C'était avec une grande
impatience que j'attendais ce nouvel épisode. Le premier du nom m'avait
complètement conquis, de par son scénario bien ficellé, sa fin inattendue, son
originalité (un héro malgré lui qui n'a physiquement rien d'un héro (petit, chauve
au physique quelconque, à la vie banale). Il y avait des défauts, et des
corrections à faire, certes, mais il y avait vraiment du potentiel et le
deuxième opus allait-il être tout aussi charmant ?

 

Born on the Bayou

Le charme ultime du jeu, c'est la
ville : New Marais. Visiblement fortement inspiré de la
Nouvelle-Orléans, la ville a un charme fou : bayou, marécages, zones
inondées, panneaux en langue française, etc. Beaucoup plus détaillée et plus
grande qu'Empire City, c'est un vrai plaisir de s'y balader, d'y grimper et d'y
découvrir ses charmes et ses recoins. On sent que les développeurs se sont fait
plaisir en y mettant quelques private
jokes
 : un film nommé « Uncharted love » en hommage au jeu,
une tour baptisée « Sin tower » qui fait office de sex shop, etc.

Non seulement plus grande, mais
aussi plus variée. New Marais est une ville qui a prit chère et cela se
ressent : certaines zones sont inhabitables (Flood city) à cause de la
tempête Katrina, la population est livrée à elle-même en quête d'une nouvelle
identité, certaines zones de la ville sont plus friquées que d'autres, etc.

En bref, New Marais est l'un des
piliers du jeu ; si bien que vous prendrez soi du plaisir à la remettre
sur pied ou à la mener un peu plus vers le chaos en faisant des choix de
Karma : des bonnes ou des mauvaises actions qui influencerons votre cours
du jeu.

 

Instant Karma's gonna
get you

Comme le premier épisode, les
choix de karma sont toujours là. Ils sont d'ailleurs beaucoup plus développés.
Même si l'aspect un peu manichéen est toujours omniprésent, les missions sont
clairement plus variées que le premier épisode qui avait tendance à tomber dans
la redondance. Les missions principales sont au nombre de 40, et s'il est vrai
qu'on s'étonne de la vitesse à laquelle le scénario se déroule, les missions
secondaires, elles, sont très nombreuses et viennent rallonger la durée de vie.
On compte environ 80 missions secondaires, et si quelques missions restent les
mêmes, Sucker Punch a vraiment innové quant à leur originalité : prendre
des photos de certaines zones de la ville, de monstres, etc., détruire des
compartiments de la milice, rider sur des lignes hautes tensions, arrêter les
hordes de monstres, j'en passe et des meilleures.

Du coup, l'aspect répétitif du
premier épisode a été gommé pour laisser place à plus de diversité, et c'est
tant mieux. La durée de vie est elle aussi intéressante : une bonne
quinzaine d'heures sont requises pour finir le jeu, en prenant votre temps
d'accomplir les missions secondaires, de rechercher ces fameux fragments (305
fragments) et les boîtes noires (29 boîtes noires) qui agrémentent le scénario
principal. Encore une fois, Infamous 2 dispose d'une bonne rejouabilité puisque
vous pourrez le refaire en faisant les choix inverses de votre première partie.

 

A beast is comming

Malgré quelques critiques qui ont
été décues par rapport au scénario du deuxième épisode, du moins, qu'elles
l'aient trouvé moins bon que le premier, le scénario met en haleine pendant
tout le jeu. D'abord, vous apprendrez qui est cette fameuse bête et pourquoi
elle est là, mais surtout, c'est une continuité, une belle transition avec le
premier épisode. Ayant adoré le scénario d'Infamous, j'ai attendu au tournant
ce deuxième opus scénaristiquement. Et je n'ai pas été déçu. Les boîtes noires
sont aussi importantes que la trame narrative, elles vous donneront plus de
détails par rapport à l'intégralité de l'histoire et à celle du deuxième
épisode.

Les fins (oui car il y a bien
deux fins différentes selon les choix que vous ferez) sont justes sublimes.
Cela faisait depuis Metal Gear Solid 4 que je n'avais pas ressenti ce petit
pincement au cœur. Je ne dévoilerai rien, mais on sent que les développeurs ont
été influencés par tout le délire X-Men.

A un bon scénario vient se
greffer une ambiance apocalyptique assez saisissante. En effet, on ressent cet effet
de traque que représente la bête, cette sensation de menace imminente. Lorsque
vous mettez le jeu en pause, vous pouvez voir une carte de la côte Est des Etats-Unis,
un point en surbrillance vous informe de l'avancée de la bête qui détruit tout
sur son passage, et un point au Sud, vous représentant.

De plus, certains flash TV
viennent alimenter cette sensation d'impuissance, d'incompréhension,
d'apocalypse et de désolation. A cela vient s'ajouter la bande son qui propose
quelques sons vraiment sympas, mais un niveau en dessous du premier (le génial
Amon Tobin était chargé de sa composition n'a visiblement pas répondu à l'appel
cette fois).

