Souvenez-vous, Final Fantasy XV (FFXV) c'est quand même dix ans de fumée aveuglante de la part de Square Enix. C'est quand même FF Versus XIII à la base, il ne faudrait pas l’oublier.

La première fois qu'on a vu Noctis sur le perron d’un château faire apparaitre des épées et se battre dans les airs, c'était avant même que Lightning et ses cheveux roses de FFXIII nous fasse l'honneur de sa sortie sur PS3 ! C’était à vrai dire, au moment-même où les vidéos de présentation de ce même FFXIII nous semblaient fabuleuses.

Alors en face le Noctis avec sa tête de chanteur de J-Pop n’inspirait pas forcement la classe mais il avait ce petit quelque chose qui forçait le respect.

 

Alors si on récapitule brièvement, depuis que FF Versus XIII a été annoncé et une cinématique montrée, les gens chez Square Enix nous ont livrés :

- FFXIII

- FFXIII-2

- FFXIII-3

- FFXIV

- FFXIV Realm Reborn

- FF Type Zero HD

- FF Explorer

- FF les 4 héros de la lumière

- FF va à la montagne

- FF et le lac magique

- FF …

 

Bref, une palanquée de sous-jeux Final Fantasy sans que l’on puisse apercevoir un renouveau de la série principale. Après l’échec fulgurant du 13, ils ont dû se demander comment faire pour pourrir une franchise jusqu’à l’épuisement. Sortir tous les jeux prévus au catalogue en mettant Final Fantasy devant pour voir quelle formule pourrait prendre et faire repartir l’engouement. Du coup, c’est une franchise à bout de souffle qui est aujourd’hui sur nos étals. Le numéro XV se devait de redresser la barre pour relancer les espoirs les plus fous pour la suite.

 

Coup de théâtre donc, FFXV est bien là et il faut le dire, le voir qui débarque ça fait un peu blague potache. Genre on est en 2007 : "Et les gars vous savez que FF Versus XIII il sort bientôt, il va tuer !" Ça pouffe, ça rigole mais finalement c'est dix années après son annonce, sur une autre console (de préférence sur la version améliorée parce que sinon elle rame) que le jeu sort.

 

On a connu 2 élections présidentielles entretemps. Non mais souvenez-vous, on était encore sur Messenger et Facebook était le dernier truc à la mode qui révolutionnait le monde ! La HD c'était le futur, la RV de la science-fiction !

 

Essayons donc de mettre tout ce passif de côté et posons-nous la bonne question, la seule qui vaille : ça donne quoi le nouveau FF ? Vague questionnement que celui-ci. Vous allez voir, ce n’est pas facile d’y répondre.

 

Il y a quand même un point sur lequel on va être tous d'accord de suite, ils ont des bonnes tronches de chanteur de JPop. On aime ou pas, mais ça implique aussi que niveau crédibilité de la dangerosité des gars de l'équipe, ça reste une bonne tranche de rigolade. Parce que voir le chanteur de Tokyo Hotel se balader avec ses potes et défoncer des armées entières à l'épée à deux mains, bon, comment dire, faut clairement avoir un peu de second degré quoi.

Donc on ne va pas prendre le design des personnages en compte non plus, sinon c'est tricher. Oui, ils ont dix ans de retard c’est sûr, mais on ne peut pas trop leur en vouloir.

 

Avant d'attaquer le noyau dur, on va s’intéresser à l'aspect extérieur. Oui, c'est beau. Quel que soit votre niveau d’attente, l’aspect graphique est clairement une réussite. Les textures sont propres, la DA relativement inspirée en termes de patchwork d’influence. Au niveau technique, cette critique étant réalisée sur PS4 Pro, il n’y a rien eu de particulier à signaler. Les temps de chargement sont plus qu’acceptables et peu de bugs en vue.

 

Au niveau du monde dans lequel on évolue et du design général c'est très inégal. En extérieur, la coupe de cheveux improbable au vent dans le cabriolet royal, les différentes ambiances sont très agréables et certains lieux vraiment inspirés (le volcan notamment). On passe du désert aux forêts pluvieuses, puis au bord de mer etc.… c'est très cool et on sent le vent frais nous caresser le visage.

Le bât blesse dans les donjons par contre. On hésite entre constater un ratage total ou déplorer une finition à la va-vite. Sombre, inintéressant et ternes sont les seuls qualificatifs à employer ici. Des successions de grottes ou de salles identiques. Rien d'original ni de bien spécifique, un beau gâchis. Au niveau du monde et des villes donc pas de problème ça reste cohérent - malgré le coté absurde de l’univers dans lequel on évolue qui nous fait parfois ressentir avec violence qu’il est factice -, certains lieux ou villes nous en mettent plein les rétines.

