A l'image des dieux Bionis et Mékonis sur lesquels reposait l'univers de Xenoblade Chronicles, celui d'Alrest tient aux Titans, d'immenses créatures qui servent de refuges aux peuples déchus de l'Arbre Monde. Un monde en sursis, puisque ces pachydermes ne sont pas éternels, et que son équilibre demeure menacé par le conflits entre les différents royaumes. Leurs ressources proviennent notamment de la pêche des Récupérateurs, sortes de chasseurs de trésors aériens dont fait partie Rex, le héros de cette épopée. Son travail rappelle ainsi celui de Shulk, de la même manière que cette activité, qui consiste à effectuer de brefs plongeons façon quick time event, le mène à rejoindre la caste des Pilotes, seuls guerriers capables de manier les Lames, des entités dotés d'une intelligence artificielle. Mais si Pyra ressemble à Fiora (avec sa coupe finale), le vénérable compagnon de Rex n'a lui aucun air familier, d'autant qu'il joue d'abord le rôle d'aéronef.

Voltes faces

Surnommé affectueusement "Papy", ce Titan dispense de précieux conseils avec sa voix pleine de sagesse, qui fait taire d'emblée tout regret quant à l'absence initiale des doublages japonais (une mise à jour gratuite les ajoutera dès le lancement), malgré le ton parfois fort théâtral employé par les protagonistes. D'ailleurs le look des personnages apparaît aussi plus marqué, qu'il s'agisse de leur minois aux traits plus manga dessinés par Masatsugu Saito, ou de l'obscure facette apportée par le concours de Tetsuya Nomura. Leurs visages plus expressifs lors des cinématiques suivent la même tendance, celui d'un net accent sur la mise en scène, tant sur le plan de la dramaturgie que de l'humour, typiquement nippon. Dommage que certaines séquences aient un rendu légèrement flou, à l'instar des paysages. Ce phénomène se manifeste à la fois en mode portable et TV, sans que cela ne nuise vraiment au spectacle, à l'instar de l'affichage un peu tardif de textures.

Archipels du ciel

Avec ses hautes herbes, sa palette de couleurs plus saturées et ses effets atmosphériques étoffés, Xenoblade Chronicles 2 affiche des panoramas encore plus saisissants. Et avec Yasunori Mitsuda aux commandes de la bande son, le surcroît d'influence celtique sur les compositions renforce cet appel de l'aventure. Certes les îles semblent moins grandes que les continents de l'opus X, mais plus denses en terme d'architecture, particulièrement sur l'axe vertical. Le sentiment d'exploration reste donc intact, sachant qu'il faut se contenter d'une petite carte des alentours, à défaut de second écran. En outre, ces environnements se modifient en fonction de la météo, et surtout des marées qui interdisent ou autorisent le passage dans certaines zones (on a toujours loisir de changer l'heure ou de se téléporter à sa guise, quasiment sans temps de chargement). D'où un aspect très vivant, que la faune encore variée et abondante vient naturellement souligner.

Chasse à l'appeau

Pour choisir ses proies, et tenter d'éviter de susciter l'agressivité de leurs congénères à proximité, on peut de nouveau les attirer. Pratique, tout spécialement avec les bestioles volantes, dont l'approche s'avère de fait plus crédible faute d'armes à très longue portée ici. Leur type dépend des Lames sélectionnées, qui s'apparentent par conséquent à des classes avec une fonction de support au cours du combat. Plus besoin de défilement des Arts, ceux-ci sont placés sur les boutons de façade, de sorte que la diversité des attaques suppose d'intervertir opportunément ses Lames. Grâce à cette interface un tantinet simplifiée, les confrontations se montrent a priori plus percutantes, enchaînements à l'appui suivant les techniques suggérées par ses ouailles. Car il vaut mieux en rester proche durant les batailles, ce qui solidifie en prime les liens avec ses Lames, et favorise leurs évolutions, propres à chacune d'entre elles.

Lames de cristal

Au delà de décisions conceptuelles surprenantes, telles que la montée en niveau soumise à un petit somme à l'auberge ou l'usage d'objets plutôt incongrus pour profiter de divers bonus temporaires (des tableaux de peinture et des instruments de musique à garder dans son sac par exemples), voilà la principale innovation de Xenoblade Chronicles 2 : La création des Lames, déclinées en plusieurs degrés de rareté. A partir du cristal et des éventuels boosters utilisés, la Lame obtenue sera plus ou moins commune, avec un facteur hasard non négligeable - et inévitable en raison d'une sauvegarde automatique (un seul slot de sauvegarde est hélas proposé). Une façon de rendre probablement chaque partie unique, mais également d'affoler les collectionneurs, a fortiori avec les DLC d'ores et déjà prévus. En tout cas, il faudra patienter jusqu'au test pour déterminer si le jeu en vaut la chandelle...ON L'ATTEND... PASSIONNÉMENT !

Cet épisode s'appuie sur univers a priori familier, à l'instar de son scénario, mais il semble doté d'un caractère plus affirmé, comme l'illustrent l'architecture plus élaborée des îles d'Alrest, et les traits manga plus marqués des protagonistes. Idem pour les combats sensiblement fluidifiés de prime abord grâce au surcroît de personnalité - et de personnalisation - apporté par les Lames. En dépit de légères déconvenues techniques et de modifications conceptuelles plutôt étonnantes, Xenoblade Chronicles 2 pourrait donc se révéler l'opus le plus aiguisé de la saga, armé de sa bande son mirifique qui attise furieusement notre soif d'aventure...