 

Ce qui est le plus jouissif dans
Infamous2, c'est la surpuissance de Cole. Les pouvoirs (toujours à débloquer
avec des points d'expérience) ont été revisités pour proposer un arsenal
beaucoup plus efficace. Le vortex ionique est l'un des pouvoirs rajoutés qui
est le plus jubilatoire à utiliser devant une horde d'ennemis prêts à vous
mitrailler le portrait. Selon votre karma, votre précision et votre violence se
verront modifiées. Ainsi en plus des pouvoirs du 1, Cole dispose d'en plus d'un
amplificateur qui ressemble a un guidon de moto qui s'avérera très utile au
combat rapproché. Au bout de quelques combos, il vous suffira d'appuyer sur la
touche triangle pour achever votre adversaire avec des pirouettes assez
réussies.

Si dans le premier épisode, on
faisait vite le tour de la puissance de Cole, ici, vous n'aurez que l'embarras
du choix pour choisir les pouvoirs de notre chauve préféré.

 

A beautiful mess

Seulement ... voilà. Globalement,
le jeu est graphiquement assez beau, voire beau sur certains plans. Toutefois,
sur le plan technique c'est parfois inégal. Il y a bien un fossé entre le 1 et
le 2, et on sent que des efforts ont été effectué pour améliorer la sauce, mais
il y a toujours des soucis de graphismes (et pas de la langue de bois :
bugs de collision (sur les toits notamment), du frame rate, de l'aliasing (sur
certains gros plans, ou quand la caméra se rapproche de Cole), des personnages
qui traversent les murs ou les sols, etc.). Seulement, on ne peut pas avoir le
beurre et l'argent du beurre, dans un jeu ou l'open world a été favorisé, il
faut bien qu'il y ait des couilles quelque part.

Bref, l'aspect graphique n'est
pas le plus handicapant dans le jeu. Non, autant Infamous 2 est un bon jeu,
mais bon nombre de fois, j'ai voulu éjecter le disque et le balancer par la
foutue fenêtre à cause des foutus problèmes de CAMERA ! Je n'avais pas
ressenti cette frustration depuis les Tomb Raider sur PS1. Voilà un élément qui
vient carrément gâcher l'action et les phases de combats qui sont malgré tout
bien foutus. Quand un ennemi vient vous grenader la tronche, qu'un monstre
vient vous faire une cartouche en plein buffet, et j'en passe, la caméra
s'excite toute seule, se met à faire du 180 ou du 360 °, en plongée, en
contre-plongée, bref un joyeux bordel qui exaspère lorsque ca devient
malheureusement beaucoup trop fréquent.

On s'exaspère aussi au niveau de
la maniabilité qui reste bonne, mais Cole a toujours cette fâcheuse tendance à
s'accrocher un peu n'importe où quand il suffit de se bouger les fesses. Tel un
singe, il va avoir tendance à s'accrocher sur la corniche quand on lui demande
de sauter en direction de l'adversaire pour lui botter les fesses. A cela
s'ajoute cette foutue gravité qui n'a pas été corrigée par rapport au premier
Infamous : au lieu de s'échouer normalement sur le sol, on croirait
parfois que Cole est sur la lune : une lenteur existe entre le moment du
saut et de l'atterrissage, cela aussi, c'est exaspérant à force.

Enfin, le physique de Cole. Les
skins sont limites du foutage de gueule. Autant la première version de
Cole-kéké-surfeur-ado que Sucker Punch avait pondu était abominable et
complètement hors sujet avec le premier opus, mais rajouter des tattoos pleins
les bras pour faire baddass, cela n'a jamais convaincu personne. Ainsi le
physique de l'homme électrique ne morfle quasiment pas selon les bonnes ou les
mauvaises actions qu'il fait.

En fait si : une gueule de
bisounours lorsqu'il est gentil, et une gueule de déterré avec quelques petites
veines ici et là pour faire Dark, mais tout ça ne casse pas trois pattes à un
canard ...

De plus, le doublage français
souffre d'un manque de crédibilité parfois. Autant les doublages de Guillaume
Orsat (Cole) et Jerome Pauwels (Zekke) sont excellents, mais comme si la
retranscription était un peu à côté ...En outre, certains personnages
sont complètement peu crédibles et caricaturaux à mort : Kuo, Nix,
Bertrand, le professeur Wolfe ... no comment.

 

En bref, Infamous 2 est un bon
jeu. Outre les défauts techniques, un manichéisme trop présent, quelques
aspects burlesques, les gros problèmes de caméra qui frustreront quelques uns,
Sucker Punch a su prendre en compte les défauts principaux du premier pour les
corriger et proposer quelque chose de plus neuf, de plus jouissif et de plus
plaisant.

Sans tomber dans la grosse claque
graphique, il y a un réel fossé entre le premier et le deuxième épisode. Malgré
quelques interrogations et des réponses qui ne viennent toujours pas, le
scénario est bougrement bien foutu et a su me mettre en haleine jusqu'au
générique de fin.

L'atmosphère est beaucoup plus
prenante, New Marais est une réussite à tous les niveaux. Les sentiments de
traque et de menace représentés par la bête sont parfois bien palpables ce qui
rajoute de la tension à certaines phases de l'aventure.

Une suite bien amenée donc, sans
faire de méchant copier-coller entre les deux épisodes, certes, le style est
là, mais on s'éclate bien à déambuler dans les rues avec nos pouvoirs sans
jamais tomber dans l'excès de la puissance divine que peut représenter un banal
mutant aux pouvoirs infinis.

Et c'est tout en l'honneur d'Infamous.