À lire aussi : TEST de Metroid : Samus Returns : Mercury Steam a-t-il trouvé sa muse ?


Atypique au sein de l'univers constamment en expansion de Nintendo, la série Metroid n'a jamais connu la même ferveur que les Mario et Zelda, pour ne citer qu'eux. Complètement absente sur Nintendo 64, Samus Aran devra attendre patiemment la prise en charge de sa carrière par Retro Studios pour enfin achever sa traversée du désert.

Mais parmi la douzaine d'aventures aujourd'hui disponibles, l'épisode Game Boy demeure le moins connu et le moins apprécié de tous, en dépit de ses qualités à l'époque.

Le jeu n'a pas été supervisé par Yoshio Sakamoto [ndlr : game design du premier épisode sur NES], cela a conduit à des décisions qui ont abouti à des graphismes et un gameplay différents du premier Metroid. En termes de déroulement, il ne lui ressemble pas non plus. Le support et la palette de couleurs en noir et blanc n'ont clairement pas aidé.

En effet, alors que Miyamoto s'occupe lui-même des suites de ses séries phares, celle de Metroid ne bénéficiera pas de la présence de Sakamoto, déjà assigné sur d'autres projets lors de la mise en chantier de ce second volet :

Sakamoto n'avait clairement pas le temps de travailler en parallèle sur Metroid II car il était déjà à fond sur X et Kaeru no Tame ni Kane wa Naru. Personne n'a communiqué là-dessus à l'époque, il n' y a pas eu d'interviews pour la sortie du jeu, et Sakamoto n'est pas des plus loquaces à ce sujet... Et ça devient de plus en plus consensuel aujourd'hui : on n'obtient plus autant d'anecdotes comme ça pouvait être le cas il y a une quinzaine d'années.

Pourtant, Metroid II : Return of Samus posera de nombreuses pierres angulaires de la saga, à commencer par le design définitif de la créature éponyme :

C'est le second épisode qui a contribué au visuel plus "mature" de la série. J'avais pu consulter des images du premier Metroid, rien n'était encore fixé. Dans un comics sorti à l'époque : la créature prend des airs de méduse flottante, mais Metroid II a contribué à asseoir le design que l'on connait. La Varia Suit , par exemple : faute de couleur, elle se différencie visuellement dans cet épisode, et le design sera par la suite repris sur tous les visuels officiels.

Surtout, la deuxième mission de Samus s'inscrit directement dans la continuité du premier Metroid, là où les aventures de Mario ou Link s'enchaînent sans véritable cohérence scénaristique.

Le nombre de licences Nintendo avec des épisodes qui se suivent sont rares. Il y a bien Fire Emblem, et encore, on pourrait en discuter. Metroid est la première grande série où l'on essaie d'installer une continuité directe. En réalité, ce jeu "mineur" a pris de l'importance, ce qui n'était absolument pas prévu à la base.

Fait encore plus étrange pour l'époque : Metroid II est d'abord sorti sur le continent américain avant d'être accessible aux joueurs japonais :

Comme avec Kid Icarus 2, il y a eu une volonté de privilégier le marché américain : le jeu à fait la couverture de Nintendo Power à l'époque, ce n'est pas rien. Mais je n'ai pas l'impression que le jeu ait été simplifié pour autant. Même s'ils ciblaient directement ce marché, cela ne se ressent pas vraiment au niveau de la difficulté.

Et si l'épisode maudit se refait enfin une beauté en 2017, cela faisait un moment que Nintendo se posait la question d'un remake :

Il y a eu des rumeurs au moment de la sortie de la Game Boy Color, certains magazines ont même publié quelques screenshots. Dan Owsen [ndlr : traducteur chez Nintendo of America] en parlait déjà sur certains tchats à l'époque. Etait-ce pour eux une manière de tâter la réaction des gens ? Ce ne serait certainement pas la première fois... En même temps, ils ont aussi teasé sur un éventuel Metroid 64, alors tout est possible !

Pour ceux qui souhaiteraient approfondir leurs connaissances sur la saga spatiale et son héroïne en armure, l'excellent "L'Histoire de Metroid" de Christophe Mallet est disponible aux éditions Pix'n Love.