En fait le mieux pour ce test, c'est de retranscrire mes impressions dans l'ordre, à savoir à travers le chapitre 1 et le chapitre 2, n'ayant pu aller au-delà par démotivation totale.

Chapitre 1

C'est le jeu que j'avais espéré, en mieux sur certains points et moins bien sur d'autres. Mais je fais face à ce qui semble être un vrai jeu vidéo, j'ai même du mal à y croire. Dépassés, les Japonais ? Les cinématiques nous présentent des protagonistes bien campés, avec des visages photo-réalistes aux yeux très expressifs, et de très bonnes gueules en général pour les rôles importants. Ce ne sont pas des tas de polygones bien modélisés ; ce sont des personnages, avec chacun une identité réelle, profonde. L'animation est si naturelle, avec des petits gestes de rien, des attitudes parfaitement retranscrites, des visages exprimant une émotion précise sans devoir forcer sur les traits du visage, qu'un constat s'impose ; avec de la PS2 HD et trois bouts de ficelle, les Japonais foutent la honte à toutes les productions occidentales, Heavy Rain et L.A. Noire y compris. Alors oui, les visages ne bougent pas de manière aussi fluide que dans L.A. Noire, mais eux, je le rappelle, font ça sans recours à des technologies coûteuses et innovantes.

Le scénario est basé sur quatre personnages et une femme fatale, avec en arrière-plan une guerre opposant différents clans de yakuzas. Bien doublé, le jeu se targue d'une mise en scène sacrément au-dessus de la moyenne et de plans cinématographiques (et vraiment, hein, pas comme Uncharted...). Problème ; c'est hyper lent. Les cinématiques sont longuettes, manquent terriblement de rythme, les personnages sont longs à sortir leurs répliques, et il y a beaucoup de blabla dans le vent. Second problème ; les cinématiques sont entrecoupées de phases où les dialogues sont en vignettes, comme dans les Final Fantasy, et c'est au joueur d'appuyer sur X pour les faire défiler. Ça casse l'ambiance, ça tire à nouveau en longueurs avec trop de blabla inutile, ça fait méchamment PS2.

Là où les Japonais foutent encore la honte aux Occidentaux, c'est avec les décors. Notre héros se déplace avec un balai dans le fondement dans le quartier qui sert de zone de jeu, et partout il y a des murs invisibles grossiers, en plus d'une absence totale de moteur physique à part lorsqu'on bouscule les passants. Et pourtant les décors sont exceptionnels. Pas sur le plan technique, mais on y croit à ce quartier, il sent la vie, et il suffit d'entrer dans une épicerie pour y croire encore plus. C'est une orgie de détails vrais, de pancartes informatives. Pas une rue ne se ressemble, et on finit assez rapidement par trouver ses marques et se familiariser avec le quartier, certes petit mais vivant. On pourra trouver que l'absence de circulation automobile fait tache, alors que les rues traversées en contiennent sur le bord du trottoir, mais pour ma part ça n'a pas nui à mon expérience de jeu. Par contre un détail m'a dérangé ; lorsqu'on se balade, des vignettes apparaissent à droite et à gauche de l'écran pour simuler les discussions des passants, et là ça sent vraiment trop la PS2. À la limite sans ces vignettes, le tout aurait été beaucoup plus authentique. On découvrira aussi les sous-sols du quartier (une bonne idée), et les toits (sans aucun intérêt).

Le système de combat est rigolo ; sorte de Streets of Rage en 3D avec QTE et actions contextuelles qui dynamisent le tout. Les combos sont limités (et tant mieux), et on pourra utiliser des éléments du décor, comme une bicyclette ! pour tabasser du vilain, en plus de profiter d'une jauge offrant des coups spéciaux particulièrement violents et efficaces. Dans l'ensemble c'est varié, on gagne de nouveaux coups avec l'XP engrangée qui permettent de ne pas rendre les combats répétitifs. On sent que le principe repose sur des mécaniques PS2 qui commencent à dater, mais ça fonctionne bien, si ce n'est contre un boss trop souple et trop rapide où il va falloir faire un peu de l'antijeu. Mais c'est très plaisant.

Le gros souci, c'est que le scénario est très envahissant, et nous donne peu de combats. En gros on se tape une longue cinématique au point A, on se rend à un point B où c'est pareil, puis un point C où enfin, après une autre longue cinématique, on va pouvoir jouer pour vrai, mais pas longtemps. Par contre le dernier sous-chapitre est en forme de donjon, on va avoir plusieurs combats à la suite, et alors on est vraiment dedans, là je trouve que la formule fonctionne à plein régime.

Les à-côtés sont plutôt anecdotiques ; salles d'arcade, bowling, etc. Par contre on peut aussi gérer un bar à hôtesses, et c'est le passage le plus embarrassant, tous jeux confondus, auquel j'ai joué. En gros sur 3 tours, on peut changer la robe et le maquillage d'une fille pour optimiser ses chances de plaire aux clients. Déjà en partant, ça ne m'emballe pas trop... Une fois les changements opérés, il y a une mini-cinématique "Before/After" où la fille est en double (avant/après) sur un fond bleu ciel étoilé, avec une musique ridicule, le tout dans une ambiance de niaiserie absolue comme seuls les Japonais sont capables de la créer. Je suis limite mal à l'aise, et je prie pour que ma copine dans la bibliothèque ne vienne pas voir à quoi je joue. On dirait un jeu pour gamines de huit ans... Rien que d'y penser j'en ai encore des frissons.

