Lovecraft... la première fois que j'ai entendu ce nom, j'ai d'abord pensé à une compétence Saint Vallentinesque dans WoW. Que nenni. Un auteur à l'eau de rose pour ménagère en fleur? Pas mieux. Le nouveau nom du Pink Spider de F-Zero? Carrément pas (ouf!).

Non, ce nom évoque un auteur majeur et maudit, père fondateur de la nouvelle horifique au destin tragique (c'était la partie Frédérique Mitterand du test, désolé). Howard P. Lovecraft a créé des univers aussi angoissants que prenants où évoluent des abominations aux noms imprononçables comme Nyarlathotep le chaos rampant ou encore le fameux Cthulhu répondant à un appel mystique et venu du fond des abysses immondes. 

Cthulhu est donc un de ces Grands Anciens vivant dans la cité engloutie de R'Iyel qui attend patiemment son heure en rêvant, et on subodore que ce ne sont pas des rêves mettant en jeu des fleurs, des balançoires, des enfants et des petits anges tout nus. On peut imaginer donc un jeu lourd, noir, angoissant type survival game... Tout faux! 

Acte 1, (ob)scène 1

Comme la prophétie le prédisait, l'appel de Cthulhu résonne et Cthulhu surgit des flots tumultueux avec la ferme intention de réduire à néant .. heu .. ben tout en fait. Sauf qu'un brave et mystérieux inconnu à tendance magique lui lança un puissant sort divin depuis la grève et scella tous ses pouvoirs à jamais... ou presque. L'humanité est sauvée, merci, au revoir... Jusqu'à que le narrateur, poussant trop loin la description, explique au joueur que Cthulhu ne pourra retrouver ses pouvoirs qu'à la condition sine qua non de devenir un véritable héros. Las,  le narrateur narra trop fort et Cthulhu entendit cette faille dans la malédiction. Ainsi commence l'aventure où notre divinité nihiliste doit sauver le monde pour... pouvoir le détruire une fois sa puissance restaurée. Vous aurez compris que le jeu est bien plus qu'un hommage à Lovecraft, c'est une grande comédie délirante et irrévérencieuse, bourrée de clin d'oeil, de références à l'univers RPG old school et le tout pour une poignée de neuros, 2€ exactement. 

Acte 1, scéne-art 2

Niveau graphisme, c'est du 16-bits style, cela sera déroutant à nos amis post-1995 et renverra les anciens RPGistes à de nombreux souvenirs émus. Sortir en 2011 un jeu dans ce style est déjà une preuve de big-balls attitude en soi. Les graphismes sont cependant très beaux et très fins et font la fierté des développeurs comme en témoigne les nombreux commentaires in game, commentaires aussi barrés qu'efficaces. 

Le scénar, on l'a vu, est complétement décalé. Il me semble que c'est la première fois qu'un méchant est obligé de jouer au gentil pour regagner ses pouvoirs démoniaques pour pouvoir donner libre cours à sa soif de destruction. Les PNJ sont trucculents (du latin Truccus Lolus, trucs drôles) et les interactions avec les PJ rendront extatiques les plus zygo-paralysés d'entres-vous. Bref, l'écriture est clairement le point fort du jeu, les références RPG coulent à flots, les vannes sont démoniaques et Cthulhu roxxx les poneys (et tout un bestiaire également).

En termes du gameplay, c'est old school aussi, tout au clavier! Les combats au tour par tour avec rencontres surprises mais limitées en nombre par zone (ouf!). La difficulté est savamment dosée et la sauvegarde possible perpétuellement. Bref, rien à redire, très agréable avec quelques petits challenges de ci, de là mais rien qui déroutera les vieux routards des donjons. Une durée de vie comprise entre 8 et 12h, fonction essentiellement du nombre de fois ou vous relirez les dialogues en vous marrant comme des baleines asthmatiques (ou plutôt des seiches poulpifiées).

Acte 1, scène-omagequecesoitfini 3

Alors oui, c'est en anglais, oui c'est du 16-bits, oui vous incarnerez un humanoïde à tête de poulpe (démoniaque et tout-puissant, de temps en temps, mais à tête de poulpe/seiche quand même) mais voilà, c'est un jeu dont vous vous souviendrez longtemps, conseillé par les gars de Décathlon pour développer vos abdos et fortement recommandé pour les soirées moroses hivernales.

Et puis bon, à 2€, je ne vois pas pourquoi vous bouderez votre plaisir. Allez hop hop, deux clics et on savoure! 

Et comme dirait notre Cthulhu adoré : "Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn"   (non, ce n'est pas de l'anglais mécréants!)

Poutoux les filles !

K-well