From Dust...En voilà un titre qui aura su se faire désirer, avec une certaine discrétion mais accompagné par un panache qui fait furieusement envie aux joueurs friand d'un genre en perdition (le god game) et réalisé par l'un des grands noms du jeu vidéo, Eric Chahi (Another World, Heart of Darkness...). Développé chez Ubisoft Montpellier, le jeu est donc sorti cet été 2011 (le 27 juillet précisément) sur le Xbox Live Arcade, en attendant une sortie sur le Playstation Store et sur PC.

Si vous cherchez une réelle histoire aux rebondissements multiples, From Dust n'est pas vraiment pour vous. En effet, l'histoire de la tribu que vous allez contrôler à travers une petite dizaine de missions n'est pas vraiment claire, et la fin du jeu ne tend pas forcément à une meilleure explication. En tout cas, là n'est pas le sel du jeu, même si l'on comprend très vite que cette tribu cherche à retrouver la trace des Anciens, leurs ancêtres aux pouvoirs plus importants qui ont réussi à forger la nature selon leur envie (avec plus ou moins de réussite). Un prétexte donc pour suivre la trace de ces Anciens et acquérir avec le temps de plus en plus de pouvoirs.

Car From Dust est un god game, et la tribu n'est en aucun cas contrôlable directement, si ce n'est pour aller chercher un objet bien précis ou se diriger vers un objectif. Non, vous, vous êtes le Souffle, une espèce de divinité créée par la tribu pour la protéger et la guider à travers ce monde hostile. Incarné à l'écran pas un curseur peu séduisant en forme de serpent luminescent, vous avez donc le pouvoir d'interagir avec les éléments, principalement en "pompant" par exemple du sable dans une bulle et en pouvant la vider ailleurs avec un dosage plus ou moins important selon votre envie. Un système assez simple donc, mais qui devient vite intéressant par les éléments naturels proposés : il vous faudra conjuguer avec la lave, l'eau, le sable pour former un terrain propice au développement de la tribu.

Une mécanique intéressante et facile d'accès, et qui doit surtout son succès grâce à un moteur régissant les fluides avec une grande efficacité : c'est simple, les trois éléments principaux ne se comportent absolument pas de la même façon, et il faudra vite tenir compte de leurs particularités : construire une muraille en terre/sable se révèlera souvent être assez primaire, tend celui résiste peu aux assauts, tandis que l'eau s'infiltre partout, au risque de noyer vos cités. La lave, intéressante lorsque conjuguée à l'eau pour construire des remparts solides, reste toutefois un des pires ennemis du jeu puisqu'elle change complètement le terrain au fil des vagues successives et incendie très rapidement une carte. Ajoutez à cela un moteur graphique convaincant, avec des couleurs chatoyantes et un design séduisant et l'aventure From Dust vous donnera rapidement envie.

En marge de ce gameplay de base s'ajoutent également des pouvoirs et savoirs qui, avec le temps, se révèlent indispensable pour accomplir les missions : vous apprendrez ainsi à votre village comment repousser l'eau en allant chercher une espèce de drapeau sur la carte, et vous pourrez vous même disposer de pouvoirs comme évaporer l'eau ou arrêter le feu sur l'ensemble du terrain. Ceux-ci s'acquiert en construisant un village sur un totem bien précis, et les acquérir et les protéger sont les véritables objectifs du jeu, tant la nature a tendance à vouloir submerger vos villages naissants (les dernières cartes sont à ce titre de purs défis).

Néanmoins, la dernière production d'Eric Chahi, si elle peut se targuer d'être un god game ludique, intéressant de prime abord et plutôt facile d'accès reste assez sommaire, et plutôt court. En effet, une fois la technique en tête, on arrive très rapidement sur les dernières cartes qui, si elles offrent un défi plus relevé (notamment au niveau des objectifs secondaires du style recouvrir tout le territoire de végétation), restent tout de même largement faisable... quand la tribu le veut bien.
Car celle-ci est sûrement le défaut du jeu, de par l'IA au ras des pâquerettes. Au fond, il est largement possible de terminer le jeu, et ce n'est donc pas une IA rédibitoire du genre à vous bloquer automatiquement et sans issue. Non, il est toujours possible d'outre passer les limites de l'IA ; le soucis, c'est qu'il faut pour cela faire de la micro gestion sur des péons complètement à l'ouest qui n'arrivent pas à trouver un chemin viable pour aller vers l'objectif. Bien souvent on se retrouve avec cinq six bonhommes qui s'arrêtent devant un véritable pont d'or parce qu'il y a tout simplement une petite flaque d'eau. Le temps d'aller chercher du sable, le tsunami ou la lave les auront déjà embarqués. Et même si vous avez avec vous du sable, le fait de jouer au pad donne un côté assez imprécis à la manoeuvre (on attend de voir ce que cela donnera à la souris, clairement plus adaptée pour ce genre de jeu) et la caméra étant particulièrement rigide (vous avez le choix entre une vue un peu trop proche et une vue très éloignée). Des défauts de finition qui peuvent donc entâcher l'expérience, même si avec perséverance et un peu de prévision dans sa tête le joueur peut s'en sortir aisément.

Au final From Dust est donc un jeu plutôt satisfaisant. Visuellement accrocheur et doté d'un gameplay qui vous donne réellement l'impression de contrôler la nature, le jeu est un god game de bonne facture, sans doute moins profond que ses prédécesseurs mais qui saura pleinement contenter un public de nostalgiques et de néophytes. Toutefois, il faudra se contenter d'une durée de vie assez courte (comptez cinq six heures voir plus si vous décidez de terminer les défis amusants proposés en marge de l'aventure principale), et vous munir d'une patience à toute épreuve face à une IA qu'on aimerait voir corrigé via un patch. A vous de voir maintenant si vous désirez jouer au dieu d'une bande un peu débile pour 1200 points MS !