Critique à la base parue sur mon blog (avec des images!) le 15 fevrier 2013, dans une version sans doute plus agréable.

La série des Final Fantasy aura bien mis du temps avant de franchir les frontières de l'Europe. C'est avec le 7e épisode que la saga se décida enfin à sortir dans nos contrées et le succès fut au rendez vous. Depuis lors, le jeu est considéré comme culte par la plupart des gamers et amateurs de jeu de rôle.
A l'opposé de Final Fantasy se trouvait Dragon Quest, une série plus archaïque et moins accessible pour les joueurs peu aguerris. A l'image de la série concurrente, les jeux ont pris leur temps avant d'arriver chez nous, et c'est à l'occasion de la sortie du huitième opus cette fois que nous avons enfin pu découvrir cette saga. Si le jeu ne jouit pas du même statut que Final Fantasy VII, il a connu son succès et est considéré comme un des meilleurs RPG de la PS2, si ce n'est plus...

Un bouffon malveillant. Un sceptre interdit. Une terrible malédiction. Un royaume idyllique envahi par une forêt de ronces enchantés, son roi et sa princess métamorphosé, le château et son cour pétrifiés.

Tel est le point de départ de l'aventure. Comme le suggère son sous titre, qui définit particulièrement bien le jeu ce coup ci, Dragon Quest VIII est avant tout un voyage. Cette histoire simple, ce jeu du chat et de la souris géant entre les personnages principaux et le détenteur du sceptre maléfique, n'est qu'un pretexte à cette odyssée.
Le fil rouge n'est clairement pas ce qui va tenir le joueur en haleine. Autant être clair : la situation évolue peu du début à la fin du jeu. Le cheminement en sera toujours identique : nos héros vont demander des informations sur ce mystérieux fou tueur en série et propriétaire d'un baton à la puissance démoniaque, pour ensuite partir à sa recherche. En général, ce vil personnage va réussir à se dérober alors que le joueur avait enfin réussi à le débusquer, et ainsi de suite, jusqu'à un twist intervenant au bout de plus d'un cinquantaine d'heures de jeu. Ouch. 

Heureusement, la progression de Dragon Quest VIII ne se limite pas à cela. En effet, ce qui fait tout le sel de ce scénario, c'est les multiples histoires annexes qui viennent se greffer au fil rouge. A chaque découverte d'un nouveau village (au nombre de 17, et tous uniques!), son chef ou un des personnages importants va généralement nous demander un service en échange de quoi il nous donnera ses informations sur Dhoulmagus, ce fameux antagoniste que nous poursuivons.
La présence de ces petites quêtes, néanmoins obligatoires, pourrait être considérée comme une qualitée pour certains, ou comme un défaut pour d'autres. En effet, si elles permettent d'approfondir l'univers, de mettre les personnages dans des situations plus ou moins intéressantes, elle donnent tout de même un sentiment de durée de vie prolongée artificiellement : grottes interminables, fréquence des combats ridiculement élevée, nombreux allés retour, phases de leveling pénibles... Si ces séquences me plaisaient bien au départ, il faut avouer qu'au bout de cent heures, on commence à en avoir un peu marre. Voilà d'ailleurs un point important : la durée du jeu. On dit souvent que plus c'est long, plus c'est bon. Ici, il semble que les développeurs aient pris cet adage au pied de la lettre en réalisant un jeu s'étalant incroyablement sur la durée. Pour ma part, j'ai arrêté le jeu après 120 heures de jeu, le temps de boucler l'histoire principale et de faire une quête annexe très importante, qui permet de débloquer une seconde fin appréciable et d'en savoir plus sur le héros. Celui-ci fait partie de la confrérie des héros muets de rpg, contrairement bien sur à ses partenaires qui eux ne manquent pas de charisme.

Il s'agit ici d'un des atouts de l'histoire de Dragon Quest VIII. Si le scénario est très classique, les personnages classieux dessinés par le maitre Toriyama donnent de la couleur à cette Odyssée. YangusJessica et Angelo sont les trois joyeux lurons qui vont vous accompagner durant toute votre aventure. Quatre personnages pour un jeu de rôle, ça fait pas un peu léger? Je ne pense pas. On s'approprie ces trois personnages, cette équipe soudée, pendant le jeu à tel point qu'il en devient difficile de s'en séparer après les crédits. Non pas que ces personnages jouissent d'un background ultra travaillé, d'un passé sombre ou de mystères bien enfouis au fond d'eux même, on les apprécie simplement au fil du jeu. Ils ont chacun un caractère bien trempé - y compris la fille, qui n'est pas une random princesse gourdasse! - et surtout un design qui suffit à rendre ces personnages attachants. Et ceci sans compter l'humour omniprésent même dans les situations les plus dramatiques.
Le jeu ne se prend en effet jamais au sérieux, et même si les scènes comiques sont généralement peu subtiles, elles contribuent à cette atmosphère légère qui se dégage du titre. Que ce soient les bourdes de Yangus ou les nombreuses avances d'Angelo pour Jessica, on se surprend régulièrement à sourir. Même certaines techniques de combat sont complètement débiles.
Du coup, l'histoire assez convenue passe beaucoup mieux, mais logiquement, l'expérience n'est pas aussi intense et marquante que chez certains jeux de rôle concurrents : pas de tension dramatique, déroulement du jeu extremement prévisible... On se fait souvent la remarque que c'est sympathique, que ce retournement de situation est cool, mais notre machoire ne se décrochera à aucun moment. Dommage pour un jeu si vaste qui aurait pu se donner les moyens d'aller plus loin dans sa narration, mais qui au final nous fait "seulement" passer un bon moment.

Venons en au coeur du jeu qui est souvent pointé du doigts dans les jeux Dragon Quest ou même dans les jeux Level 5 en général : le gameplay. Vous le savez sans doute, le système de combat est ultra classique et assez mou. Les réfractaires du tour par tour auront logiquement du mal à apprécier le jeu, étant donné les très nombreux combats qui viennent constamment hacher l'exploration. Cependant, un point m'a agréablement surpris : l'évolution des peronnages. A chaque niveau passé, on réparti des points dans diverses compétences d'arme, et plus on met de points, plus on débloque de nouvelles compétences. Le gameplay se renouvelle  ainsi régulièrement et la découverte des sorts ultimes est assez gratifiante. Classique, mais motivant : on attend toujours avec impatience la montée de niveau pour dépenser nos précieux points.
Un aspect Pokemon est également présent dans le jeu. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais il est possible de capturer des monstres pour les faires combattre dans une arène (et les utiliser en guise d'invocation) pour obtenir certaines récompenses. Là aussi, c'est bien fait et ça va vous demander pas mal de temps pour confectionner la meilleure équipe possible. De quoi encore gonfler le contenu du jeu, décidément plein à craquer.

Dragon Quest VIII est un jeu qui assume son statut de jeu de rôle à l'ancienne jusqu'au bout. Certes sans surprise, il est maitrisé et vous plongera dans un univers imaginaire d'une richesse rare, vous procurant la sensation de vivre un grand voyage à travers terres, mers et montagnes. Un jeu possédant un charme fou, du caractère, et ce malgré son classicisme et son manque d'ambition général. Des développeurs qui obtiennent leurs lettres de noblesse avec ce titre en particulier et qui possèdent désormais une identitée propre. Ni no kuni, dernier né du studio, semble ainsi avoir emprunté le même chemin que son illustre ainé. Un chemin qui, finalement, n'est pas si commun dans le monde des jeux de rôle modernes...