La polémique entourant le catastrophique Aliens : Colonial Marines, dont les publicités et surtout la démonstration faite en amont de la sortie à la presse ont surestimé grandement le produit final, a été portée devant les tribunaux californiens par un groupe de consommateurs en colère. L'éditeur et le développeur du jeu sont ainsi accusés de publicité mensongère.

Pour les plaignants, il s'agit d'obtenir réparation de précommandes effectuées à la lumière des vidéos ayant été diffusées notamment à l'E3 2012, payées avant qu'il ne soit publiquement connu que le jeu final et les démos / vidéo différaient grandement.

Kotaku a pu recueillir les réponses de Sega et Gearbox. Le premier déclare ainsi :

Sega ne peut pas faire de commentaires sur les spécificités d'un procès en cours, mais nous sommes convaincus que la plainte est sans fondement et nous nous défendrons vigoureusement.

Le second, Gearbox, qui aurait roulé Sega en dépensant les budgets d'Aliens Colonial Marines sur le développement de Borderlands 2, va plus loin :

Tenter de monter un recours collectif à partir d'une démonstration est plus que sans fondement. Nous continuons de soutenir le jeu, et défendrons le droit des créateurs à partager leur travail en cours sans crainte de procédure abusive.

Pour ceux qui n'auraient pas suivi toute cette affaire et souhaiteraient juger par eux-mêmes de la légitimité des plaignants, Videogamer a monté et diffusé une vidéo comparant la séquence dans la démonstration incriminée à son rendu dans le jeu final (visible ci-dessous).

Nous laisserons la justice américaine s'emparer de l'affaire, mais il apparaît clairement en tout cas, que la perte de qualité, de détails et d'effets entre démo et jeu final sont bien réels (comme le reflètent les scores critiques du jeu). Edelson, le cabinet d'avocats qui représente les plaignants, a déclaré :

Nous pensons que l'industrie du jeu vidéo n'est pas différente des autres qui ont affaire aux consommateurs : si des sociétés comme Sega et Gearbox promettent à leurs consommateurs une chose, mais en livrent une autre, alors ils doivent être tenus pour responsables de cette décision.

Bien entendu, en matière de jeu vidéo, chacun sait que les démonstrations faites en amont de la sortie sont souvent différentes de ce que propose le produit final : par exemple, plusieurs démonstrations de BioShock Infinite dévoilaient des séquences entières qui sont absentes du jeu final ; coupées ou refondues entièrement. Mais quand le jeu est bon... rares sont ceux qui s'en préoccupent, et, de la même manière que bon nombre de films se voient amputés de certaines images entre leurs premières bandes-annonces et le montage final, on comprend cet état de faits.

Simplement, en général, les jeux en version finale sont meilleurs et mieux finis que ce qu'on en voit en démo auparavant... Aliens Colonial Marines a fait le chemin inverse. Sega et Gearbox en paieront-ils le prix fort ? Et si oui, en quoi cette jurisprudence serait-elle susceptible de changer la manière dont éditeurs et développeurs communiquent sur leurs projets en cours ?