Profitant d'un élan de générosité de la part du moribond THQ, j'ai pu obtenir une clé Steam du bien réputé Metro 2033. Un ami m'expliquait il y a peu les mérites des développeurs d'Europe de l'Est, citant The Witcher et ce jeu en exemple. Son message était simple : A l'Est, sur PC, ils font des jeux qui n'ont rien à envier à ceux de l'Occident. Mieux, en terme d'originalité ils sont supérieurs à nous et c'est bien triste que le grand public connaissent mal ces développeurs. Après onze heures à ramper dans les tunnels du Metro de Moscou je ne peux que partiellement lui donner raison.

 

Apocalypse moscovite

Si j'ai bien tout compris, Metro 2033 est l'adaptation en jeu vidéo d'un roman à succès du même nom. L'histoire est "simple" : Suite à une guerre nucléaire plongeant la planète dans un hivers éternel, les habitants de la ville de Moscou n'ont eu pour seul choix que de venir s'abriter dans les souterrains du métro de la capitale russe. C'était en 2013, et vingt ans plus tard ils y sont toujours.

Les stations sont ainsi devenues de petites cités où les humains tentent de survivre du mieux qu'ils peuvent et où certains arrivent encore à vouloir se faire la guerre pour des questions d'idéologie. (On découvrira ainsi que certains stations sont communistes et que d'autres glorifient la venue d'un nouveau Reich où la race russe dominerait le monde) Aussi l'argent n'a plus d'utilité dans le métro. On paie en balles de qualité militaire. Car quand on se retrouve nez à nez avec un des horribles mutants qui arpentent le métro ou la surface, on n'a que faire des billets de banque.

Loin de tout ça vit notre héros : Artyom. Jeune homme venant de fêter ses vingt ans, il collectionne les cartes postales de "l'Ancien Monde" et aide comme il peut son père, chef de la sécurité de la station VDNKh. Mais aujourd'hui Hunter, l'ami de son père et membre des Rangers (Ordre de soldats qui parcourent les tunnels du métro et aident les gens) débarque à la station et constate l'état de crise dans lequel elle se trouve. En effet de nouvelles créatures mystérieuses que les habitants ont surnommé les Sombres, approchent. Ils sont bien différents des mutants. Ils ne dévorent pas les humains et semblent plus intelligents que ces animaux. Pire, quand on en approche un, on devient tout bonnement fou. Comment résister à une telle menace?

Hunter confie une mission de la plus haute importance à Artyom : Rejoindre la station Polis, QG des Rangers, et demander des renforts. Un long voyage peut commencer.

L'histoire de Metro 2033 est assez prenante. Ceci grâce à l'ambiance qui régne aussi bien dans les tunnels que dans les stations. Les gens vivent comme ils peuvent. La drogue et la prostitution sont encore d'actualité. Les enfants partagent des histoires effrayantes sur les mutants. Et lorsqu'on s'aventure dans les tunnels, ce n'est pas la fleur au fusil. Les mutants guettent et quand ce n'est pas eux, ce sont les bandits qui en voudront à notre peau pour nous dépouiller de nos biens. Le desespoir est palpable à tous les coins du monde de Metro 2033.

Cependant il y a plusieurs hics. Tout d'abord en fouillant dans les options on découvre que les voix peuvent être mises en diverses langues dont le russe. Une excellente iniative selon moi! Sauf que... les sous-titres ne sont disponibles que pour les dialogues importants. Le reste demeurera incompréhensible. Or, c'est dommage de ne pas pouvoir entendre les gens discuter et parler du monde dans lequel on se trouve et de son folklore post-apocalyptique. Pire, même un garde vous interdisant d'entrer dans une salle n'aura pas le droit à un sous-titrage en bonne et due forme! Du coup on se force à jouer dans une langue qu'on comprend...

