Attention, ce test n'est pas complètement spoiler free... Mais en même temps ce jeu date de 1999... Faut pas déconner non plus.

On m'a offert une PS3, et comme le pire des "c'était mieux avant", je me suis empressé de télécharger FFVII, FFVIII et FFIX sur le PSstore. Je recommence d'emblée le 8ème opus, celui-ci étant mon préféré de loin, dans l'espoir d'enfin le finir à 200%. La nostalgie fonctionne encore ou ce jeu serait-il réellement bon ?

Un début longuet, mais prenant.

FF8 peut se jouer de deux manières : à la je-m'en-foutiste. On suit la quête principale, on bute quelques monstres histoire de, et on tâte deux secondes du jeu de carte. Ou dans un esprit plus tactique. Difficile de jouer de cette manière lorsqu'on aborde le jeu pour la première fois. Les tutoriaux sont longs et compliqués. Le vol de magie, l'association de celles-ci, les apprentissages des Guardians Force... Toutes ces données se trouvent être complètement subsidiaires et prendre un temps monstre à assimiler/appliquer. On part XP dans les plaines de Balamb pour que Golgotha apprenne la capacité "Mode carte", qui transforme les cartes à jouer en objets. On apprends rapidement à créer de la magie puissante avec les capacités "Créa-mgi-cél/gla/inc" ("Création magie céleste/glaçante/incandescente"). On joue aux cartes, on transforme les cartes gagnées en objets, ces objets en magie et on associe le tout à la vigueur, ce qui nous permet dans les premières heures de jeu de viander du Elmidea ou du larva à coups de 1000/2000 HP.

Voler les magies, jouer aux cartes, apprendre des capacités aux G-Force,... tout cela rends le début du jeu incroyablement long, mais tellement facile une fois cette étape passée ! Trop facile peut-être ? Lorsque vous patamodlez n'importe quel boss en un seul coup de GunBlade, on se demande effectivement s'il n'y a pas un problème ! Toujours est-il que ces débuts fastidieux rendent la progression dans le jeu d'une facilité incroyable, rendant n'importe quel combat gagné d'avance. Même Monarch, monstre caché et réputé plus puissant que le boss final, ne vous résistera pas longtemps si vous prenez le temps de comprendre et de bien appliquer le système d'association de magie...

"La règle aléatoire est maintenant autorisée ici." B*RDEL DE M****RDE !!

Aaaah... le Triple Triad... Ce petit jeu de carte sympathique tout plein qui vole souvent la vedette à la quête principale... Le grand point fort de ce jeu, c'est qu'en plus de titiller notre fibre "collectionnite", le Triple Triad devient vite indispensable à la création de magies puissantes qui, une fois associées, feront de vous le nouveau Hulk. Les règles du jeu sont simples et facilement accessibles. Certaines cartes rares sont disponibles dès le début du jeu, lesquelles, si vous osez les sacrifier, vous offre le luxe d'objets de barbare dès vos premiers niveaux. Le Triple Triad devient donc vite plus qu'un mini-jeu dans le jeu, et se révèle rapidement un outil efficace dans l'évolution des stats de vos personnages. Et ça, c'est bon ! Vous pouvez jouer au jeu de cartes des heures durant tout en prétextant que c'est à un but essentiellement gamer.

Mis à part ce côté dopage de stats, le Triple Triad induit aussi la chasse aux cartes rares, cartes de personnages ou de G-Force, lesquelles sont disséminées aux 4 coins du monde et souvent proies aux griffes de règles tordues. Chaque région possède ses propres règles, règles que vous modifiez en y ajoutant celles que vous connaissez déjà, ou en effaçant certaines plus ou moins aléatoirement. Afin de récupérer quelques cartes rares, certaines règles doivent obligatoirement être apprises (Open, qui vous permet de voir les cartes de votre adversaire et donc d'éviter les mauvaises surprises) et d'autres oubliées (la démoniaque "Aléatoire" qui choisit vos cartes à votre place, ou "Plus" dans une certaine mesure, cette règle étant fatigante à contrer). Or, la modification des règles des différentes régions n'obéit pas à une logique implacable et est plutôt nébuleuse. Vous vous arracherez souvent les cheveux. Très souvent...

FF8 compte également deux quêtes exclusives au Triple Triad, la quête du groupe CC et la quête d'Isthar, la Reine des Cartes. Si la première est d'une facilité juste déconcertante, la seconde est à elle seule la plus longue et la plus dure des quêtes annexes de tout le jeu. Cette branquignole d'Isthar vous baladera tout autour du monde, vous piquant vos précieuses cartes rares et en créant des nouvelles qu'elle cachera dans le trou du fondement d'un quelconque bled caché au fin fond de la carte du monde. Jouez aux Triple Triad. La durée de vie de votre partie passera les 80h.

