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Avant toute chose, il faut bien savoir que tout le monde est concerné par cette loi, puisqu'elle a tout simplement pour but d'améliorer les services de renseignement en France, en permettant notamment de capter en permanence toutes les données personnelles des utilisateurs, directement sur le réseaux des opérateurs et hébergeurs.

La CNIL, le syndicat de la magistrature, la Quadrature du Net, la CNCIS (Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité) sont autant d'institutions à avoir critiqué cette loi qui touche aux libertés de chacun, depuis que le gouvernement a décidé de la mettre en place (suite aux attentats de Charlie Hebdo) et de la faire passer en procédure accélérée. Aujourd'hui, ce sont donc les hébergeurs qui prennent la parole, menaçant même tout simplement de devoir quitter la France.

Les géants de l'hébergement que sont AFHADS, Gandi ou bien encore OVH tentent d'alerter le gouvernement concernant cette loi qui prévoit notamment de mettre en place des "boites noires" au sein de leurs infrastructures, afin de permettre aux services de renseignement français, de pouvoir récupérer toutes les données personnelles des utilisateurs, directement à la source.

Imposer aux hébergeurs français d'accepter une captation en temps réel des données de connexion et la mise en place de « boîtes noires » aux contours flous dans leurs infrastructures, c'est donner aux services de renseignement français un accès et une visibilité sur toutes les données transitant sur les réseaux.

Cet accès illimité insinuera le doute auprès des clients des hébergeurs sur l'utilisation de ces « boîtes noires » et la protection de leurs données personnelles.

Les entreprises et les particuliers choisissent un hébergeur sur des critères de confiance et de transparence, qu'il ne sera plus possible de respecter car seuls les services de l'État auront, directement ou indirectement, le contrôle et la connaissance de ces données.

Nombreux sont les clients de ces hébergeurs, à avoir choisi de stocker leurs données sur notre territoire car il n'y a pas de Patriot Act et que notre pays a toujours été soucieux de protéger les données personnelles des utilisateurs, et on peut donc tout à fait comprendre qu'ils décident de se tourner vers d'autres prestataires si jamais cette sécurité des données devait disparaître.

Par ailleurs, comme le souligne la lettre ouverte des hébergeurs, ces derniers n'ont pas que des partenaires français, et hébergent du contenu (30 à 40% de leur CA) pour plusieurs clients dans de nombreux pays du Monde... Il suffira de quelques clics pour mettre fin à ces partenariats qui ne voient évidemment pas d'un bon oeil de laisser leurs données accessibles aux services de renseignement français.

Il n'y aura donc pas d'autre solution que de déménager les infrastructures françaises là où les hébergeurs pourront assurer un service sécurisé. On parle de plusieurs milliers d'emplois menacés en France et de l'économie numérique dans sa globalité.

En l'état, le projet de loi renseignement nous empêchera de réussir le renouveau économique de notre pays, détruisant un des rares avantages compétitifs majeurs que nous possédons (le soin apporté à la protection des données personnelles) et nous fera passer à côté de la valeur économique et des emplois que nous pourrions créer dans le numérique.

Nos entreprises la capteront, mais pas la France. Nous n'avons pas envie de nous résoudre à cela.

Il est évident qu'il est nécessaire d'améliorer les services de renseignement, notamment pour mieux lutter contre le terrorisme. Mais il est aussi primordial de ne pas faire n'importe quoi dans la précipitation, et on ne peut donc qu'espérer que cette loi sera bien étudiée et remaniée pour pouvoir être adaptée aux besoins actuels...

[Source : OVH]