleur, on pourra même effectuer des exécutions de groupe (jusqu'à trois cibles d'un coup). J'ai hâte de voir ça !

Vengeance !

Allez, deuxième essai, je balance les sorts : étourdissement, immolation. La piétaille dégage. J'esquive le mage tout en éliminant les chevaliers un par un. Puis je finis le relou électrique à coup de vieille épée rouillée. Première victoire, premier loot. Geralt enfile l'armure du mage, une veste de cuir elfique qui s'avère magnifique, comme tout le reste du jeu. C'est vrai, entre les textures d'une finesse à pleurer et le sens du détail de CD Projekt, mon PC ronronne de bonheur. Je finis mon pillage et je traverse une rivière à gué. Le level design assez étriqué jusqu'à présent s'ouvre un peu sur un petit bois percé de sentiers, rapidement un autre groupe de soldats apparaît, mais celui-ci est déjà occupé par des petites créatures goblinoïdes. Bim ! Sorts, bombes, on nettoie tout ça, sauf qu'il faut un peu jongler entre l'épée en ferraille pour les humains et l'épée en argent pour les monstres. Reste que cette escarmouche ne pose pas de problèmes particuliers et bientôt je dépèce les bestioles pour récupérer des composants alchimiques. Chose qui, comme la cueillette de plantes ou l'appropriation abusive de biens chez les particuliers, se fait rapidement d'un clic. Je me paume ensuite un peu dans la forêt et je rencontre une grosse bébête peu ragoûtante, une sorte de croisement entre un éléphant et un bernard-l'hermite, le genre de truc probablement en voie d'extinction s'il y a des Japonais dans The Witcher 2. J'y fous le feu assez intensivement, au moins ils ne le mangeront pas cru. Impossible de juger de la difficulté finale, CD projekt nous promet seulement que le mode difficile poussera le joueur à utiliser toutes les ressources de Geralt pour survivre. Mais ils disaient déjà ça pour le premier The Witcher...

Cet homme a... succubé à ses blessures. Yeaaaaaaaah

Après mon méchoui de crustacé, je reprend l'aventure. Pas très loin, je trouve l'entrée des catacombes. À flanc de crevasse et reliées par des ponts, les chambres mortuaires en ruines ne sont éclairées que par quelques rayons tombés de la mince ligne de ciel qui apparaît entre les parois de la montagne. Admirez les effets de clair/obscur et les jeux de lumières (faites un effort, utilisez votre imagination). Je joue de l'onde de choc pour ouvrir des passages à travers quelques murs branlants et accéder aux corps qui reposent dans des alvéoles. C'est l'occasion de réveiller un certain nombre de spectres, vite renvoyés d'où ils viennent. Je finis par trouver un cadavre récent à inspecter façon série policière du dimanche soir et les doutes de Geralt se confirment : c'est l'oeuvre d'une succube. Je trouve aussi un livre de poésie du maître Dandelion, le monde est petit... Tiens, c'est quoi ce truc planté dans son bras ? Heureusement, j'ai acheté un kit de chirurgie avant de venir ! (Parce que c'était marqué 'objet de quête', je n'ai pas pu résister...) Il s'agit d'un éclat de métal. Étrange, les succubes utilisent-elles des armes ? I think not ! Néanmoins, je retourne à la ville trouver mon ami barde favori pour lui rendre son livre. Et au passage lui demander de jouer les appâts à succube, puisqu'elle semble apprécier les vers. Facile de le convaincre via des dialogues tout ce qu'il y a de plus classiques, et rendez-vous est donné à minuit au hameau brûlé.

Night life à Vergen

En attendant l'heure du crime, je me permets un petit fight club dans un coin de la taverne. Comme dans The Witcher 1, on peut participer à des tournois de free boxing. Ce mini-jeu est à présent entièrement à base de Quick Time Events, et pas forcément des plus faciles. On retrouve aussi le jeu de dés, mais je n'ai pas trop eu le temps de me pencher dessus. Et on peut s'adonner au bras de fer avec un mini-jeu qui demande plus d'adresse que de force. Je visite aussi les chambres pour piller sans vergogne tout ce que je trouve. Et puis je fouille l'interface pour voir ce que CD Projekt en a fait. Ah, on sent bien les tentatives de concilier PC et consoles. Que ce soit l'inventaire ou les menus des marchands, la navigation est assez étrange et pas très lisible. Je ne suis pas totalement convaincu sur ce coup-là... Il reste un peu de travail pour fignoler tout ça. Au marché, je jette un oeil sur l'artisanat (il faut passer par un personnage spécial) : comme The Witcher 2 fait beaucoup plus joujou avec l'équipement que le premier, la création de matos sur mesure pourrait bien se révéler fort utile. Je parle un peu à tout le monde, espérant trouver une donzelle à draguer, mais c'est peu concluant. Finalement, je me mets en méditation et je jette un coup d'oeil aux tableaux de développement de Geralt : le combat physique (positionnement, critiques, etc.), la magie (qui offre d'ailleurs un nouveau signe), l'alchimie et son mode Berserker (la drogue, c'est mal), ainsi qu'un petit arbrisseau d'améliorations générales. Bien bien, les idées d'évolution de perso se forment déjà. Je mate l'heure et je passe le temps qui reste à méditer...

Minuit dans le jardin de la succube

C'est en pleine nuit que je retrouve Dandelion pour une séance de chasse au démon. Et, surprise, le jeu me donne le contrôle du barde, non seulement pour jouer quelques accords qui feront réagir la succube, mais aussi pour la rejoindre après ! Ce qui n'est pas obligatoire, puisque vous êtes normalement tenu d'aller chercher Geralt pour la suite du plan. Mais comme dirait Dandelion en descendant dans la trappe ouverte vers l'antre de la bête : « après tout, je ne me suis jamais tapé une succube ». Rapidement on reprend le contrôle de Geralt qui ne manque pas de pester bruyamment contre son ami avant de courir à son secours. Mais le bougre n'a pas l'air dans une trop mauvaise position. La belle aux pattes de bouc n'est pas directement hostile et, en dialoguant, on se rend compte qu'elle n'est pour rien dans les meurtres. Alors que faire d'elle, et comment résoudre cette affaire ? Eh bien... FIN DE LA DÉMO ! Arrrg ! Misère. Rendez-vous le 17 mai sur PC pour la suite, alors. Et le début. Et tout le reste de ce RPG incroyablement prometteur.

The Witcher 2 a tellement muté par rapport au premier qu'il a dû passer par les épreuves réservées aux apprentis sorceleurs... pour en ressortir dix fois plus puissant ! Le jeu est magnifique et promet en quelques minutes de jeu des aventures aussi passionnantes que dans le premier opus. Les combats ont encore un peu besoin de peaufinage pour que Geralt saute facilement d'une cible à l'autre, mais sinon la prise en mains semble tout à fait satisfaisante. On retrouve avec plaisir le ton et l'écriture The Witcher... Et sans temps de chargement cette fois ! (si vous saviez comme on a traumatisé CD Projekt avec ça...) Un RPG incontournable ? OUI Attendons le test avant de nous prononcer.