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Thomas Gaon est plus précisément psychologue clinicien et ethnométhodologue, ainsi que cofondateur de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. Il veut dans sa tribune, qu'il a appelé Petite déconstruction des controverses sur la violence des jeux vidéo, mettre en lumière la réalité des faits, et non les fantasmes de certaines personnes.

Il rappelle d'entrée de jeu, la fameuse "règle qui veut qu'à chaque acte meurtrier commis par de jeunes hommes, le jeu vidéo de guerre soit mis en accusation". Peut-on lui donner vraiment tort ? Inutile de rappeler ici le nombre de sorties médiatiques liées aux jeux vidéo violents, très souvent opportunistes pour la plupart, qui émaillent notre quotidien depuis des années.

Thomas Gaon poursuit en relatant des faits tragiques, qui se sont déroulés ces dernières années, notamment aux USA, et qui ont marqué l'opinion publique, qui s'était alors empressée de faire l'amalgame entre tuerie de masse et pratique assidue du jeu vidéo

Les tueries de Columbine (1999), d'Erfurt (2002), d'Utoya (2011) et de Newton (2012), ou plus proche de nous à Istres (2013) auront chaque fois donné lieu à cette inique assignation au mépris des biographies individuelles et des études scientifiques.

Évitant ainsi à ceux qui ne veulent décidément pas comprendre, sans doute par facilité ou fainéantise, de pointer du doigt le vrai problème, sociétal. Des soucis à la pelle, que Gaon liste volontiers : 

Comme si la maladie mentale, la psychopathie, l'exclusion sociale, l'extrémisme politico-religieux ou l'accès aux armes à feu, autant de causes - et non des excuses - solidement établies, n'étanchaient pas la soif d'explication des entrepreneurs de morale.

Allant même encore plus loin dans son discours :

Or c'est l'expérience sociale réelle des sujets qui organise fondamentalement leurs conduites et leurs rapports distanciés à la fiction, et non l'inverse.

Enfin, il revient sur le fait que depuis une trentaine d'années, aucune étude sérieuse n'a fait le lien entre jeu vidéo et violence manifeste. Alors qu'il y a des centaines de millions de joueurs dans le monde. Que penser alors de celles et ceux qui, par pure envie de récupération (médiatique ou politique), s'évertue à nous faire croire le contraire dès lors qu'il y a une tuerie quelque part dans le monde ?

Thomas Gaon n'est, quant à lui, pas dupe de la situation, et la résume parfaitement en ces lignes :

Mais peu importe ces considérations... Peu importe que trente années de recherches scientifiques n'aient montré aucun rapport de causalité entre la pratique de jeux vidéo violents et le passage à l'acte violent.

Peu importe que depuis ces quarante dernières années les taux de criminalité soient au plus bas aux Etats-Unis et au Japon, deux pays producteurs d'images violentes.