Après la semi-déception qu'était Shining Blade, son successeur est attendu au tournant. Dernier grand RPG de la PSP, celui-ci reste dans la continuité du précédent, au risque de l'enlisement.

Tout d'abord, Shining Ark se décompose entre le jour, la soirée et la nuit, avec des missions et des events différents en fonction du moment de la journée. L'autre nouveauté est un système de crafting qui est un mix entre Atelier et Wild Arms 3. En effet, vous pouvez synthétiser/améliorer des armes, préparer du pain, pêcher du poisson ou encore faire pousser des plantes dans le potager. Tout cela vole en éclat bien vite : les quêtes sont redondantes à l'excès et les systèmes sus-cités ne sont pas assez rétributifs pour que l'on s'en passionne pendant plus de deux chapitres. Le pain n'a plus l'impact qu'il avait dans SB et par extension, la récolte comme la pêche ne servent à rien. Le manque de trophées se fait cruellement sentir, signe que la old-gen commence à tourner en rond. C'est dommage, car tous ces à-côtés auraient pu venir casser la routine de l'histoire et des combats, et il y en aurait eu bien besoin.

Les combats sont en effet toujours soporifiques. Le pire, c'est qu'il y a maintenant un mode facile appelé "casual" : je me demande vraiment en quoi celui-ci était nécessaire car en normal les ennemis sont absolument infichus de m'infliger des dégâts sérieux. Du coup, on boycotte d'office les quêtes annexes, les persos étant trop forts à la base. Le système de combat est devenu un mélange entre Valkyria Chronicles et FFX : les tours sont décidés par la vitesse des unités (il n'a donc plus tour de l'équipe ---> tour de l'équipe 2) mais l'action est toujours en semi-temps réel, avec toutes les subtilités telles que la portée, les skills, les personnalités, la jauge de déplacement, etc. Mais tout cela ne sert à rien si les ennemis claquent en 2 coups. C'est ennuyeux pour un SRPG, mais en dehors des gros boss de fin de chapitre, il n'y a jamais aucun besoin d'établir une stratégie. De plus, Panis joue d'elle-même et elle a tendance à faire exactement le contraire de ce que vous souhaiteriez. Autre déception, Panis est la seule à pouvoir chanter (ce qui soutient l'équipe, voir test de Shining Blade), ce qui tue a priori cette option car elle est aussi le soigneur le plus efficace.

L'hisoire et l'ambiance font également un grand pas en arrière. Panis, une fille-ange qui n'a qu'une aile (aucun lien de parenté avec un certain homme au manteau noir) est retrouvée insconciente sur le bord du rivage, et Fried, jeune homme de son état, décide de la ramener au village pour qu'elle puisse y vivre en toute sérenité. Début classique pour un JRPG me direz-vous, le problème étant que ça n'évolue pas beaucoup pendant les 4/5e du jeu! La quasi-totalité du jeu dépeint en effet la vie bucolique des héros, rarement interrompue par l'arrivée de pirates ou de monstres géants plus nuls les uns que les autres. Absolument TOUTES les missions consistent à abattre un groupe d'ennemis. Il n'y a aucune variété comme on a dans Valkyria Chronicles où il faut tour à tour défendre, prendre un point, escorter, etc. Reste la galerie de personnages illustrés par Tony Taka, mais hormis Panis, Shanon et Kilmaria qui sont très drôles, le jeu n'est marquant ni par sont humour, ni par sa personnalité. Bref, on s'ennuie! Je me suis péniblement traîné jusqu'aux ultimes chapitres lorsque... je fus platement battu et écrasé par un boss!

Cela ne m'était pas arrivé depuis... le début de Shining Blade! Sorti de ma léthargie par cet électrochoc, je retrouve la rage de vaincre et l'envie de progresser. Il faut dès lors faire un maximum de quêtes pour rester dans la course jusqu'au boss final et il faut forger minutieusement ses armes en tenant compte des forces et des faiblesses de chacun. La mauvaise stratégie devient mortelle : il faut étudier la carte, connaître son adversaire et placer ses unités en conséquence. Panis devient pleinement jouable, et change complètement de personnalité, proportionnellement à une histoire qui décolle enfin. D'autres personnages que vont n'espériez peut-être pas se joignent à vous, chose que j'apprécie toujours. Soulignons aussi la très belle fin du jeu, efficacement mise en scène. 

Shining Ark est la plus grande métamorphose qu'il m'ait été donnée de voir pour un jeu vidéo. Il devient tout simplement trop tard ce que Shining Blade aurait dû être dès le début. C'est un bon 1/5e de jeu, mais on n'achète pas des 1/5e de jeu... Inégal et perdant en personnalité par rapport à son aîné, Shining Ark ne fait en définitive que nous rappeler que Shining Blade n'était pas si mal.