 

On attaque le game system maintenant et il y a pas mal de choses à noter.

- Le system de combat d’abord :

Fini le tour par tour à l’ancienne, on ne contrôle directement que Noctis ; l'IA se charge de ses potes (Ignis, Prompto et Gladiolus : ouais ils ont aussi des noms ridicules, pas que leurs têtes).

Une barre de coups spéciaux nous permet de les appeler à faire certaines actions, mais c’est tout. L'IA est assez bien gérée et n’est pas vraiment gênante au final, mais quand on démarre le jeu ou qu'on regarde de l'extérieur, tout cela ressemble à un sacré bordel quand même. Un peu en mode baston générale où tout le monde fonce dans tout le monde !

Pour contrôler Noctis on a un bouton pour lui dire d'attaquer, un pour esquiver automatiquement en dépensant des MP, un pour faire des attaques. Et enfin, R1 pour locker un ennemi.

Le mode stratégie permet de rendre l’action plus lisible en la temporisant momentanément. Ça permet de voir surtout qui fait quoi et sur qui on va taper ensuite. Avec un petit temps d’apprentissage, le système de combat finit par être plutôt dynamique et agréable donc pourquoi pas.

Pour attaquer on peut switcher entre 4 armes à la volée qu'on aura équipées avant. La magie comptant comme une arme.

A ce niveau par contre, il y a clairement eu des problèmes de calibrage. Les magies se fabriquent comme des grenades. Comme dit plus haut elles sont à équiper comme une arme. Une fois quelques tests effectués, on se rend vite compte que créer des magies ultra-puissantes est facile et disponible même pendant les combats. Un bon moyen pour pulvériser des boss en une fois sans trop d’effort, quitte à sacrifier son équipe.

 

Nous l’avons vu, le système de combat est dynamique et on ne contrôle réellement que Noctis. Quid du Game Over donc ? Pour être clair, on ne meurt pas. Mais en théorie, quand les HP tombent à 0, le nombre de HP total commence à descendre jusqu'à ce qu’on se soigne. S’ils atteignent 0, on meurt. Pour récupérer les HP max, on se sert d’élixir, qui remplacent rapidement les potions.

Sur le papier, c’est bien pensé, mais dans les faits, il est bien trop facile de survivre.

 

Le système est donc plutôt cohérent. Pas de temps de chargement, pas de coupure, tout s’enchaine en temps semi-réel, chapeau.

Il manque cependant rapidement d’intérêt, sans nuire à l'expérience ou casser le dynamisme.

Finalement tout comme le reste du jeu, il est agréable mais peu profond.

 

- Le système d'évolution

Bon pas trop de surprise… on se bat, on finit des quêtes et on gagne de l'expérience.

Pour que l’expérience accumulée se transforme en nivaux il faut dormir. Oui, il y a un cycle jour/nuit, donc la nuit on dort. Ou alors on se balade au risque de se faire One Shooter par un monstre bien trop balaise.

Le level up des perso est donc très basique, les stats se répartissent automatiquement à chaque gain de niveau etc...

Puis on gagne aussi des PC qui permettent d'améliorer des stats spécifiques ou débloquer des combos au niveau du groupe. Ça ressemble fortement au spherier de FFX encore une fois, en moins profond.

Pour avoir des bonus temporaires, les restaurants et la cuisine d’Ignis sont là.

 

Le reste c'est du classique avec de l'armement et des protections à acheter ou trouver.

 

- Le system de quêtes donc :

Avec sa dimension de jeu en « monde ouvert », le système de quête est clairement calqué sur les modèles de jeux occidentaux type Witcher ou autres. On a donc la quête principale et des quêtes annexes à foisons. Il y a surtout à boire et à manger.

Il y a pas mal de fetch quest (va chercher tel truc dans telle région).

Il y a les contrats de chasse (va tuer cette bête à tel endroit).

Et il y a les autres qui sont un peu du même genre (va prendre une photo là-bas, va pécher tel poisson etc.…)

 

Parmi toutes ces quêtes inintéressantes, il y en a des plus ou moins scénarisées. Par exemple une chasse vous emmène dans un donjon optionnel avec une méchante bestiole au fond, ou aller chercher un ingrédient spécial dans un volcan dans un donjon à ciel ouvert. Certaines sont donc très bien, invitent sans mal au dépassement et à la découverte, d’autres sont rébarbatives et dispensables.

