999

 

999 : Nine Hours, Nine Persons, Nine Doors est la définition même du jeu de niche. Disponible uniquement en version japonaise et US, il y a de grandes chances que vous en entendiez parler par le bouche à oreille ou, si vous avez de la chance, par l'intermédiaire d'une news sur laquelle vous auriez cliqué par accident en cherchant des infos sur le collector du dernier Assassin's Creed! Heureusement, cette merveille qu'est le dézonage des jeux à l'époque de la DS permet à nous, petits Européens, de nous essayer à ce jeu qui atteint des sommets en matière de narration dans le jeu vidéo!

 

Le cadre

 

Le jeu nous propose d'incarner Junpei, un jeune homme qui se réveille coincé dans un bateau, et dont le seul souvenir est d'avoir été kidnappé par un homme mystérieux portant un masque à gaz. Très rapidement, celui-ci découvre qu'il n'est pas seul. D'autres personnes sont en effet dans la même situation, chacune portant un bracelet avec un numéro allant de 1 à 9. Le "Nonary game" peut commencer... 

 

Techniquement, le jeu est inégal. DS oblige (enfin, dans une certaine mesure), on a droit à une succession de tableaux pour illustrer les dialogues et les personnages sont limités à quelques animations. À cela s'ajoutent quelques rares cinématiques plutôt sympathiques couplées à de superbes images type "artwork", mais encore une fois très peu présentes. La musique, quoiqu'un peu répétitive, colle parfaitement à l'ambiance « huis clos ». Les personnages en 2D sont très réussis et possèdent une forte personnalité qui donne envie d'en savoir un peu plus sur le passé de chacun. Les dialogues ne sont pas doublés, attendez-vous donc à devoir lire énormément, et ce jusqu'à en avoir mal aux yeux si comme moi vous jouez sur 3DS...

 

Un gameplay passable

 

Les phases de gameplay constituent, à mon sens, la plus grosse déception de 999, ce qui n'est pas rien. En effet, les longues phases de dialogues qui constituent le cœur du jeu sont entrecoupées de séquences de point & click à la première personne faisant vaguement penser à Myst. De ce dernier, cette partie n'en a malheureusement que l'apparence. En effet, tout ici est simplifié au possible et les énigmes reposent toujours sur les mêmes mécanismes archaïques. De plus, vos compagnons vous apporteront toujours suffisamment d'indices pour vous y retrouver. Rien de bien compliqué là-dedans, à l'exception peut-être d'une ou deux énigmes, ces phases ne devraient pas vraiment vous poser de problèmes.

 

Très rapidement plusieurs choix s'offriront à vous pour faire évoluer l'intrigue dans un sens ou dans l'autre, ce qui aura pour conséquence de débloquer une des six fins proposées par le jeu. La rejouabilité est cependant moins lourde que ce qu'on aurait pu craindre grâce à la possibilité de pouvoir passer rapidement les dialogues déjà rencontrés. On recommandera de noter consciencieusement les solutions des différentes énigmes parcourues dans la mesure où vous serez sans doute amené à les refaire au cours des prochaines parties. Cependant, la répétitivité des énigmes et de certaines scènes risque d'en rebuter plus d'un pour aller au bout de toutes les fins proposées par le jeu et atteindre le "true ending". Ceux qui y en auront eu le courage seront récompensés en ayant la possibilité d'admirer l'incroyable cohérence de chacun des éléments scénaristiques introduits depuis le début de l'histoire.

 

Une intrigue en béton armé

 

Cette insuffisance du gameplay (élément loin d'être anodin dans un "jeu"), est la partie la plus décevante de 999. Cependant, le jeu peut compter sur un scénario en béton pour le sauver! C'est en effet sur ce dernier que tout le titre repose. De fait, j'ai rarement pu voir une intrigue aussi bien ficelée. L'écriture impeccable, les personnages travaillés, et la bande-son réussissent à créer une atmosphère unique. Les références que l'on trouve déjà dans le trailer peuvent déjà donner une idée des thèmes abordés (la télépathie, l'hypnose, la mémoire collective). Les amateurs de sciences cognitives ou de ce que l'on appelle chez nos amis anglo-saxons la philosophy of mind devraient apprécier.

 

Conclusion : le jeu de l' « immersion » dans tous les sens du terme...

 

Toute la force du jeu repose donc sur la combinaison de ces éléments qui font de 999 une expérience unique. "Visual novel" oblige, certains trouveront le jeu un peu trop bavard. C'est que bien qu'étant sur DS, 999 n'est pas le genre de jeu qu'on lance dans les transports pendant 10 minutes ou quand l'on a du temps à perdre. Bien au contraire, il faut le voir comme une sorte de livre/manga de chevet du type de ceux on l'on souhaite prendre son temps, pour se laisser imprégner par l'histoire. Le mieux est encore d'y jouer le soir tranquillement dans son lit, écouteurs dans les oreilles, et carnet de notes à proximité.

 

On l'aura compris, si vous cherchez un "jeu" pour dérouiller votre pouce le soir et relever une série de défi, je vous conseille de passer votre chemin... Par contre, si vous voulez vivre une des intrigues les mieux ficelées qu'il m'ait été donné de voir et vous laisser bercer par une atmosphère unique, alors foncez sur ce jeu!

 

...et la suite ?

 

Pour terminer sur une bonne nouvelle, mais qui cette fois ne concerne pas le jeu en lui-même, on notera que la suite de 999 est prévue chez nous cette année! En effet, "Zero Escape : Last Virtue's Reward" est prévu pour novembre en Europe sur 3DS et Vita! Le jeu restera cependant entièrement en anglais (avec possibilités d'opter pour les doublages japonais). Si cette suite s'annonce aussi palpitante que son aîné, la modélisation 3D douteuse des personnages risque de faire leur faire perdre le charisme qu'ils avaient en 2D dans 999...