Dès le premier coup d'oeil, Paper Mario : Color Splash étale toute sa beauté grâce à l'affichage en haute définition, un ravissement pour la rétine, après un volet 3DS forcément en retrait question résolution. Les personnages en 2D, d'une étonnante finesse, se détachent joliment des décors ombragés au rendu plus granuleux, papier oblige. Il semble même que la fibre artistique d'Intelligent Systems se soit davantage exprimée au regard des différentes composantes de ces dioramas, entre les assemblages de bouts de carton pour façonner le tronc des arbres et les buvard accrochés en arrière-plan. Toutefois le studio paraît avoir encore plus largement ouvert les vannes de la dérision, à grand renfort de peinture. Cela s'illustre à travers le scénario, une parodie de film d'épouvante : Des Mas'pailles ont été envoyés pour aspirer les couleurs de l'île Barbouille ainsi que de ses habitants, tout blancs et inanimés du coup... De pot d'ailleurs, car Mario ne tarde pas à rencontrer un certain Peinturion aux airs prononcés de pot de peinture, celle-ci constituant justement sa matière première pour combattre la grisaille !

La peinture au marteau

Armé de son marteau plutôt que de sa moustache, notre héros éclabousse donc les zones déteintes pour leur redonner vie, et ce dans chacun des niveaux. En effet ces derniers se présentent toujours sur une carte sous la forme de stages inter-communicants accessibles progressivement, à mesure que l'on obtient des étoiles, de plusieurs couleurs bien entendu. La perspective de déverrouiller les morceaux de la bande-son en repeignant l'intégralité de l'environnement constitue déjà une bonne raison d'y aller gaillardement, mais gare à ne pas épuiser ses réserves (certes extensibles) de peinture, réparties en trois coloris primaires. Un simple coup de massue sur des éléments de la végétation - froissée du coup - suffit souvent à en récupérer quelques gouttes, nécessaires au fonctionnement des mécanismes et autres petits puzzles ponctuant l'avancée, avec moult pièces d'or en récompense. Cependant il faut aussi en garder pour les combats, qui demeurent évidemment évitables dans la plupart des cas, et où les cartes viennent remplacer les autocollants de Sticker Star.

Combats à la carte

Également à usage unique, celles-ci se distinguent par la possibilité d'augmenter considérablement leur puissance en les recouvrant plus ou moins de peinture, selon les dégâts que l'on envisage d'infliger. Cette touche de stratégie supplémentaire ajoute néanmoins une étape lors de la sélection de chaque attaque, effectuée par le biais du GamePad (optionnellement utilisable seul quand on veut s'affranchir de l'écran du téléviseur). Comme ce choix se déroule en temps un tantinet restreint, sous peine de se faire piquer des cartes, on a tout intérêt à prendre vite le coup de main pour farfouiller dans son stock, qui s'étoffe ici de cartes à l'effigie des ennemis supposant un minimum d'expérimentation au préalable. Alternativement, les plus pressés auront loisir de faire illico le ménage avec les cartes "trucs". Déjà présents dans le précédent épisode, ces objets de nature a priori banale (un citron par exemple) se révèlent dévastateurs, et quelquefois requis suivant l'adversaire, ou l'énigme. Dans le sillage du principe de "papierisation", il s'agit désormais de les essorer pour les transformer en outils.

La quatrième dimension

D'autres pouvoirs basés sur les propriétés du papier font naturellement leur (ré)apparition, à commencer par le découpage. Là encore, cette méthode rappelle trait pour trait Sticker Star, puisqu'elle consiste en l'occurrence à chercher des lignes bien délimitées dans l'agencement du paysage, surlignées en pointillés lorsque l'on appuie sur "Y". Seulement cette fois, ces emplacements ne servent plus qu'à poser les stickers adéquats, ils propulsent Mario dans une dimension parallèle qui l'autorise à s'appuyer sur le relief pour atteindre des endroits autrement infranchissables. Des phénomènes encore plus stupéfiants attendent notre plombier moustachu sur sa route, entre les truculents tournois de "pierre-feuille-ciseaux", les moments de farniente impromptus, et les multiples péripéties de la myriade de Toads en détresse, sans parler des sombres desseins derrière cette histoire. Or, c'est sans doute pour cette démarche vouée à surprendre en permanence que Paper Mario : Color Splash s'annonce le plus prometteur, ce que l'on vérifiera pour le test le mois prochain.

ON L'ATTEND... BEAUCOUP !
Paper Mario : Color Splash en remet une couche à tous les niveaux, qu'il s'agisse de son aspect artistement chamarré, de la touche stratégique supplémentaire ajoutée par les cartes à peindre, ou de son ton plus décapant que jamais. Reste à savoir si ce volet naturellement haut en couleur conserve son éclat tout au long de l'aventure, puisque beaucoup de ses composantes semblent en papier recyclé...