Déjà un immense succès, avec 7 millions d'exemplaires vendus depuis sa sortie en mai dernier, Red Dead Redemption (RDR) risque de s'imposer comme l'un des meilleurs jeux de l'année.

En 1911, aux Etats-Unis, un ancien bandit du nom de John Marston est forcé par le gouvernement de capturer Bill Williamson, l'un de ses anciens complices, afin de retrouver sa femme et son fils. L'homme au visage balafré de cicatrices rêve désormais d'une vie de fermier, mais c'est bien un fusil à l'épaule que se fera son long chemin vers la rédemption...

Au tout début du jeu, John Marston attaque le fort où se trouve Bill Williamson, mais est blessé et laissé pour mort. Une fermière qui passait par là, Bonnie MacFarlane, le recueille alors, puis lui accorde l'hospitalité. Le début de l'aventure, dans son ranch, se fera donc en douceur, le temps pour RDR d'expliquer ses bases et de poser son ambiance. D'emblée, c'est d'ailleurs le soin accordé par les développeurs à la mise en scène, cinématographique, et aux dialogues, très travaillés, qui saute aux yeux.

Concrètement, Red Dead Redemption suit le modèle de GTA (du même développeur, Rockstar), avec un monde ouvert où quelques indicateurs, signalés sur le radar et sur la carte, nous confient quand on les rencontre des missions qui font avancer la quête principale. En marge de celle-ci sont proposées diverses activités annexes.

Mais une fois le joueur sorti du ranch de Bonnie MacFarlane, l'aventure ne décolle pas pour autant. Certes, la réalisation de RDR est superbe, avec des paysages vastes, variés et dépaysants, secondée par une prise en main qui, dans les longues chevauchées comme les fusillades - avec vue derrière l'épaule et mise à couvert -, fonctionne à merveille. Néanmoins, à cause de la structure ouverte du jeu et de la relative répétitivité de ses premières missions, un léger manque de rythme se fait sentir.

L'univers immense de Red Dead Redemption mérite alors d'être exploré. Si les villes sont très petites mais denses, leurs environs, sans être surpeuplés, créent sans mal une véritable impression de vie, grâce aux autochtones que l'on y croise et une faune omniprésente. Et les occupations sont nombreuses : rendre service à d'autres personnages (quelques secondes seulement ou le temps d'une quête annexe), nettoyer des repaires de bandits, traquer des criminels recherchés, remplir des défis pour obtenir de nouvelles tenues, chasser, s'essayer au jeu du couteau, au poker, au black jack, se battre en duel... La liste est longue. Enfin, à côté de son aventure très sombre, RDR propose aussi de s'amuser un peu - à la manière de GTA -, avec par exemple la possibilité de capturer une victime à l'aide de son lasso, puis de la traîner derrière son cheval...

Il faudra néanmoins réfléchir sans cesse à votre comportement, car toutes les actions du joueur se voient suivies de conséquences par le biais d'une jauge dédiée. Ainsi, rendre service aux autochtones en détresse procurera, à terme, un certain nombre d'avantages, comme celui de n'être recherché que pour des délits graves ; à l'inverse, semer la terreur sur votre passage vous confrontera aux forces de l'ordre.

Mais si RDR pousse à l'exploration, il serait dommage de ne jamais revenir à la quête principale, car celle-ci dévoile dans sa seconde partie un tout autre visage. En effet, avec l'arrivée de John Marston au Mexique, le contexte varie sensiblement. Dynamisée par son nouveau décor, les personnages qui viennent d'apparaître, la révolution qui se trame et la variété des missions, l'aventure devient soudain très prenante.

Mis en valeur par d'excellents dialogues et des personnages attachants (charismatiques comme John Marston ou, pour la plupart, complètement déjantés), RDR se révèle, dans son traitement, plus mature qu'il n'en a l'air. Des thèmes variés, comme la révolution mexicaine et les rapports entre Américains et Indiens, sont ainsi abordés, alors que l'époque des cow-boys cède sa place à celle de l'automobile, du cinéma et du train à vapeur. Enfin, quelques rares répliques assassines glissées par les personnages écorchent clairement les travers actuels des Etats-Unis...

Le soin accordé à RDR par les développeurs de Rockstar est visible aussi à ses nombreux détails qui renforcent l'immersion : la possibilité, à cheval, d'aller au même rythme que son interlocuteur en pressant un bouton ; le cycle jour/nuit et les conditions climatiques ; la qualité des animations...

Un rien contemplatif, le jeu plaira d'ailleurs surtout à ceux qui aiment prendre leur temps et profiter du paysage dans leurs longues chevauchées, même si les options offrent un vrai confort et qu'on ne s'ennuie presque jamais. Soutenu par une bande-son discrète mais envoûtante, RDR dévoile des décors qui valent la peine d'être visités, des monts rocailleux du Mexique aux plaines neigeuses du Nord. Sortir de sa chambre (où l'on peut sauvegarder), le matin, à Armadillo (la première ville du jeu), puis découvrir tout autour les maisons et l'horizon ensoleillés procure ainsi un sentiment d'immersion rarement atteint.

Inégal, RDR ne s'épargne pas certaines longueurs dans sa quête principale. Pourtant, cette aventure sombre et mature se révèle globalement excellente. Le scénario est à la hauteur, et à certains points cruciaux de l'histoire, quelques chevauchées sublimées par une bande-son puissante s'affirment comme des moments mythiques. Aussi réussie que celles de jeux linéaires, cette quête principale m'a parfois rappelé Uncharted 2, voire Heavy Rain (pour l'attachement aux personnages par des scènes du quotidien).

Grâce au Dead Eye (une option qui permet, en appuyant sur le stick droit, de ralentir le temps pendant quelques secondes pour marquer les cibles à éliminer) et au verrouillage automatique des ennemis, l'aventure s'avère d'ailleurs assez facile. Mais elle reste assez conséquente - comptez une quinzaine d'heures -, et les nombreux à-côtés proposés par le titre occuperont au moins quelques temps.

Histoire d'augmenter encore sa durée de vie, RDR propose, en ligne, un mode multijoueurs. Si les parties compétitives sont dans l'ensemble agréables, elles ne captivent pas non plus, à la façon de GTA IV.

Il est finalement difficile de trouver des défauts à RDR. Outre les longueurs de l'aventure principale, seuls quelques bugs gênants, un affichage parfois tardif et de rares passages décousus m'ont gêné. Mais c'est bien peu comparé aux qualités du jeu...

Beau, riche et marquant dans sa quête principale, Red Dead Redemption est assurément un grand jeu. A noter d'ailleurs qu'il n'est pas nécessaire d'être un fou de western pour l'apprécier. Mais avec son ambiance travaillée, RDR évoque sans cesse le cinéma, et c'est peut-être là qu'il puise sa plus grande force : immersif comme un film, varié comme un jeu, il se révèle un parfait mélange. Excellent.