Autre inconvénient, enfin de mon point de vue, le héros est muet. Il ne dit rien. Il subit chaque dialogue et se contente de hausser la tête. Et quand enfin il est supposé parler, on a un fondu noir pour reprendre après le dialogue. Le concept du héros qui la ferme façon Gordon Freeman je n'ai absolument rien contre. Mais dans l'introduction du jeu et à chaque écran de chargement permettant la transition entre les divers actes et chapitres de l'histoire c'est Artyom qui assure la narration oralement! S'il peut parler dans les écrans de chargement pourquoi il ne peut pas le faire ingame? Je pense que quand on fait ce genre de choix pour un jeu c'est soit tout soit rien, pas un mix des deux! (Surtout quand en plus il y a des scènes où des personnages se moquent justement du mutisme du personnage... A croire que les développeurs nous troll. o__O)

L'histoire est prenante mais elle n'est guère complexe. Elle est même assez simpliste dans son déroulement. Et au final on a un peu l'impression d'avoir regarder le prologue d'un scénario plus vaste.

Enfin dernier soucis, mais ce n'est pas vraiment un problème : le jeu est si immersif et l'univers est tellement sympa que j'aurais préféré un jeu en open-world me permettant de parcourir librement les tunnels. Mais bon, la campagne du jeu est bonne, aussi linéaire soit-elle!

 

Quand Half-Life rencontre F.E.A.R. autour d'un verre de vodka

Metro 2033 s'articule comme un mélange de ces deux célèbres FPS. Déjà comme ces deux jeux, il ne fonctionne pas par mission mais par un déroulement plus naturel des évenements. Il y a peu de cinématique. On voit tout à la première personne ou presque.

Aussi comme Half-Life, le jeu nous fait parcourir des environnements assez hostile. Hivers nucléaire faisant, il y a des zones du tunnel où il n'est pas possible de circuler sans l'aide d'un masque à gaz et où il vaut mieux éviter de s'approcher de certains foyers de radiation. 

Le rapport avec F.E.A.R. vient du fait qu'on est le plus souvent dans le noir à se guider à la lampe torche. Toutefois, comme dans le titre de Monolith, on alterne également les phases d'action et les phases horrifiques. 

Pour plus d'immersion, le jeu fait abstraction d'une bonne partie des éléments composant habituellement le HUD d'un FPS. Un compteur de munitions est indiqué et c'est tout ce que vous verrez de façon permanente. Ponctuellement vous pourrez voir le nombre de filtres à masque à gaz qu'il vous reste ou vos trousses de soin. Le reste apparaît concrètement dans le jeu. La durée de votre filtre? La fonction chronomètre de la montre d'Artyom vous l'indique. (En prime elle indique aussi votre niveau de visibilité mais j'y reviendrai) L'état de votre masque? Regardez les fissures sur sa visière. (Vous pourrez d'ailleurs changer de masque en cours de route) Et naturellement, l'état de la batterie de vos lunettes de vision nocturne s'affiche de la même façon directement sur celles-ci. On a donc le minimum syndical et ce n'est pas plus mal. C'est d'ailleurs pareil durant les phases dans les stations. A l'exception de l'indication de vos munitions et de vos balles militaires, il n'y a rien d'indiqué sur la qualité des marchandises que vous examinerez. Le marchand aura la gentillesse de dire si ce que vous regarder est meilleur que votre équipement actuel ou non. (Ils sont gentils ces gens qui vous poussent à éviter les dépenses inutiles!)

En bonus, sachez que vous pourrez regarder l'heure sur la montre. Non pas l'heure dans le jeu mais la vraie heure de l'horloge de votre ordinateur. Plutôt pratique.

Et nous voici donc à arpenter les tunnels, à commercer avec des habitants et à zigouiller monstres et bandits. L'action est plutôt variée mais encore une fois on regrettera que le tout soit si linéaire. D'ailleurs il faut bien avouer que seule la station du Marché est vraiment sympa à visiter. On survole vraiment les autres et c'est bien dommage. Mais bon, Artyom est pressé.

Les affrontements sont assez fun. On notera d'ailleurs que nos précieuses balles de facture militaire permettant d'acheter arme, ravitaillement et munitions de qualité "crasseuse" (Des balles fabriquées par les habitants du métro par opposition aux munitions militaires qui datent d'avant l'Apocalypse) peuvent aussi être utiliser en combat. Elles sont plus puissantes et je regrette assez de m'y être résolu trop tard dans la campagne...

 

Et au cocktail, ajoutons du... Thief?!

Si en règle générale on résout nos soucis à coup de kalashnikov dans le métro, on peut aussi faire preuve de subtilité.

