Fin 2007, la série des Resident Evil nous arrivait presque toute fraîche et presque toute neuve, dans un genre déjà expérimenté sur PS2 quelques temps auparavant : le ball trap à zombis corral. Avec ce Umbrella Chronicles, il eût été légitime d'espérer un intérêt renouvelé, une approche plus viscérale de l'univers, plus dynamique que les versions "aventure". Mais fort de son succès, ce premier essai sur Wii ne fut pas pour autant une réussite ludique. Un raté mémorable que les développeurs nous promettaient revu et corrigé dans ce nouvel opus, The Darkside Chronicles. Pouvait-on leur faire confiance ?

Si vous désiriez revivre une partie de vos souvenirs, retourner dans les méandres de Resident Evil 2, 3, etc., Darkside Chronicles vous touchera probablement. Les décors sont resplendissants, les ambiances esthétiques nous plongent dans l'univers si particulier de Resident Evil. On ne nous ment donc pas, dans les grandes lignes, le cahier des charges est respecté, mais...

Une tranche de technique

... cela ne vous fera certainement pas oublier la rigidité des animations, leur statisme latent, leur monotonie et la grossièreté de certaines situations laconiques. A certains moments, je me suis payé des tranches de rire à épier le désastre. Les animations des personnages principaux sont particulièrement minables. Grand fan de Resident Evil 4, je pestais déjà sur la débilité des zombis, capables de piquer des sprints de 20 mètres pour vous rattraper, pour s'arrêter brutalement et attendre patiemment qu'on leur loge une balle dans la boite à souvenirs comme des espèces légumineuses. Le 5 avait réitéré la chose, et ce n'est pas ce Darkside Chronicles qui vous étonnera. Je vous l'ai dit précédemment, Capcom a mis un point d'honneur à respecter le cahier des charges... Minable ! On est bien loin des canons du genre, Left 4 Dead en tête de file avec une tension palpable. Les jeux sur rail, qui ont eu leurs heures de gloire en salle d'arcade ont pour caractéristique de mettre très rapidement dans la frénésie de leurs ambiances (Time Crisis, House of the Dead, etc.). Tout va vite, le flux est tendu, toujours sur le fil, les ennemis pleuvent, afin que la rejouabilité s'y accommode. On n'a pas le temps de tous les dézinguer, on n'a pas le temps de faire ce que l'on veut la première fois que l'on y joue. Bref, de l'arcade quoi !! Mais ici, n'oubliez pas que Capcom revisite le genre. Je m'explique...

Pour deux tranches de rire !

... dans la série des Chronicles, Capcom a préféré placer l'ambiance avant la frénésie, la narration avant l'énergie, la psychologie avant le grotesque de situation. Et on peut difficilement le leur reprocher. La seule chose un peu plus embêtante qu'on puisse improuver est qu'il n'ont ni réussi à installer une ambiance prenante, flippante ou sous tension, ni réussi à ne pas faire passer les personnages pour des grosses tanches, ni réussi à écrire une histoire et des dialogues qui ne soient pas complètement nazes... Ca blablatte sans arrêt, et sans intérêt. Bref, on s'ennuie ferme, on se fait chier et parfois même, plongé au cœur de cette déprime vidéoludique, on se marre nerveusement. La mise en scène est une des plus kitsch que j'ai pu voir depuis longtemps. Tous les poncifs du genre y sont réunis. Alors que les rail-shooter sont habituellement des montagnes russes, des attractions mouvementées qui nous ballotent de situations excitantes en postures galvanisantes, The Darkside Chronicles nous ennuie... Bien entendu, on pourrait croire qu'une bonne réalisation technique puisse sauver les meubles d'un tsunami de répugnante néantise ludique, mais malheureusement, elle fait partie intégrante de la mollesse narrative ; sa nullité contribue à l'écoeurement...

Ce que Sega embrassait avec leur House of the Dead Overkill, en renouant avec les fondamentaux, Capcom et sa série de Resident Evil Chronicles sur Wii s'en éloigne définitivement. Ainsi, ils sont parvenus à nous pondre un jeu au moins aussi faisandé que le Dead Space Extraction d'Electronic Arts. Prévisibles, ringards, entachés de dialogues à côté de la plaque et nourrit de l'énergie d'un poulpe shooté à la vodka, Resident Evil et Dead Space Extraction sont comme je l'entends trop souvent, des rail-shooters "nouvelle génération" ou la turlutaine importune de putréfaction d'un genre...