Rares sont les jeux d'une telle générosité. Une générosité couplée à une qualité à bien des égards. AC III a enfin su transcender AC II pour nous offrir, enfin, une vraie suite depuis le deuxième opus.

Brotherhood avait su tenir sa place de AC 2.5 compte tenu des nouveautés intéressantes qu'il apportait, notamment son système de recrutement d'apprentis Assassins, son système économique ainsi que ses phases de libération. Sa plus grosse nouveauté ayant été le multi joueur extrêmement réussi. Revelations fut quand à lui en demi-teinte, n'apportant rien de très utile à part un système de craftage de bombe assez réussi mais peu ou prou inutile, et un multi joueur qui a eu le mérite d'être l'un des meilleurs multis de la génération, si ce n'est le meilleur.

AC III est, enfin, une vraie suite pouvant être comparée à la suprématie du deuxième opus. Autant le dire tout de suite, AC III est le meilleure de la série en terme de contenu, de qualité et de cohérence. La générosité de l'ensemble laisse pantois. J'ai personnellement fini la trame principale en 20h et en ne prenant pas tout mon temps, en utilisant des voyages rapides et j'en passe (c'est le cas de le dlre). Il m'en faudrait autant, si ce n'est plus pour tout finir comme il se doit.

D'autant plus que les terrains de jeux sont énormes. Les deux villes, Boston et New York sont de toute beauté, avec un design complètement nouveau pour un Assassin's Creed. Cela conduit d'ailleurs à une nouvelle façon de jouer, du fait du level design induit des villes. Ces dernières ayant des rues très larges coupées par de très fines ruelles entres les maisons et bâtiments, de nouvelles habitudes de gameplay sont à prévoir. Le tout se prête merveilleusement au nouveau système d'animations dynamiques, littéralement à tomber. Adieu la course robotique de Altaïr et Ezio, bonjour les animations organiques, les marches et courses réalistes et naturelles, les changements de direction organiques en pleine course, une grâce sans égale même en bousculant un groupe de PNJ, des animations de sauts dignes de ce nom, des pass over (R1+rond ou R1+croix) afin de franchir les clôtures et murets en free-style-run de toute beauté, j'en passe et des meilleurs.

Ce nouveau système d'animations rend la moindre course poursuite absolument épique, que l'on soit le chassé ou le chasseur. Enfin des animations organiques, dignes d'un jeu de 2012. Sans hésitation aucune, Connor est le personnage le mieux animé de l'histoire du jeu vidéo, distançant même Cole McGrath ou Nathan Drake sur ce point, et de loin. C'est dire.

Nouveauté dans les Assassin's Creed, la présence d'un espace naturel immense : la Frontière. Forêts, falaises, sentiers sinueux, grottes, villages, cet espace est absolument énorme (à lui seul plus grand que toute la carte de AC Brotherhood). D'autant plus que les activités n'y manquent pas. Chasser est un véritable plaisir dans cette gigantesque zone, d'autant plus que le système de chasse est intelligemment conçu, à base d'indices (en scrutant l'environnement) grâce auxquels on pourra repérer notre proie. Les animaux et leur IA ont d'ailleurs bénéficié du plus grand soin, que ce soit leurs animations ou leur comportement naturel (une brebris qui s'abreuve au bord d'une rivière, des loups qui chassent des proies, un puma se prenant pour le roi du monde, allongé au sommet d'une falaise, des cerfs se livrant un combat de cornes et j'en passe).

Tout cela est absolument magnifique, surtout grâce à l'énorme mise à jour du moteur de jeu, baptisé à présent AnvilNext, et capable de nous offrir un jeu d'une rare beauté, avec enfin un système de météo dynamique. Pluie, brouillard, merveilleux effets de particules, neige (cette dernière dépendra par contre du scénario), et bien sûr cycle jour/nuit,  tout y est.

Autre élément à souligner, l'écriture. La meilleure de la saga, et de très loin. Les personnages sont sans doute les plus intéressants que l'on ait été donné de voir. Je mettrai, à titre personnel, un petit bémol sur Connor pendant la quasi totalité du jeu, que je trouve vraiment naïf, illogique et parfois bête, surtout comparé à Altaïr. C'est sûrement voulu, mais c'est l'impression qu'il m'a dégagée pendant la quasi totalité du jeu.

Par ailleurs, enfin, le jeu revient doucement mais sûrement à sa source, qui est l'infiltration. De très nombreuses missions sont à faire sans être détecté (même si parfois mis en objectif secondaire), et, quand l'IA ne vient pas tout gâcher comme souvent dans les AC, le jeu devient une pure merveille d'infiltration (coucou les objectifs secondaires de la mission des deux bateaux). Surtout grâce à la possibilité de siffler au coin des murs (faudrait m'expliquer pourquoi ce n'est pas possible de le faire caché dans les hautes herbes, mais bon...), d'assassiner en mouvement voire dans la foulée en courant. On notera aussi la disparition des archétypes ultra caricaturaux de la foule (cf AC II/Brotherhood/Revelations et la possibilité de se fondre dans un groupe de 4 personnes) au profit d'un système de foule complètement naturelle (merci AnvilNext, et merci les programmeurs pour avoir galéré à nous faire cette merveille).

Element impressionnant, les batailles navales, qui pourraient être un jeu à part entière. Que ce soit le volet sonore ou visuel, on frise la perfection en terme d'immersion. Le gameplay est juste parfait dans ces phases en mer déchainée (ou calme d'ailleurs). AC III ne serait pas AC III sans ces phases grandioses.

 

 On pourra néanmois pester sur l'impossibilité de grimper les façades de façon fluide en diagonale (à la Uncharted), sur les bugs, des didactitiels étrangement à la ramasse pour une fois, le pass online et l'harcèlement avec leur compte Uplay (quoi que ces deux derniers points doivent davantage provenir de directives éditoriales), mais en tout cas chapeau aux développeurs. Au moins il reste des choses à améliorer, ce qui devrait présager de bien belles choses pour les années à venir.

Inutile de chercher midi à quatorze heures, AC III est le meilleur opus de la saga en terme de qualité. Les animations sont enfin dignes de la 7ème génération de console (rien que courir dans tous les sens devient épique), l'infiltration est enfin de retour, la narration est remarquablement maîtrisée, la mise à jour du moteur à présent nommé AnvilNext fait des merveilles (malgré parfois une fluidité que nos consoles vieillissantes peinent à assumer...), le gameplay est extrêmement riche, un level design des plus réussis, des tonnes de choses à faire, des missions navales de toute beauté et éminemment prenantes et intéressantes, un contexte historique des plus intéressants couplé à une base de données très fournie, j'en oublie des dizaines, et la liste des choses à faire dans cet opus est clairement vertigineuse. On sent clairement que AC III pousse nos consoles à bout, mais le fait d'avoir réussi à nous pondre une merveille de la sorte impose clairement le respect.