S'il est évident que la vente libre des armes aux Etats-Unis ou ailleurs contribue largement à voir se perpétrer des massacres de masse comme nous en avons connus ces derniers temps (le dernier en date a eu lieu hier au Texas, faisant trois morts, mais également le 5 août lorsqu'un ancien soldat néonazi a tiré dans un temple sikh à Oak Creek, dans le Wisconsin, tuant six fidèles avant de se donner la mort... à peine 15 jours auparavant, le 20 juillet un jeune homme de 24 ans avait tué 12 personnes lors de la première du film « Batman » à Aurora dans le Colorado)... il y a des pratiques de ventes de certains éditeurs de jeux qui nous interpellent.

C'est le cas aujourd'hui avec Electronic Arts pour promouvoir son FPS Medal of Honor Warfighter. Son nouveau moyen de faire parler et de faire vendre du jeu ? Vendre des armes réelles en cas d'achat du titre, comme nous le rapporte le site Gameological, par la plume de l'auteur du billet, Ryan Smith. En tout cas, faire une drôle d'association (et de partenariat) entre son titre et ces armes de guerre réelles. Raison invoquée : le réalisme à outrance.

Dès lors, jusqu'où la frontière entre le réel et le virtuel doit-elle être repoussée en matière de jeu vidéo ? Si certains médias opportunistes n'hésitent pas un seul instant à se lancer dans le grand débat et de la basse et facile association du "pratique du jeu virtuel égale massacres par armes à feu", il semble aujourd'hui qu'on a franchi un nouveau pas et qu'on donne clairement le bâton pour se faire battre.

Bref, tout ça pour dire que le complexe militaro-vidéoludique tend clairement à se rapprocher de manière très tendancieuse ces derniers temps. Si la justification du réalisme est donc clairement mise en avant par les éditeurs, notamment dans des associations avec d'anciens militaires maintes fois décorés, en mettant en avant des scènes et des champs de bataille toujours plus réalistes, aujourd'hui comment peut-on justifier de proposer l'achat de vraies armes... en passant  par celui d'un jeu vidéo ?

C'est en effet ce que propose EA, qui met en avant et avec "fierté" ses partenariats avec des marques militaires célèbres. Si proposer à la vente des sacs, des gants ou des lunettes "de guerre", n'a rien de choquant a priori, en revanche, vous permettre (ou vous inciter ?) d'acheter de vraies armes, que ce soient des couteaux (la hache Voodoo Hawk notamment), ou un fusil à lunette à 10.000 dollars (on appréciera le slogan "Shoot to win"...) il y a clairement un pas qui a été franchi chez certains de nos chers marketeux de notre beau média. Et le Projet Honor (faire des dons aux familles de soldats tombés au combat) semble servir d'alibi à cette mise en avant.

Evidemment, rien ne vous oblige non seulement à jouer à ce type de jeux, et encore moins à aller jeter un oeil et même penser un instant vous fournir en gros calibres sur les sites partenaires... Mais allez dire cela à des enfants dont les parents laissent clairement trop de liberté et ne contrôlent même pas l'âge légal des titres auxquels ils jouent...

Alors, encore un problème d'éducation ? Sans doute. Mais il est aussi indispensable à nos yeux et de leur devoir que les éditeurs et les développeurs ne s'aventurent pas plus loin sur un terrain forcément miné pour promouvoir, vendre ou faire parler de leur futur FPS de guerre, en incitant les plus fragiles à passer le cap de l'achat d'une arme réelle.

Comme le dit si bien Ryan Smith, auteur de l'article : "nous avons laissé trop de brèches se créer dans le mur", qui séparait le réel du virtuel. A méditer ?