Ce nouveau God of War avait tout pour convaincre. En premier lieu, comme les devs avaient fait une fin à rallonge dans le 3 en tuant tous les dieux de l'Olympe, ça devenait dur de faire une suite (ils avaient déjà eu du mal à faire une suite au 2... ), alors hop youhou ! on sort l'idée de la préquelle. Bon des fois ça marche, comme avec Tomb Raider tout le monde y a cru. Ensuite ils ont communiqué sur le multijoueur, un truc attendu depuis le 1 par... ?... Signalez-vous s'il vous plaît. Puis pour finir de nous encourager à acheter le jeu day one, votre copain avait droit à un kebab gratos contre un tweet publicitaire.

Bref cet épisode sentait des pieds avant même les trailers de la partie solo. Ça allait être dur de remonter la pente, d'où Ascension !!! Parce que sinon, non. Je ne vois aucune Ascension dans cet épisode, j'imagine donc que le terme a été choisi au hasard dans la liste des -ion.

- Conviction ?

- Ubi l'a déjà utilisé sur Splinter Cell.

- Absolution, alors ?

- Le dernier Hitman.

- Transmutation ?

- T'es stagiaire, toi ? Ouais, ben ça se voit.

God of War Ascension ne raconte pas grand-chose. Kratos rompt son serment avec Arès, et les Furies le punissent parce que ça déroge au règlement. Voilà. Donc Kratos va devoir les buter, évidemment. Au début le jeu est très avare en cinématiques, on ne comprend à peu près rien. Puis le jeu démarre au bout de deux ou trois heures, le scénario trouve son rythme. Les personnages secondaires étant mieux modélisés que dans le 3, les cinématiques sont harmonieuses et sympas à regarder. Le tout manque d'inspiration ; cette préquelle devait servir au départ à revenir à un Kratos plus dans l'esprit du 1, pour s'éloigner de la brute épaisse du 3. C'est le cas, mais on ne retrouve pas l'aspect tragique du 1 (au sens nanardesque du terme), ni le côté connard sans scrupule.

Le jeu se situe chronologiquement avant le premier, même si l'histoire qu'il raconte ne se lie pas avec les autres épisodes contrairement à Ghost of Sparta. J'ai apprécié qu'on sorte de l'Olympe pour faire face à des adversaires plus subtils que des gros dieux musclés, et si les tentatives pour renouveller la direction artistique sont par moments assez peu convaincantes, le reste du temps c'est assez original malgré un renouvellement du bestiaire quasi-inexistant en dehors du reskinage.

Ascension est moins porté sur les combats, ce qui de mon avis est une bonne chose. Ça donne un rythme plus posé et moins harassant. La plateforme, ardue dans le 1, ressemble davantage ici à du poussage de stick comme dans Uncharted. Ça passe mieux que dans les aventures de Nathan Drake vu qu'ici la démesure est appropriée, mais le gameplay en prend un coup dans l'aile quand même puisque cela se fait facilement. Les énigmes sont dans l'ensemble d'un très bon niveau ; on entrevoit la solution rapidement, toujours simple, mais on ne parvient pas à la réaliser car quelque chose cloche. Et de ce côté Ascension a mis le paquet, on trouve régulièrement des énigmes, jouant ici sur des pouvoirs spéciaux, comme le fait de pouvoir reconstituer des décors passés, ou les détruire.

J'aurais pu mettre 1 étoile de plus à cet épisode s'il avait eu une fin digne de ce nom. Malheureusement le boss final, monstre énormissime que j'aurais eu plaisir à massacrer, se résume durant les 3/4 du combat à une cinématique géante remplie de Quick Time Event sans rapport avec ce qui se déroule à l'écran. C'est donc faussement spectaculaire, puisque même si tout bouge à l'écran, le tout pourrait tourner sur Nes et demander grosso-modo les mêmes entrées de touches. C'est un des problèmes de cet épisode d'ailleurs, trop de démesure ; quand la caméra s'éloigne au point où on ne parvient plus à se situer dans le combat, j'appuie sur les boutons par acquis de conscience, mais la débauche visuelle me passe par-dessus la tête.

Comme son prédécesseur, Ascension reste un jeu PS2 HD dans l'âme. Le gameplay n'a pas passé le cap de la génération PS360, on trace sa route à travers un jeu couloir qui se remarque d'autant plus sur un hardware aussi puissant. La démesure ludique est assez pauvre comparée à certains passages d'Heavenly Sword, ou de Prototype 2 dans un autre genre. Mais Ascension reste en grande partie fidèle à la formule de la licence ; pas un God of War marquant, ni révolutionnaire, mais son côté routinier assure au moins de jouer à un titre grand spectacle old-school ; ce qui est toujours mieux qu'un blockbuster actuel.