No Future

Nous sommes cent cinquante ans dans le futur, à une époque où la terre n'est plus que désolation suite à des conflits armés incessants et d'innombrables désastres écologiques. La race humaine est au bord de l'extinction, seuls quelques dizaines de milliers d'individus subsistent et survivent, traqués par des groupes d'esclavagistes... Dans ce décor, Monkey, un homme bestial aux capacités physiques hors du commun, vit à l'écart, en pleine jungle, récupérant et revendant tout ce qu'il trouve... Jusqu'au jour où il est lui aussi capturé et emmené à bord d'un vaisseau d'esclaves. C'est là qu'il rencontre Trip, une jeune femme hacker qui tente de s'échapper de sa cellule. Trip comprend immédiatement que Monkey pourrait être utile à son évasion et décide de le libérer. Pour s'assurer que celui-ci ne lui fausse pas compagnie, elle relie les colliers explosifs dont ils sont équipés et scelle ainsi leur destin. Si l'un meurt, l'autre suit.

Les évadés

Le principe du jeu repose entièrement sur cette coopération entre les deux fuyards. Agile comme un singe et féroce comme un tigre, Monkey aura la charge de se frayer un chemin à travers les décombres et d'éliminer les ennemis afin de sécuriser la route pour Trip. De son côté, la jeune femme, équipée d'un mini drone, lui permettra de repérer la zone et l'emplacement des ennemis. Monkey pourra également compter sur elle pour déverrouiller les portes et tout autre système électronique qui pourrait gêner leur progression. Bien que les deux protagonistes soient complémentaires, le joueur ne dirige que Monkey, le comportement de Trip étant défini par l'IA et les quelques ordres simples que l'on peut lui donner.

Prison Break

Bien qu'il s'agisse de progresser continuellement à travers des zones remplies d'ennemis, Enslaved offre une belle variété de gameplay et de séquences de jeu qui lui évitent de sombrer dans la répétition. Prenons comme exemple la présentation à laquelle nous avons assisté. Tout commence par un état des lieux grâce au drone de Trip. S'ensuit alors une séquence de plate-forme époustouflante durant laquelle nous avons pu admirer la souplesse et la fluidité des mouvements de Monkey alors qu'il rejoint son point d'entrée en territoire hostile. La plupart des ennemis étant des robots surarmés, Monkey ne peut les attaquer de front. Il dispose néanmoins d'un bâton qui en plus de frapper fort, envoie des projectiles paralysants. Il doit donc jouer le sniper pour immobiliser ses ennemis les plus proches avant de foncer leur casser le crâne. Au cours de cette percée, il se fait repérer et se retrouve aussitôt sous un feu nourri... Le temps de se glisser contre un mur, Monkey régénère le bouclier électronique qui le protège, jette un œil à la situation de Trip, d'une simple pression sur un bouton, et repart à l'assaut.

Faut qu'ça speed !

En ce laps de temps très court nous avons donc vu s'enchainer une séquence de repérage, de plate-forme, d'infiltration, de préparation tactique et de combat pur, sans le moindre temps mort. Il faut dire que tout à l'écran est optimisé pour assurer un bon rythme à l'aventure. Lors des séquences de plate-forme, tous les éléments accessibles apparaissent en surbrillance. On n'a pas à chercher dans quel direction sauter, c'est évident. De même, Monkey saute, s'accroche et se hisse à toute vitesse dans un style à mi chemin entre le Prince de Perse et Ryu Hayabusa. Lors des combats à distance, le bouclier assure une bonne protection et permet des percées pour rejoindre une position stratégique, même sous le feu adverse. Et quant il s'agit d'aller finir un ennemi étourdit ou esseulé, deux trois coups de bâton bien placés suffisent. Ici, nul besoin de combos complexes, certains risquent de le déplorer, mais si le design avait été axé là-dessus, il aurait suffit de foncer dans le tas et de réaliser un 150 Hits Combos pour passer, ce qui n'était manifestement pas le but poursuivi par les développeurs qui ont cherché à proposer une approche moins directe.

Un casting prestigieux

On peut dès à présent affirmer que Enslaved se profile comme un jeu d'action solide, mais il y a d'autres points, très importants pour les développeurs, qu'il est temps d'aborder : l'esthétisme et la profondeur de l'aventure. Avec son mélange de technologie dévastée, de terres désolées et de nature sauvage, Enslaved plante un décor magnifique et cohérent que l'on prend un réel plaisir à découvrir. À cela s'ajoutent de superbes cinématiques supervisées par Andy Serkis, acteur et réalisateur (Le Seigneur des Anneaux, King Kong), qui prête également sa voix au héros... Dans la VO bien sûr ! Les dialogues et l'histoire ont, quant à eux, été adaptés par Alex Garland écrivain et scénariste (La Plage, 28 jours plus tard). Avec de tels noms au générique, il y a fort à parier que le jeu en sorte grandit, mais si c'était une fois de plus de la poudre au yeux, une ambition démesurée ou tout simplement des artifices un peu tape à l'œil ?

À l'écran, Enslaved se révèle très attirant. Beau, soigné, rythmé et varié, il a en plus la particularité de sortir des sentiers battus. Sur le papier, le scénario, la mise ne scène et les dialogues s'annoncent tout aussi réjouissants. On peut toutefois noter une certaine austérité, propre à la SF, dans le style des décors ou des ennemis, ce qui risque de rebuter certains joueurs. Pour juger de la vraie valeur d'Enslaved : Odyssey to the West il ne nous manque plus qu'à mettre la main dessus, mais on peut déjà admettre que Ninja Theory aura mis tous les atouts de son côté pour nous proposer un grand jeu et une belle aventure. Les paris sont ouverts !