Gameblog : Qu'est ce qui fait que l'on reconnaît instantanément la marque d'un jeu Nintendo ?

Eiji Aonuma : Je ne sais pas si ça colle parfaitement, mais je dirai que... c'est compliqué de répondre, car je n'ai jamais créé de jeux vidéo ailleurs que chez Nintendo. D'un autre côté, je joue à pas mal d'autres jeux, autres que ceux de Nintendo. La spécificité de Nintendo, même si ce n'est pas valable pour 100% de nos jeux, mais par rapport à d'autres jeux, on rentre directement dans le vif du sujet... Il est vrai que nos jeux ne mettent pas longtemps à démarrer, ne regorgent pas de cinématiques d'intro, d'explications qui traînent en longueur et qui nous font dire "bon, on joue quand ?" et qui nous donnent plutôt envie d'éteindre la console.

Quid aussi de sa vision de l'industrie en générale et de ses dernières évolutions en particulier ?

Gameblog : Il y a quelques temps, je parlais avec Hideo Kojima et David Cage de l'évolution du média jeu vidéo ,et ils s'accordaient pour dire que cela avait beaucoup changé. Quel regard sur cette industrie, sur les joueurs d'aujourd'hui ?

Eiji Aonuma : Ce qui a le plus changé je pense, et c'est une bonne chose, c'est la qualité moyenne des jeux. Il y a encore quelques années, la qualité technique des jeux occidentaux étaient encore en-deçà de celle des jeux japonais. Alors qu'aujourd'hui, elle est aussi élevée, voire parfois plus élevée que les titres japonais. Ce qui a relevé la moyenne globale. Du coup, on ne peut pas se permettre de faire moins bien que la moyenne actuelle. Faire aussi bien voire mieux, demande beaucoup de temps et d'argent.

Je ne peux évidemment pas me moquer, puisque le dernier Zelda a demandé beaucoup de temps en termes de réalisation. Quand vous avez beaucoup de moyens et que vous prenez beaucoup de temps pour faire un jeu, vous ne pouvez pas vous permettre de le rater et de faire de mauvaises ventes, car cela vous mettrait réellement en danger. La plupart des sociétés de jeux vidéo qui vont investir beaucoup d'argent dans le développement de leurs jeux, vont prendre moins de risques et feront des suites et des séries... et je ne veux pas donner de leçons car avec Zelda je n'ai fait que ça depuis pas mal d'années.

C'est en cela que l'industrie du jeu vidéo a changé : on peut prendre moins de risques qu'avant, même si Nintendo a trouvé je pense un bon équilibre entre des suites de séries déjà connues et de nouvelles licences comme Splatoon qui n'était pas forcément un paris gagné d'avance.

RDV bientôt sur Gameblog pour l'intégralité de notre interview où nous parlerons nature, développement, philosophie chez Nintendo et même rêve prémonitoire...