Après une première trilogie
axée sur le temps, UBISOFT remet les pendules à l'heure et repart de
zéro. Quitte à passer à la nouvelle génération autant complètement
changer la série et apporter un nouveau souffle à une licence vieille
de presque 20 ans. Mais ne perdons pas une minute et voyons si ce
Prince of Persia est un passe-temps digne de ce nom.

Intéressons-nous
d'abord au contexte de cette nouvelle trilogie, car, oui, c'est bien
sur trois épisodes que l'histoire devrait se dérouler. Le titre Prince
of Persia 4 n'est donc plus vraiment d'actualité. En effet, bon nombre
de choses ont changé, à commencer par le héros. Celui n'a en réalité de
« prince » que le nom. Véritable goujat sur pattes, sa classe n'a
d'égale que sa surprenante décontraction qui ne plaira pas à tout le
monde. Entre blagues douteuses et attitude très moderne, on est loin de
la sobriété et des tourments de l'ancien prince. Une affaire de goûts.
Autre surprise : la princesse Farah a disparu (enfin pas vraiment
puisque l'âne du héros se nomme ainsi !) et est remplacé par la
charmante Elika, qui se révélera par la suite magicienne mais aussi
très « collante ».

Parlons
un moment de l'univers et du scénario, même si ce dernier tient sur un
timbre-poste. Vous incarnez un aventurier, un peu voleur, qui après
avoir mis la main sur un bon paquet d'or va comme par hasard tomber
dans un trou. C'est le début des ennuis pour lui. Etant chanceux, il va
atterrir dans un royaume ou le bien et le mal luttent. Evidamment le
mal va gagner et se sera à vous et à la princesse de rétablir le bien
en purifiant diverses zones, à la manière d'Okami. Le scénario n'est
donc pas le point fort du titre, mais la mise en scène et l'univers
empêche le jeu de sombrer dans la banalité. On ne sait pas comment on
en n'est arrivé là, mais on n'y est arrivé et on s'en fout parce que
c'est bien. Sur le papier, donc, rien de bien original sauf que le
talent de l'équipe d'UBI Montréal apporte poésie et beauté à ce voyage
dépaysant.

Le
charme de l'univers doit beaucoup à la patte graphique et artistique
dont bénéficie le soft. Dés les premiers instants, l'on est séduit par
les couleurs pastel, la finesse de l'ensemble et l'animation fluide et
ultra classe. C'est un ravissement de tous les instants de parcourir le
vaste royaume en exécutant d'improbables acrobaties. Le but étant de
ramener la lumière et la beauté dans un monde noir et dévasté par la
corruption (l'énergie maléfique du jeu), vous traverserez des décors
tantôt sombre tantôt enchanteurs et magnifiques. Il n'est pas rare de
s'arrêter et de contempler votre travail de purification, la larme à
l'œil en voyant de tels panoramas. La distance d'affichage énorme
aidant, vous pouvez voir le royaume entier de certains endroits. Un
royaume que vous pouvez parcourir librement à la recherche de terres
fertiles à purifier et d'orbes de lumière à récupérer.

Le
déroulement de l'aventure est routinier : vous purifiez des zones
corrompues pour faire apparaître des orbes qui vous permettront
d'obtenir 4 pouvoirs différents. Ceux-ci vous donneront accès aux
autres zones et ainsi de suite. Une fois que vous aurez purifié 4 zones
d'une même partie du royaume, vous pourrez affronter un des 4 boss qui
une fois vaincue vous ouvriront les portes du dénouement. Comme vous
pourrez le constater le principe est plutôt simple et la comparaison
avec Assassin's Creed (du même éditeur) est facile à faire car la
routine s'installe parfois. Heureusement, le dynamisme et la mise en
scène parviennent à cacher admirablement ces redondances. Pourtant
celles-ci sont nombreuses. A commencer par la séparation nette entre
combats et plate-forme. L'alternance entre ces différentes phases amène
encore un peu plus de routine au déroulement du jeu, tout comme les
combats contre les boss. Il faudra, en effet, affronter le même ennemi
un bon nombre de fois et toujours de la même manière. Usant.
Heureusement que les affrontements sont rares et donc moins gavants
qu'ils n'auraient pu l'être. Chaque boss a ces points faibles et son
style de combat. Le guerrier, par exemple, est insensible aux attaques
et devra être jeté dans le vide pour être mis K.O. La concubine, elle,
est rapide et vous envoûte. Vous devrez donc varier vos coups pour
espérer briser la garde de l'adversaire et enchaîner les combos. Car
lorsque vous combattez les touches d'acrobaties se transforment en
attaques, chacune liées à une touche. Prise avec votre gantelet,
attaque à l'épée ou intervention d'Elika, les combats sont riches en
possibilités et leurs mises en scènes est très classieuse, notamment
grâce aux nombreux QTE. Au début assez simples à battre, les ennemis
vont par la suite changer de forme et ne deviendrons sensibles qu'a un
seul type d'attaque, ce qui est tout de suite plus compliqué, mais pas
insurmontable, loin de là. Ce qui me permet de parler d'un aspect
épineux de ce Prince of Persia ou plutôt d'un choix, pour les uns très
discutable ou pour les autres très agréable.

Personnellement,
je trouve que cette orientation grand public rend le jeu plus agréable
qu'auparavant. Finie les Game-Over après s'être tapé une phase de
plate-forme ardue ou une mort stupide à cause d'un mauvais timing. Ici
le prince court automatiquement sur les murs et les mouvements les plus
complexes deviennent assez simples à sortir avec un minimum de
concentration. Elika est toujours là pour vous sauver d'une chute
mortelle ou d'un ennemi un peu trop costaud. Elle est aussi là pour
vous permettre de faire un double saut, souvent utilisé.

Mais
n'allez pas croire que le jeu est facile ou que la notion de challenge
est absente. Si la mort en elle-même est absente, les pénalités sont
bien réelles. Louper un saut lors d'un long parcourt, vous ramènera
automatiquement avant la difficulté, vous obligeant à recommencer
jusqu'à y arriver. De même, dans un combat, si Elika vous sauve d'une
mort certaine, l'ennemi reprendra de la vie. Dans cette optique, le
choix de bannir la mort ou d'automatiser certaines choses est une bonne
méthode pour fluidifié le jeu et empêcher toutes frustrations inutiles.
Même si certain regretterons le fait de ne plus à devoir chercher son
chemin au prix de sauts suicidaires et d'arrachage de cheveux, d'autre
seront soulagés par l'option GPS d'Elika.

Au
final ce Prince of Persia « new-gen » est une belle réussite et ce sont
une dizaine d'heures de bonheur qui s'offrent à vous. Malgré les
nombreux petits défauts, l'on arrive pas à décrocher et l'on veut
toujours aller plus loin sans voir le temps passer. Beau, maniable,
inventif, jouissif, passionnant, les adjectifs ne manquent pas.
Frustrant aussi, à cause d'une fin exagérément ouverte qui laisse le
joueur comme un con, à l'affût du moindre contenu téléchargeable qui
pointera le bout de son pixel.