Le principe de précaution

Je crois que nous sommes précautionneusement enthousiastes sur les deux, pour différentes raisons. J'ai tendance à penser que les conversations autour de Kinect et du Move, en tout cas pour moi... sont très différentes de l'idée personnelle que j'en ai, ou des discussions que je peux avoir avec mes collègues. Plusieurs personnes m'ont demandé "le jeu vidéo basé sur le mouvement va-t-il remplacer les manettes ?" Je ne le crois pas. Je crois qu'il y aura des genres pour lesquels le jeu par détection de mouvement, quelle que soit la manière dont il est implémenté (Kinect, Move, ou tout autre périphérique qui pourrait voir le jour), deviendra in fine le meilleur moyen de jouer aux jeux de danse, de musique, d'exercice. C'est très difficile d'imaginer un jeu de fitness pour vos pouces. C'est très difficile d'imaginer que je pourrais jouer à un futur Medal of Honor, Call of Duty ou Battlefield en me cachant derrière mon canapé, mimant un pistolet avec mon doigt. J'ai essayé la conduite avec des contrôles basés sur le mouvement ; je n'aime pas vraiment ça.

Comme beaucoup d'entre nous le pressentent déjà, il apparaît logique que certaines expériences vidéoludiques ne feront pas la transition, ou sans parvenir à reproduire la qualité d'un gameplay adapté aux manettes actuelles. Néanmoins il est toujours intéressant d'entendre les professionnels partager des sentiments généraux de consommateurs.

Chacun son truc

John Riccitiello ajoute :

Je crois que certains genres seront meilleurs sur Move ou Kinect, par rapport aux manettes, et certains autres seront meilleurs sur des manettes ; et puis il y aura également un mélange qu'on pourrait livrer pour des jeux de sport, dont certains diront qu'ils seront meilleurs sur des manettes traditionnelles mais dans lesquels nous pourrions utiliser la captation de mouvement pour naviguer dans les menus par moments, ou choisir son équipe, lancer un remplacement, etc. C'est très possible.

Ce qui préoccupe plus le patron du second éditeur mondial, c'est la pérennité, en terme de nombre de jeux achetés, de ce nouveau type de jeu vidéo. Il prend ainsi pour exemple sa propre famille (avec deux enfants de 14 et 16 ans), argumentant qu'au pic de leur engouement pour les jeux de ce type, seul un titre à la fois tournait régulièrement à la maison, tandis qu'en termes de jeux traditionnels, le foyer faisait typiquement tourner 3 ou 4 jeux en parallèle à un moment donné.

Bref, cette diversification d'expériences, récemment élargie aux principales machines de salon, soulève de nombreuses questions, mais pas forcément un enthousiasme déraisonné de la part de tous les gros acteurs du marché. Il faut ajouter également que les pauvres résultats des éditeurs tiers sur les plates-formes Nintendo ne les engage pas forcément à consacrer plus de ressources que de raison à développer des produits de ce type... Il sera, une fois de plus, intéressant de découvrir, à la lumière des succès de Kinect et du Move, ce que les développeurs et éditeur nous préparent pour l'E3 2011.