Il y a un véritable sentiment de dépaysement, de découverte des lieux, la carte n'est pas si grande que ça au final (bon y a de quoi faire quand même) mais elle regorge de lieux vraiment intéressants et différents. C'est à la fois très bien et atrocement mal exploité par la trame principale. D'autant plus que le scénario principal peut se faire en ligne droite à une vitesse plutôt folle (15h sans trop trainer).

Le plus dommage c'est que ces quêtes annexes sont si nombreuses et la plupart si nazes qu'on laisse vite tomber ! Rien pour les différencier les unes des autres alors que certaines vous envoient dans un champ chercher des fleurs et d’autres vous permettent de débloquer les chocobos.

Une mauvaise idée donc, extrêmement dommageable.

 

La quête principale quant à elle est symptomatique du jeu en entier et ce sera mon dernier point.

 

Il ne faut pas être sorcier pour voir derrière FFXV un ersatz de FFVII. Après la pénible expérience du XIII, il était nécessaire de faire un bond en arrière pour revenir à ce qui a fait le succès commercial mondial de la série. Alors FFXV essaie fort, il y croit même. Il pense même parfois qu'il a dépassé son modèle. Malheureusement il essaie, c'est tout. Alors il remplit toutes les cases pour tout d’abord être un vrai FF :

- Les guerriers de la lumière

- les cristaux

- les invocations

- des NPC qui s'appellent Cid, Biggs et Wedge

- Une histoire d'amour

- Un monde à sauver

- Des chocobos

Et puis il complète la liste avec les spécificités du VII sans trop y arriver :

- Le jeu met en place un héros torturé – parce qu’il a peur de grandir et des responsabilités, prétexte un peu léger donc.

- Il fait le même twist scénaristique au milieu du jeu qui nous a fait pleurer sauf qu’ici il ne nous tire pas une larme, essentiellement parce qu’on n’est pas attaché au personnage.

- un univers moitié médiéval moitié cyberpunk qui sonne un peu creux, un peu faux

- une course en voiture parce que celle en moto de Cloud était cool

- des alliés qui sont des humains aussi avec leurs faiblesses et leurs doutes. Mais au final ils nous embêtent plus qu’ils ne provoquent de l’empathie

- un méchant vraiment méchant qui joue avec les nerfs du groupe mais qui est tellement imbu de lui-même qu'il est lourd plutôt que d'être vraiment flippant comme Sephiroth.

 

Bref, ce que voulait être FFXV c’était FFVII. Un épisode charnière qui reste gravé dans les mémoires et les cœurs. Mais pour l'instant sous couvert d'une réalisation impeccable et d’un enrobage de haute volée le jeu sonne faux, un peu comme des acteurs de série anglaise de l'après-midi. On voit bien qu'ils mettent en pratique toutes leurs années sur les planches mais au final un jeu théâtral à la TV ça ne passe pas très bien, ça manque d’authenticité.

 

Alors voilà FFXV n’est qu’une étape, une étape vers la reconquête d’un trône perdu depuis longtemps. Il nous prépare vers un FFXVI qui devrait provoquer un fort sentiment d’attente. Et ce n’est déjà pas mal quand on considère la catastrophe qu’était FFXIII. On peut se dire que la série revient sur de bons rails.

La quête principale est aberrante et incohérente ? Ce n'est pas si grave, elle se laisse suivre.

Le monde qui a été créé n'est pas exploité dans l’histoire ? Qu'à cela ne tienne, il en va de notre bon vouloir de faire l'effort des quêtes annexes.

La durée de vie en ligne droite est de 15/20h ? Au final, ça ne pose pas de problème, peu de gens peuvent se permettre de rester 150h sur un jeu. Par contre si vous en avez envie, c'est possible.

Alors bon, OK, les personnages sont insupportables et on se souviendra de Prompto comme du Jar Jar Binks de la série, mais non, le jeu n'est pas mauvais, loin de là.

Il fait ressortir des sentiments oubliés de longue date : le plaisir associé au jeu de rôle typiquement japonais. Un vrai FF et surtout un vrai JRPG pas dégueulasse. Pas un JRPG de niche avec des petites filles en culottes dans des labyrinthes. Ça fait du bien et mine de rien on a de bons souvenirs quand on quitte Noctis et ses potes.