Une quête principale pleine de trous

Le scénario de FF8 a un défaut qui peut devenir une qualité : son scénario a un point comun avec celui d'un Silent Hill, il laisse une place importante à l'interprétation. Enormément de pistes sont dévoilées à bon nombre de moments. Certaines phrases peuvent être prises au premier degré, ou dévoilant un morceau d'intrigue ou de personnalité d'un personnage qui ne sera pas plus exploité. L'ambiance oppressante du dernier château, la forteresse d'Ultimécia, remplie de boss semblables à des monstres déjà affrontés est un bon exemple. SquareEnix a-t-il été paresseux, changeant simplement la couleur d'une partie du bestiaire pour cet unique château, ou ces monstres sont-ils la réminescence d'un souvenir coincé dans la compression temporelle ? Qui sont les nécromanciennes croisées durant celle-ci ? Et que dire de cette énigmatique cinématique de fin, où les souvenirs de Squall s'empilent jusqu'à laisser place à ce qui pourrait être la plus grosse révélation du jeu ?...

FF8 devait initialement tenir sur 8 CDs et on comprend aisément pourquoi tant son scénario semble séparé d'éléments importants. Il nous reste une quête intéressante mais inachevée qui laisse place à de nombreuses hypothèses qui n'auront jamais de réponses. La quête principale peut donner l'impression d'être complètement décousue lorsque, au 3ème CD, vous débarquez sur la lune pour assister comme par hasard à un événement qui se produit une fois tous les 17 ans et qui, comme par hasard, libérera un boss titanesque dont vous n'aviez presque jamais entendu parler avant.

Pour comprendre le pourquoi de la présence d'Adel, le pourquoi de la larme Sélénite et le pourquoi de la guerre menée par Laguna dans le passé, nul doute que 4 CDs supplémentaires auraient été nécessaires. Il n'appartient donc qu'au joueur de faire fonctionner ses méninges et de relier les points entre eux pour donner vie à une sensationnelle fresque épique.

Par contre, Norg, il sert à rien, désolé...

Une amourette encombrante

FF8 mise tout sur deux personnages : Squall et Linoa. Les sentiments naissants de l'un et la bouleterie de l'autre sont constamment au centre du scénario du jeu. Si l'histoire rend leurs amours cohérentes, voire attendrissantes, cela se fait bien souvent au détriment de personnages qui auraient gagné à être un peu plus développés. Certains personnages, dont Selphie, ont le mérite de poser dès le départ une personnalité unique, ce qui fait que même leur manque d'actions concrètes dans le jeu n'empêche aucunement de laisser une trace, une impression sur le joueur. Mais que dire de Zell, qui n'est intéressant que de par son aspect parodique des manga Shonen ? Quistis qui révèle un potentiel incroyable dès les premières minutes du jeu (et en plus elle a des lunettes...) et qui s'efface complètement à l'arrivée de Linoa ? Et ne parlons pas d'Irvine qui sert juste A NIET !

Rare sont les protagonistes qui n'ont pas leurs petits moments de gloire. Quistis brille lors de la fuite de Dollet, Selphie détruit tout une base et Zell a un short en jeans. Mais ces petits instants sont-ils suffisants face à une amourette qui tient sur 4 CDs ?

Une recherche d'évolution

Graphiquement, FF8 déchire tellement sa race qu'une armé de repriseuses thaïlandaises ne suffit pas à la recoudre. De FF7 à FF8, on subit un gap graphique tellement impressionnant qu'il fait hésiter quant à l'impossible remake de ce 8ème opus. La cinématique de début, servi par le somptueux Liberi Fatali charme d'emblée, et chacune des cinématiques reste en mémoire de par sa mise en scène soignée. Avec FF8, on établit pleinement le concept de "cinématiques-récompenses". Le joueur veut finir le jeu car il sait qu'à la clé se trouve une séquence qui va lui exploser les rétines.

FF8 explose également les tympans, grâce aux merveilleuses mélodies d'un Nobuo Uematsu au mieux de sa forme. Liberi Fatali est un thème que tout le monde connait et qu'il est de bon ton d'apprécier. Et le thème chanté, Eyes on me, bien qu'un peu niais, se retrouve dans la fameuse "Waltz of the moon" interprêté dans la scène du bal. "Only a plank between one and perdition", "Premonition", "The landing" ou "The lengendary Beast", sans oublier le thème du boss final "the Extreme" complètent un OST riche en surprises et en thèmes musicaux forts et intenses.

FF8 se veut le digne successeur du légendaire FF7. Un système de combat riche, des personnages hauts en couleurs, une quête épique, une bande son de feu... FF8 a tout pour surpasser son ainé. Seulement voilà, FF8 ne détrônera jamais FF7 dans le coeur d'une majorité de joueurs, tout comme l'excellent Majora's Mask ne satisfera jamais complètement les fans acharnés d'Ocarina of Time... Si FF8 a bien un défaut, c'est de vivre dans l'ombre d'un RPG de qualité, mais bien trop encombrant pour lui faire un peu de place. Il s'est pris de plein fouet la réputation de l'opus précédent, ce qui la rapidement nommé "mouton noir" de la série.

Ma conclusion : excellentissime. J'avais pris plaisir à y jouer 10 ans plus tôt et 10 ans plus tard, je redécouvre une histoire pas si incohérente que je l'aurais cru... FF8 est un jeu qui laisse une part importante au joueur. Il doit décider lui-même de remplir les trous scénaristiques tout comme de sa façon de jouer. Un Final Fantasy qui pour sur, a bien des défauts, mais qui est bien représentatif d'un SquareEnix au milieu de sa forme...