Je n'aurais jamais acheté Little Inferno s'il n'avais pas été dans le dernier humble indie bundle. Et cela a cause de son prix excessif, et son peu d'intérêt. Un intérêt que je n'avais en réalité pas ciblé. Ayant fini le jeu, je peux maintenant comprendre pourquoi beaucoup de gens apprécient ce jeu et que d'autres pensent que les developpeurs se moquent du monde. Pour ma part, je penche des deux cotés.

Little Inferno était attendu car on trouve a sa création un certain Kyle Gabler, ancien créateur de World of Goo, un des plus grands succès du jeu indé. La patte Gabler, ce sont des musiques avec des choeurs mignons, un design enfantin et travaillé, et des ambiances assez barrées. Tout ça, on le retrouve dans ce Little Inferno. Qui est présenté comme ceci. 

Ce jeu, c'est une parodie. C'est cela que beaucoup de journalistes (et de gens) n'ont pas compris a la sortie. Vous êtes aux commandes d'un petit garçon, qui reçoit comme cadeau la "Little Inferno Entertainment Fireplace", une cheminée support de jeu. Dans le pays du garçon, il fait froid, et pour se consoler, il va bruler a la chaine, tout ses jouets, ou autres objets. Il va rester devant le feu, tout faire brûler. Sans jamais détourner son regard, pris d'une frénésie pyromane. Le scénario, derrière un aspect amusant, est donc terriblement glauque. Ne serait ce que parce que la cheminée est un cadeau pour un enfant, et qu'il vous incite a la pyromanie. L'écriture de Little Inferno est tout bonnement géniale, c'est même, a mon sens, le seul vrai point fort du jeu. Mais nous y reviendront.

Pour l'heure, on débute le jeu. On reçoit des lettres de Mme Nancy, la présidente de la fabrique de Little Inferno. Vous disposez de catalogues, remplis d'objets, que vous allez débloquer au fur et a mesure que vous les acheterez. Ces catalogues ont plusieurs thèmes, et les objets a bruler sont particulièrement variés: du pirate à la bombe h, de la statue en bois a la poupée. Et certains sont particulièrement barrés et glauques, comme le bus de voyage, dans lequel on entend les enfants crier juste avant qu'il explose, ou les pilules anti depressives de votre mère. L'intérêt se renforce avec l'acquisition du catalogue consacré aux jeux vidéos, comportant des parodies et des clins d'oeil très sympathiques. Le but du jeu est de trouver des combos pour avancer, de deux ou trois objets a brûler ensemble. Au départ, c'est adictif, on se plait a chercher les combinaisons.

Puis c'est le drame. On trouve de plus en plus de combinaisons, mais on galère aussi de plus en plus. Et on doit attendre. Encore, toujours pour que les objets se chargent. On perd du temps, on se fruste, on s'agace. La parodie de jeu facebook se met en place a ce moment précis, me direz vous. Mais c'est aussi a ce moment que l'on aperçoit ses travers. Je me suis ennuyé. Little Inferno était devenu un mauvais jeu facebook en voulant s'en moquer. Alors, au bout d'un moment, a force de perdre des minutes devant un écran fixe, je suis allé voir une soluce, j'ai torché tous les combos, j'ai accedé a la fin du jeu. J'y ai peut être perdu une grande partie de l'intérêt du jeu, mais bon. Autant apprécier l'écriture sans devoir se coltiner une mécanique insupportable.

L'écriture, donc. Voici le véritable intérêt de Little Inferno. Vous recevrez des lettres de votre voisine, ainsi que de Mr Meteo, et de la fondatrice de Tommorow Corporation. Des lettres, qui, bien que courtes, créent des personnages attachants et complètement loufoques. Votre voisine est dans l'éxagération totale des codes d'écritures caricaturaux de la jeunesse, dans son consumérisme, son addiction au feu. Elle crie, vous incite a faire des choses, vous demande de lui envoyer des objets. Le reste serait du spoil. Faites en l'expérience, la fin de Little Inferno est aussi inattendue que géniale.

Little Inferno est une parodie non réussie. Une expérience addictive au début, qui devient frustrante et agaçante petit à petit. Au point que l'on perd l'envie de jouer, a mon sens, et que l'on passe a coté de l'intérêt du jeu, qui est son écriture et son humour noir, diaboliquement sarcastique, glauque et métaphorique.