La Wii serait-elle le royaume du marketing et non celui de la qualité ? Lorsqu'on observe la "facilité" avec laquelle les titres Nintendo s'imposent dans les charts, ceux des éditeurs tiers, disposant de moyens inférieurs pour promouvoir leurs produits, n'y parvenant pas, on peut en tout cas se demander dans quelle mesure le marketing ne fait pas tout.

Dans un article d'Eurogamer, Michael Pachter, le développeur 2DBoy (l'excellent World of Goo) et un autre développeur ayant souhaité rester anonyme mais étant soit-disant d'importance, rejoignent l'avis de Peter Moore, le patron d'EA Sports : l'avis de la critique, et d'une manière plus générale la qualité effective d'un jeu Wii, n'est pas le plus important pour son succès. Le "gros" développeur confie :

Beaucoup de ces jeux que vous pensez parfaits pour la Wii ne se vendent pas parce que les sociétés n'ont pas l'argent pour les marketer. Tandis que Nintendo dépense ouatemillions de dollars en marketing pour leurs jeux. La Wii est un miroir aux alouettes. Ça a l'air super, mais il est très difficile d'y faire de l'argent. Une mine vide pour la plupart des développeurs, y compris les gros. Ce sont les jeux Nintendo que les gens achètent sur ces plates-formes, et quelques rares autres. Si vous dépensez votre argent pour courir après l'audience Wii, c'est du risque à l'état pur.

Pachter ajoute, à la suite des commentaires de Peter Moore :

Bien qu'il y ait des possesseurs de Wii qui sont hardcore et s'intéressent de près aux scores obtenus dans les critiques, il y en a beaucoup - peut-être la moitié - qui sont plutôt occasionnels, et ne sauraient quoi faire de Metacritic s'ils tombaient dessus. (...) Un jeu bien positionné avec un concept intéressant peut bien se vendre sur Wii quels que soient ses scores critiques, et je crois que c'est de cela dont parlait Peter.

Rien de très neuf, diront certains, Pachter et d'autres ayant déjà soulevé ces problématiques auparavant. Mais tout le monde n'est pas concerné par cette logique pour autant, à l'image de la scène indie représentée par 2DBoy, en la personne de son co-fondateur Kyle Gabler :

Il est tout à fait censé de considérer que les notes de tests n'ont guère d'importance pour les blockbusters AAA et les licences de sport, de la même manière que les critiques ne font pas le succès des films de Will Smith. Le public sait déjà ce qu'il va en retirer. Mais pour des indés comme nous, les scores des critiques et de Metacritic ont beaucoup d'importance. En fait, on lie même directement vers elles depuis notre site web. Comme pour Steam. Et c'est logique - les joueurs potentiels ne sont pas vraiment à l'aise pour lâcher de l'argent sur un jeu indie lambda inconnu sans un paquet d'avis positifs issus de critiques reconnus.

Au moins, on sert encore à quelque chose pour certains...