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Depuis la sortie de la PS5 en Europe le 19 novembre dernier, il n'est pas rare de voir des commentaires de joueurs affirmant que Sony limite volontairement le nombre de consoles mises sur le marché afin de rendre la console encore plus désirable et générer de la demande.

Nicolas Le Gland, ingénieur logiciel chez Nintendo European Research & Development (le studio parisien de la firme de Kyoto), a pris la parole sur Twitter pour détailler à sa manière les raisons qui expliquent cette pénurie et pourquoi Sony ne bride pas volontairement ses ventes de consoles :

C'est la concurrence alors si j'étais un vrai ventilateur, j'adorerais tellement en dire du mal pour obtenir du Klout. Mais je ne suis qu'un petit ingénieur logiciel, et en vrai, un lancement de produit, c'est extrêmement compliqué.

Il faut produire des produits sur des chaînes de production dans des usines qui produisent aussi d'autres produits. Tes PlaySeries U, tu vas prendre ton ticket pour un créneau de 3 mois sur 4 lignes d'assemblage, entre un batch de jouets connectés et un de pins parlants.

Après, faut accumuler ta prod dans des hypermètres cubes qui coûtent une giga blinde. Un lac de retenue, c'est pas la même qu'un tuyau d'arrosage, garder les boîtes au chaud avant la date, ça coûte des sous. Gavé.

Et du plus des hypercubes, du plus des giga sous. Pis quand tu as tout écoulé, et que tu veux réassort, il faut renégocier un créneau et attendre que la collection de pins ait libéré l'usine.

Une fois que c'est relancé, tu peux produire au fur et à mesure, sans stock hallucinant à gérer, avec juste le nombre de lignes. Mais le temps de passer en mode laminaire, si ton lancement est un succès, il y aura forcément une pénurie avant le premier réassort.

Sinon, tu te retrouves avec un stock de cartouches de E.T. à enterrer dans le désert, fallait voir moins grand, tout est toujours de ta faute. Si tu as retrouvé un créneau, remonté tes chaînes de montage, bien sourcé tes pièces et qu'il n'y a pas de tsunami qui vient détruire tes appros en rumble pack, la tourmente devrait se calmer.

Mais comme y'a transition, y'a forcément méga galère et que ça giga prend la tête. Tout ça pour dire que c'est toujours la giga-angoisse, et que personne n'est jamais content, donc much love aux confrères.

Il est intéressant de voir un employé de Nintendo venir prendre la défense de Sony en apportant des précisions de ce type et en abordant des sujets dont les joueurs tiennent rarement compte (les amateurs d'histoire du jeu vidéo s'amuseront au passage de l'ironie de cette situation vu les rapports compliqués qu'ont pu entretenir Sony et Nintendo par le passé).

Rupture n'est pas complot

À en croire Nicolas Le Gland, tout n'est donc pas aussi simple qu'un manque de prévoyance de la part de Sony ou d'une "stratégie" de stimulateur artificiel de demande. Pour info, Sony a augmenté ses capacités de production à chaque lancement de génération. S'il y a eu des ruptures de stock, au lancement européen de la PS2 par exemple, c'est que la production n'arrivait pas à suivre la demande.

Comme indiqué précédemment, le constructeur japonais a pour ambition de distribuer plus de PS5 qu'il n'avait distribué de PS4 au cours de l'année fiscale de son lancement. Sachant que le constructeur n'avait jamais produit autant de consoles que lors de la commercialisation de la PS4, cela signifierait, si Sony parvient à atteindre son objectif, que de très grandes quantités de consoles sont sorties des usines. À l'heure où sont écrites ces lignes, il apparaît simplement que la PS5 est victime de son succès.

Que pensez-vous des déclarations de Nicolas Le Gland ? A-t-il mis en lumière des éléments auxquels vous n'aviez pas pensé ? Ou croyez-vous que Sony continue de garder des consoles sous le coude pour accroître toujours plus la demande ? Dites-nous tout dans les commentaires ci-dessous.