Décidément, Obsidian Entertainment s'est fait une spécialité d'entreprendre le développement de suites de RPG conçus par d'autres grands studios. Après BioWare et Neverwinter Nights ou encore Knights of the Old Republic, ils se frottent aujourd'hui au post-apocalyptique de Fallout revu par Bethesda - avec un respect scrupuleux du cahier des charges d'origine. Ça ne les a pas empêché pour autant d'incorporer, fort heureusement, quelques innovations...

Merci les moddeurs

Sans vouloir paraître mauvaise langue, il faut se rendre à l'évidence : beaucoup des gros succès du RPG de Bethesda ne seraient finalement pas aussi intéressants si la communauté des modders PC n'y avait pas mis du sien pour gommer leurs faiblesses. Évidemment, le phénomène reste inconnu des pauvres joueurs console qui n'ont pas accès aux packs de superbes textures, aux animations revues, aux mécaniques de personnalisation supplémentaires d'équipement, etc. Mais ça ne veut pas dire que les développeurs, eux, doivent s'interdire d'en retenir le meilleur. C'est ce qu'ont fait Obsidian, et Chris Avellone, Directeur du Jeu, ne s'en cache absolument pas. Au rang des petites innovations directement inspirées par les mods de Fallout 3, il cite ainsi des éléments précis comme les modifications d'armes (meilleurs chargeurs, silencieux, lunettes de visée, etc.) - ou même le nouveau mode "Hardcore", inspiré par les fondus de réalisme. Si le joueur opte pour ce mode, il devra composer avec des stimpacks soignant dans la durée plutôt qu'instantanément, des munitions ayant un poids, ou encore la possibilité de souffrir de déshydratation. Car, ne l'oublions pas, même s'il adopte un visuel un peu moins déprimant que celui de Fallout 3, New Vegas se déroule toujours dans le Wasteland, et plus particulièrement le désert de Mojave. D'autres ajouts viennent renforcer le cœur du jeu, certains qui faisaient d'ailleurs cruellement défaut à Fallout 3, nous y reviendrons.

C'est l'histoire d'un coursier

Avant même de passer à la création de personnage, sitôt le bouton "start" pressé, New Vegas s'ouvre sur la mort de votre personnage. Carrément. À la différence des précédents, on ne jouera pas cette fois-ci un habitant d'Abri, donc, mais bien un natif de la surface, coursier de son état, et laissé pour mort dans un bas-côté de route, dépouillé du paquet qu'il devait livrer. C'est en s'éveillant face au toubib Mitchell, médecin local d'un hameau du nom de Goodsprings à deux pas du fossé qui devait être votre dernière demeure, que vous passez à la création de perso en répondant aux questions du toubib. Au passage, il vous apprend que c'est avec l'aide de Vic qu'il vous a ramené à la vie. Vic, c'est Victor, le robot : une des rares boîtes de conserve pré-guerre qui fonctionne encore dans le coin. Pourquoi Vic s'est intéressé à votre sort et a ramené votre "dépouille" à Mitchell ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir dans ce paquet pour qu'il vous attire une mort aussi violente ? Autant de questions que vous serez libres de poursuivre sitôt votre diagnostic rendu - et le personnage créé. À part la possibilité de lui donner un âge de votre choix (on commençait le précédent tout marmot, le scénario déterminant ainsi cette option), le système reste le même. Le fameux S.P.E.C.I.A.L. pour les attributs principaux, des points à répartir ensuite en compétences et des aptitudes bonus à choisir (les fameux perks de la VO). On peut le faire à la main (c'est même conseillé), ou jouer le jeu des questions du toubib, façon psychanalyse, pour laisser New Vegas modeler notre personnage en fonction de nos réponses. Ensuite, c'est la liberté quasi-totale. Mais, bien entendu, les premières quêtes ne se font guère attendre.

Une ambiance un tantinet moins sombre

Sans même quitter Goodsprings, on se retrouve vite face à la petite Sunny Smiles. Elle prévoit d'aller braconner le Gecko, que les amateurs de Fallout 2 connaissent bien. L'occasion de compléter une première quête, de faire connaissance avec une nouvelle espèce absente de Fallout 3, mais surtout de se rendre compte rapidement que l'ambiance de Fallout : New Vegas est nettement moins "plombée" que celle de son prédécesseur. C'est en grande partie grâce à son ciel bleu, plutôt dégagé, qui témoigne de la chance qu'a eue la région en étant nettement moins touchée par les bombes que le reste des Etats-Unis. En dehors de cela, et d'une végétation plus variée et plus développée, on reste tout de même dans le cadre d'un vie rude pour la populace. Les rivalités, gangs, pirates, super mutants et tarés divers sont toujours là, ainsi que les gugus en armure de la New California Republic, pas vraiment tendres non plus. De nombreux donjons ont été prévus, qu'on peut explorer librement ou guidé par des quêtes (les devs n'ont pas hésité à parler de centaines d'heures d'exploration), et également des villes, pour la plupart inspirées de bourgades réelles, spécialement ravagées pour l'occasion.

Être un bon Samaritain, c'est une question de réputation

Par ailleurs, les joueurs seront ravis d'apprendre qu'un système de réputation renforcé vient compléter les innovations de New Vegas : ainsi, en aidant par exemple les habitants de Goodsprings à repousser des bandits ensemble pour défendre le jeune Ringo, la réputation positive dégagée, mentionnée à l'issue de votre réussite, vous assurera des prix préférentiels, de nouvelles quêtes, une familiarité accrue des habitants et des options de dialogue supplémentaires. À noter enfin qu'en parlant d'options de dialogue, le système fait un meilleur usage des compétences autres que Discours pour en proposer d'inédites dans divers cas de figure. Par exemple, un personnage maîtrisant les explosifs pourra convaincre Easy Pete de lui donner accès à sa dynamite volatile pour repousser les bandits, tandis que si votre compétence en Troc est suffisamment haute, vous pourrez convaincre Chet, le marchand local, qu'il vaut mieux pour son commerce qu'il se joigne à vos forces plutôt que de laisser les bandits exterminer sa clientèle. Enfin, une roue pour donner plus facilement des ordres à ses compagnons de route clôt le tour des petites améliorations qui nous ont été dévoilées.

Avec le même moteur graphique que Fallout 3, et une base de travail scrupuleusement identique à quelques exceptions près (parfois notables, certes), Fallout : New Vegas a de faux airs de Fallout 3.5. Pourtant, c'est bien une toute nouvelle aventure dans une zone inédite de ce même univers qu'Obisidan nous proposera. Et si certaines choses paraissent plus vieillottes encore qu'à l'époque de Fallout 3, les amateurs de RPG à grande liberté seront sans aucun doute ravis de disposer de quelque chose de consistant pour replonger - car les quatre extensions, de Operation Anchorage à Mothership Zeta, n'étaient véritablement pas très convaincantes. Et si les quelques innovations sont rares, elles s'avèrent déterminantes pour beaucoup. Restera à juger de la qualité de l'écriture... un sujet délicat pour tout amateur de la première heure de la série.