En effet Artyom peut employer des armes à air comprimé, dont une arbalète artisanale mais aussi des armes à silencieux et bien entendu des couteaux. Il s'agit de la façon recommandée pour traverser les camps de bandits, fachos et autres rouges. L'avantage, c'est qu'on ne grille pas autant de munitions qu'en bataille rangée et qu'on entend tout ce beau monde raconter sa vie. (Immersion tout ça...) Et comme Artyom n'est pas manchot, il peut faire comme le héros de Thief ou même Sam Fisher et éteindre les différentes sources de lumière de la zone. Dommage d'ailleurs qu'on obtient les lunettes de vision nocturne si tard, car avant ça c'est assez compliqué de se repérer quand on a coupé le courant d'un camp.

Attention tout de même, des systèmes d'alarme "fait-maison" à base de boîte de conserve et de morceaux de verre disposés sur le sol pourront avertir vos ennemis de votre présence.

 

Retombées radioactives

Ca a l'air génial raconté comme ça. Mais dans ce cas pourquoi une telle note? Eh bien c'est tout simplement car malgré son ambiance et son histoire immersives, ses situations variées entre l'action, l'infiltration et l'horreur, le jeu souffre d'imperfection assez notables.

Tout d'abord l'infiltration est assez bancale à cause de l'IA. Non pas qu'elle est stupide (Quoique j'en ai descendu des types venant s'accumuler autour d'une floppée de cadavres...) mais elle est bien trop réactive. Pour résumer simplement disons que pour rester totalement discrèt dans Metro 2033, il faut tuer sa cible en un coup. Facile vous me direz. Un headshot et on en parle plus. C'est vrai. Sauf que rapidement vous trouverez des ennemis avec casque et armure intégrale. Pour les tuer en un coup ça devient nettement plus compliqué (Avec une balle vous pouvez faire sauter un casque et alors vous pourrez faire votre headshot. Même chose pour les masque à gaz qui force à viser l'arrière du crâne) et on préfèrera les contourner.

Pourquoi un coup? Par ce que l'IA du jeu fonctionne selon le principe "Si on touche un ennemi sans le tuer, c'est l'alerte générale dans toute la zone". Et pourtant nos gardes n'ont pas de radio. Donc même si vous tuer en quelques coups de couteau un type bien isolé de ses potes, ces derniers seront au courant de votre présence et se dirigeront vers vous! 

Des lacunes d'IA qui gâchent un peu le plaisir de ces séquences donc. Sans parler de l'indication de luminosité qui n'est franchement pas au point... Soit disant quand c'est vert on ne nous voit pas du tout... Allez dire ça au soldat du nouveau Reich qui a sonné l'alerte!

L'IA a également des soucis concernant les monstres. En fait un monstre en particulier.

Attention petit spoiler :

A un moment de l'aventure vous allez affronter des mutants surnommés les "Bibliothécaires". Leur particularité est qu'ils ne vous attaquent pas quand vous les regardez dans les yeux. Mais si vous courrez, que vous tirez ou que vous leur tournez le dos ils vous attaqueront immédiatement! Une créature qui pourrait donc permettre une séquence assez intéressante... Sauf que l'IA n'est pas au point du tout. Et parfois sans raison un bibliothécaire que vous fixez va se jeter sur vous. Du coup au lieu de "jouer le jeu", on les tue. (Non sans difficulté)

Fin du Spoiler

Enfin vos coéquipiers, même s'ils ne sont pas toujours avec vous, sont parfois assez lourdaux dans leurs réactions. Il y aura des situations où vous devrez traverser une zone infestée de mutants. La logique voudrait que vous et votre collègue passiez en courant. L'IA, elle préfère marcher. Et le hic, c'est que l'IA peut mourir ce qui entraine un game over. (Melnik je te hais! :X)

 

Alors est ce qu'à l'Est on fait des jeux qui mettent la honte à l'Occident? En terme d'originalité j'ai envie de dire oui. L'univers de Metro 2033 possède un certain cachet finalement assez rare à l'Ouest. L'aventure est immersive. L'histoire est prenante. En revanche le gameplay, même s'il repose sur de bonnes idées, souffre de lacunes assez regrettable. Mais une suite est en chantier alors on peut espérer un avenir radieux pour cette licence!