Bien souvent, dans les jeux de stratégie on a une vue d'ensemble très large et l'on a tendance à incarner le sommet de la pyramide de commandement, pour de la stratégie globale. Eugen Systems souhaite changer les choses avec Steel Division et nous placer dans la peau d'un colonel. Le but ? Nous mettre aux commandes d'une division. Mais ici, nulle question d'incarner un groupe armé anonyme et sans aucun caractère. Steel Division nous propose de vivre uniquement au sein des divisions historiques qui ont participé à la conquête (ou la défense selon le camp) de la Normandie en 1944. De la célèbre 2e Division Blindée française ( Cocorico !) à la 101 ème Aéroportée américaine en passant par la 12ème Panzerdivision SS. On a à notre disposition un vaste choix, aussi bien du coté des Alliés que de l'Axe.

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?...

Avant chaque partie on peut modifier librement note deck d'unités dans la division que l'on choisit de jouer. On accède alors à une vue d'ensemble d'une base dans laquelle chacune des unités, de l'infanterie aux blindés est finement modélisée. Eugen Systems nous a confirmé avoir dans ses rangs des maquettistes et ça se sent. Non seulement c'est finement modélisé mais c'est aussi historiquement précis. Les plus curieux seront ravis d'apprendre l'existence d'une petite légende historique devant chacune des unités. Autant dire qu'elles sont extrêmement nombreuses. Il y en a en tout pas moins de 400. Infanterie, artillerie, reconnaissance, char, chasseur de char, chasseur, bombardier... Seules les unités navales manquent à l'appel mais ce n'est de toute façon pas l'intention des développeurs de présenter cette partie de la guerre. Le studio Français qui prévoit pour la sortie un peu plus d'une quinzaine de cartes voit les choses en grand et en même temps de manière totalement intimiste.

Un jeu aussi ambitieux qu'intimiste

Le jeu pourrait en effet être qualifié d'intimiste à de nombreux égards. Les développeurs veulent créer un affect avec les joueurs, que chacune des divisions puissent faire écho à des connaissances. "Ah mais la 101ème on la voit dans la série Band of Brothers ! ". Le choix de la Normandie comme théâtre d'opération n'est pas un hasard. Pas question de traiter de la Seconde Guerre Mondiale de manière globale. Car comme l'explique le directeur du studio, vouloir tout traiter c'est prendre le risque de le traiter mal. En traitant uniquement des batailles de Normandie en 1944 ça permet d'être précis partout. Les maps sont par exemple toutes réalisées à partir de vraies photos d'avion de reconnaissance de l'époque. Et comme le moteur graphique IrisZoom le permet, il serait presque possible de de-zoomer au maximum et de faire une comparaison avec de vraies photos. Le bocage normand est identique, chaque village, chaque route l'est aussi. D'un point de vue purement gameplay c'est donc un véritable festival aux embuscades. Du petit 1 contre 1 à l'immense 10 contre 10, chaque carte s'adapte et s'agrandit en fonction du nombre de joueurs. Et les stratégies sont pour ainsi dire sans limite.

Du sang, du labeur, des larmes et de la sueur

Dans le mode de jeu que l'on a pu découvrir, il fallait faire avancer une ligne de front représentée en rouge pour les ennemis et en bleu pour l"équipe. Dans Steel Division, il est vain de vouloir appliquer des techniques de RTS classiques comme ce que l'on peut voir dans StarCraft 2. Un gros rush est par exemple totalement inutile dans ce mode de jeu car il faut autant défendre sa ligne de front, qu'enfoncer celle de l'adversaire et il faut minutieusement utiliser nos unités car on ne peut pas en déployer indéfiniment. Il faut à la fois penser à positionner ses unités et essayer de comprendre quelles sont les faiblesses de l'adversaire. Chaque unité a ses propres caractéristiques et statistiques. Chacune d'elle offre une portée spécifique qui diffère selon son armement, mais aussi selon le blindage. Un tank possède un blindage arrière, avant et sur les cotés. Attaquer de front un char extrêmement blindé comme le Panzer Tigre, avec un véhicule trop peu puissant c'est le risque de voir ses obus ricocher joyeusement. On a donc à notre disposition une foule de possibilités tactiques allant du harcèlement au sol avec un chasseur, au bombardement massif d'une zone à l'aide d'une unité de commandement. Sachant que l'environnement est en partie destructible, il n'est pas idiot de détruire un petit village dans lequel on sait pertinemment que plusieurs unités d'infanterie attendent patiemment votre passage pour vous prendre en embuscade.

Du réalisme jusqu'au bout des ongles

Le réalisme est poussé jusqu'à inclure les problèmes techniques qu'ont pu rencontrer les divers véhicules lors de la Seconde Guerre Mondiale. Chenille bloquée, transmission détruite, tourelle coincée, caisses de munition en feu...

Bref, le hasard peut bien faire les choses et un obus peut très bien stopper l'avancée d'un char lourd sur un coup de chance. Comme dans la réalité on vous dit. À cela s'ajoute une gestion particulièrement sensible du stress. Si une unité aussi intacte soit elle, se retrouve aux prises avec un bombardement ou un taux de perte extrêmement élevé chez ses camarades, cela peut donner lieu à une situation de chaos total. On a par exemple pu admirer une escouade d'US marines en prise avec une mitrailleuse MG-42 dans un village qui stoppa totalement son avancée, prise d'une peur panique. Contrairement à la plupart des jeux de stratégie où l'ennemi continue bêtement d'avancer sous le feu ennemi, ici une gestion réaliste prend en compte la peur de la mort.

ON l'ATTEND ... AVEC GRANDE IMPATIENCE !
De ce que l'on a pu voir, Steel Division : Normandy 44 renverse les codes des jeux de stratégie classiques et souhaite s'imposer en tant que simulation tactique et c'est pour l'instant bien parti. Fourmillant de détails historiques sans jamais en faire trop, le jeu est un véritable hommage à la Campagne de Normandie en retranscrivant à merveille l'atmosphère et la précision des combats de cette époque. Historiquement exact oui mais tout étant fun et agréable comme on peut l'attendre d'un jeu vidéo. Bref, sans doute une future pépite à surveille de près...