Conclusion du chapitre 1 ; emballé dans l'ensemble, mais pas encore convaincu.

Chapitre 2

Le chapitre 2 se déroule 25 ans plus tôt. Et là je me dis "Non ? Ils vont nous faire rejouer dans le même quartier, mais d'époque ? Génial !". Mais en fait non. Ce ne sera qu'un flash-back, dans lequel se déroule une fusillade où on voit les limites de l'animation des personnages. Sauf que, niveau chorégraphie, niveau mise en scène, ça tue, et moi des jeux PS2 HD comme ça, j'en veux tous les jours.

On commence avec un nouveau personnage. Bonne nouvelle ? Oui, car il a lui aussi son caractère, son identité. Non également, car on repart de zéro au niveau des combats, tout redevient basique avec juste trois coups et aucun finish efficace avant de débloquer de nouvelles techniques... J'appréhende déjà pour les deux prochains gars à incarner. Autant dans le chapitre 1 ça va car on passe par une phase d'apprentissage, autant là c'est juste chiant.

Inexplicablement, la difficulté augmente d'un cran, comme si j'étais passé en hard. Mes coups passent très difficilement, le timing des QTE devient abusé. Je me dis que le bonhomme est nul, ou alors que c'est parce que je n'ai pas encore d'XP pour étoffer sa palette de coups. Mais en fait non, le jeu est vraiment devenu plus dur, et là je commence à sentir sérieusement que les combats sont vraiment datés, rigides et approximatifs. Le manque de précision, qui n'était pas un problème au chapitre 1, rend le jeu frustrant parce que là y'a plus de pitié, en cas d'erreur on s'en prend plein la tronche sans pouvoir réagir, et tout nous pousse à utiliser des techniques d'anti-jeu. Le timing des QTE est trop serré, les techniques de chope (spécialité du deuxième héros) passent difficilement, voire pas du tout sur certains persos retors. Après plusieurs défaites sur un même combat pénible, je passe en mode easy, et ça revient à la normale, mais je déchante car j'ai aperçu les limites qui passaient auparavant inaperçues.

Le jeu prend également un sérieux coup niveau crédibilité lors d'une cinématique ridicule. Au lieu de vous la décrire, je vais donner un équivalent pour éviter de spoiler. Imaginez deux cowboys derrière une roche sur une montagne, soixante indiens qui les canardent par le bas, et là nos deux cowboys prennent quand même dix grosses minutes à se dire avec grandiloquence "Merci de m'épauler, Johnny. T'es... t'es un frère ! Ta confiance m'honore" et blablabla pendant que les autres continuent à tirer, et ça dure tellement longtemps que ça devient hallucinant de connerie. Ben la scène du jeu est encore pire.

À partir de là, le jeu se transforme en J-RPG débile. On découvre encore de nouvelles quêtes annexes, dont des combats clandestins où les techniques d'anti-jeu sont à prescrire fortement pour éviter la crise de nerfs, la gestion d'un binoclard qui veut apprendre les arts martiaux et dont les combats auxquels on participe par QTE sont abusés niveau timing. On vous demandera même de creuser dans les égoûts, et la deuxième fois, c'est un copain qui s'en occupe pendant que vous... vous devrez le protéger en tapant dans d'ÉNORMES rochers qui vous déboulent dessus... Trop. Crédible. Ça c'est un jeu de Yakuza... ... Le jeu commence à suinter la PS2 japonaise par tous les pores, et pas forcément la meilleure part de la PS2. En gros, à part les combats, tout le reste du gameplay est soit anecdotique, soit complètement pourri.

On a aussi l'impression de ne plus avancer, on ramasse encore des mémos, on découvre encore de nouveaux tutoriaux  et même un tout nouveau système monétaire. Le jeu se disperse trop, ça part dans tous les sens, ça déborde de partout, après 20 heures de jeu j'ai encore la désagréable impression d'en être au début. Le jeu s'étale de plus en plus en largeur dans des quêtes annexes qui ne me donnent strictement aucune envie de m'investir. Des fois je ne savais même plus si ce que je faisais allait dans le sens du scénario ou si je me perdais dans un à-côté insignifiant.

Après des heures à marteler X pour passer ces foutus dialogues qui n'en finissent plus, j'abdique. Yakuza 4 a eu raison de moi. Je m'en fous que le jeu fasse PS2 sur ses graphismes, sur les décors, l'animation des personnages, et même sur son système de combats. Il a tout de même très bonne allure, et j'y trouve plus d'intérêt qu'à la plupart des jeux récents qui sont aux normes. Mais le scénario envahissant, terriblement lent, se permet en plus de devenir ridicule (et pas juste pour la scène décrite). L'avalanche de quêtes secondaires pourraves, même pas dans le thème du jeu et baignant dans les clichés du J-RPG (essayer tous les menus du resto...), déjà je ne pouvais pas le supporter sur PS2, mais sur PS3 c'est juste inconcevable.

Yakuza 4 jouit du savoir-faire et de la précision indéniable des Japonais dans le domaine du jeu vidéo. Il souffre malheureusement aussi de ses clichés, et pour moi ça ne passe pas.