Red Johnson, c'est un détective privé sans charisme, toujours à la limite de la neurasthénie avec sa voix monocorde et lancinante, qui essaie de résoudre une affaire que l'incompétent policier de service lui a une fois de plus refilé.
On inspecte donc les 5 lieux différents du jeu (2 tableaux chacun), à la recherche de l'élément interactif qui nous fera avancer sur le rail du script. 
Premier problème, il arrive souvent que certains éléments soient quasiment indiscernables de leur environnement. Il y a une loupe et des touches contextuelles quand on passe sur un objet pertinent, mais j'ai souvent eu la sensation de perdre du temps pour pas grand chose (le distributeur de journaux, la grille d'égouts, le polaroid, le truc sous les escaliers, etc). Et certains puzzles remettent ça, sous des prétextes pas toujours exaltants (retrouver les pièces de monnaie pour avoir le compte exact, les vis et valves cachées...). 
De manière générale, les puzzles varient du très classique et éculé comme obtenir 4L à partir de récipients de 3 et 5L, à des choses plus absconses comme le coup de la mélodie au piano. Heureusement, il reste des énigmes intelligibles et intéressantes dans le tas (les cartes de tarot).
Il y a également un système d'aide qui oscille entre l'inefficace "je ne comprends rien à l'indice même avec la solution" au trop efficace "on me dit quoi faire sur 5 étapes dès le premier indice".
Les dialogues ne sont pas passionnants mais donnent parfois lieu à des séquences d'interrogatoires timées, bon moyen de tester si l'on a suivi l'enquête ou si l'on sait faire sortir les vers du nez d'un suspect. Malheureusement, ces bonnes idées sont gâchées par les sanctions immédiates en cas d'échec. On recommence ainsi laborieusement certains dialogues entièrement avant de trouver LA solution correcte.
Même soucis pour les QTE, trop lourdement sanctionnés, et qui nous infligent donc régulièrement plusieurs fois la même séquence. Quand en plus l'échec est aussi ridicule que de ne pas réussir une attaque sur un adversaire, la sanction parait d'autant plus injuste.
Pour couronner le tout, le jeu est rempli de loadings et de sauvegardes automatiques qui coupent constamment le rythme. A tel point que j'en venais à pester de la navigation dans les environnements, dans les menus. Devoir ressortir de la machine pour passer de l'analyse à la comparaison, le caractère parfois aléatoire de la prise de notes sont juste des exemples de détails normalement insignifiants qu'on en vient à remarquer.

Pour conclure, un jeu d'énigmes ou j'ai trouvé les personnages inintéressants, avec une direction artistique sympathique mais des choix bizarres (c'est quoi ce truc avec les lettres à l'envers, et pourquoi mettre uniquement les cutscenes en noir et blanc ?), des énigmes très inégales, des QTE affreux, des interrogatoires pas mal foutus, mais un déroulement un peu trop rigide (même s'il y a bien pire dans le genre point & click), un rythme qui a beaucoup de mal à s'installer, une ergonomie pas toujours optimale et une durée de vie assez courte. Le genre de jeu qui se joue, mais sans aucune passion, avec le même entrain que suggère la voix du héros.