Amis citoyens, réjouissez-vous. A écouter Cédric Matthews, premier secrétaire du Mouvement Républicain Citoyen du comité de Marseille, on connaît désormais l'origine de l'insécurité marseillaise. Il s'agirait en effet des effets combinés du jeu vidéo et de l'ouverture du marché des armes.

Ainsi dans une tribune publiée sur le site Marianne 2, Cédric Matthews revient sur les causes de la criminalité dans la citée phocéenne. Morceaux choisis : 

L'apparition de cette "génération spontanée" pourrait avoir son explication dans la possibilité de nouvelles modalités d'apprentissage, de terrains d'entraînement physiques et mentaux où la virtualisation insulte de plus en plus le réel. Les jeux virtuels de guerre, de destructions où l'enfant et l'adulte découvrent un monde où la destruction et l'anéantissement n'ont plus de limite grâce à la répétition ad libitum du cycle de vie et de mort de leur personnage, de leur avatar. On pourrait se demander si l'effet de la virtualisation d'un monde ne supprime pas de l'inconscient, les liens sociaux et les freins moraux et juridiques.

L'échelle temporelle de l'acte criminel a rejoint celui du flash info, détaché de l'histoire de l'homme et de ses régulations comportementales. Il arrive donc que les jeunes guerriers numériques n'aient plus aucun frein moral dans le monde réel. 

Soulignons que Cédric Matthews avoue néanmoins qu'il s'agit d'un "phénomène isolé" dont la gravité reste d'avoir "rencontré un autre évènement : la facilité de la circulation d'armes de guerre venant des pays de l'ex-Union Soviétique, ou probablement et prochainement des pays ayant traversé le printemps arabe."  Bon. Le jeu vidéo abaisserait donc la barrière du passage à l'acte. Acte facilité par la circulation d'armes. Ok.

Concernant les jeux virtuels, il devient urgent que le débat public s'ouvre car ils pourraient participer, sous de nouvelles modalités, au développement de l'insécurité. Devons-nous légiférer pour protéger le monde réel de l'invasion par le monde virtuel ? Des frontières entre ces deux mondes ne devraient-elles pas être érigées ?

Une première idée serait de limiter l'anthropomorphisme des personnages virtuels, les deux mondes auraient alors amorcé la construction de frontières. L'industrie du jeu numérique n'en serait pas réellement fragilisée. 

Que l'on s'intéresse aux sources de problèmes de société grandissants autant en nombre qu'en intensité est très certainement une bonne chose, mais si c'est pour nous ressortir en période électorale les boucs-émissaires générationnels actuels (c'est à dire le virtuel, le jeu vidéo), on ne risque pas de progresser beaucoup... A l'évidence, Cédric Matthews n'est ni psychologue, ni psychiatre, ni sociologue... ni joueur.