Les développeurs indépendants de Semiformal Studio ont mené l'initiative "Indies Crash E3" cette année. Le but : réunir suffisamment d'argent et faire intervenir la communauté pour permettre à des développeurs indépendants d'être présents à l'E3 qui s'est déroulé en Juin dernier à Los Angeles.

De la nécessité d'être débrouillard

Après un certain succès de cette initiative, Semiformal a pu obtenir un stand de 55 mètres carrés pour un coût global de 100 000 dollars tout compris : ça peut déjà sembler cher à certains, mais c'est une broutille ! En effet, ce n'est en vérité rien du tout comparé aux prix ordinaires que doivent payer ceux qui ont un stand décent à l'E3, et non une cage à lapin fermée dans les halls les moins fréquentés.

Le patron de Semiformal, Ian Kinsey, a ainsi expliqué à Joystiq :

Si je n'avais pas cherché à tout réévaluer, travaillé vraiment très dur, et ne m'étais pas montré aussi malin que possible, ça aurait été autour de 300 000 à 500 000 dollars, mais la nécessité de monter un show décent comme l'absence de fonds nous ont forcé à réfléchir astucieusement et à travailler dur pour y parvenir sans dépenser.

L'espace lui-même (de 55 m2, le plus petit qui soit disponible) a coûté 30 000 dollars, et cela n'inclut donc pas le stand lui même. Pour construire ce dernier, Kinsey a fait faire des devis à différentes sociétés, spécialisées dans des stands d'expo ou de musées, devis qui allaient de 80 000 dollars à 250 000 dollars pour un design ordinaire, sans fioritures.

Certaines sociétés nous ont carrément dit que la raison de ce coût était simplement "si vous voulez un stand E3, il faut payer les prix E3". Même certains des fabricants ne faisant pas de stands E3, comme les concepteurs de musées, nous ont donné ça comme raison.

Au final, Semiformal a fini par travailler avec un fabricant de décors local pour un coût du stand total de 30 000 dollars, avec un thème désertique fabriqué en deux mois. Plutôt que de payer une livraison du stand, Semiformal a loué un camion pour amener eux-mêmes le stand à l'E3.

Ensuite, il y a les coûts liés à l'E3 lui-même, comme les factures aux responsables de l'événement, qui ont ajouté 15 000 dollars aux coûts déjà engagés. Les finitions ont coûté 7800 dollars, ce qui aurait pu monter vers les 11 000 dollars si Semiformal n'avait pas tout bien discuté.

Un événement très difficile d'accès pour les indies

Avec une fourchette de coûts non-négociés entre 300 000 et 500 000 dollars pour le plus petit stand possible, sans fioritures, on peut imaginer plus facilement les fortunes dépensées par les grands acteurs du jeu vidéo sur leurs stands. Du "petit éditeur tiers" jusqu'aux constructeurs comme Sony, Microsoft ou Nintendo, ce sont ainsi plusieurs millions de dollars que certains stands coûtent à monter, depuis l'espace loué, jusqu'à la fabrication du stand lui-même, le courant, internet, la location de matériel (écrans, climatisations, sono) et on en passe. Et par-dessus ces coûts, bien sûr, il y a encore l'embauche de personnel exceptionnel pour animer les stands, distribuer des tracts ou des goodies, ajouter des saisonniers pour la réception des visiteurs, etc.

L'opération Indies Crash E3 a donc été globalement un succès, puisqu'elle a permis à une dizaine de développeurs indés d'avoir un vrai stand partagé pour des coûts somme toute très réduits, alors que sans autres soutiens, un indie n'a pour seule solution en général que le pavillon des jeux mobiles, excentré dans un hall peu fréquenté, tout en coûtant tout de même autour de 9000 dollars, ou bien IndieCade, une autre initiative mais qui sans toutefois garantir l'entrée, permet à certains élus d'être présents à l'E3, quoique là encore, pas dans les halls majeurs les plus visités.