Dans notre média, on tombe parfois sur de
bonnes surprises. Des jeux sortis de nul part qui sont brillants tant
sur le plan scénaristique qu'en matière de gameplay. Des premiers jets
que les gamers suivent du coin de l'œil en croisant les doigts pour que ça
fasse un bon jeu. Il y a aussi des grosses licences qui ne donnent rien
depuis de nombreuses années, et qui font sourire lorsqu'un nouvel opus
est annoncé, tant il ne peut être de qualité. Aujourd'hui il arrive que
les deux phénomènes se produisent ensemble, qu'une grande franchise
prenne des risques dans un premier jet totalement maitrisé, complet, et
d'une incroyable sincérité. Batman Arkham Asylum est de ceux là.

La licence Batman revient en force dans le monde depuis que Christopher Nolan nous pond des films de grande qualité. A la sortie de Batman Begins, un jeu vidéo éponyme avait vu le jour (Le making of); pas mauvais sans être mémorable. On s'attendait tous à l'adaptation de The Dark Knight, qui devait être développé par Pandemic Studios et édité par Electronic Arts, mais étonnamment ce jeu ne vit jamais le jour. Pourquoi? problèmes liés à la mort d'Heath Ledger? Aux difficultés de Pandemic qu'EA vient de fermer? Aucune réponse, c'est en effet bien dommage, car même Gary Oldman (Gordon dans le film)
avait annoncé avoir vu des séquences du jeu, et que Batman était criant
de réalisme. Peut être que ce projet s'est transformé en The Saboteur, prochain titre de Pandemic (Et le dernier ), allez savoir.
Le fait est que, sorti de nul part, Batman : Arkham Asylum s'annonce sous la houlette de Rocksteady et Eidos (aujourd'hui Square Enix Europe), n'ayant rien à voir avec les films, plus orienté comics, voir même comme une adaptation non-officielle du graphic novel "Arkham Asylum" de Grant Morrison et Dave McKean.
L'histoire est d'une simplicité glaciale : Après avoir été arrêté par Batman et emmené à l'Asile d'Arkham, le Jokertend un piège au Chevalier Noir en libérant les dangereux internés à son service et empêchant l'entrée et sortie totale de l'asile.
De plus, le Joker menace de faire exploser des bombes tout autour de
Gotham si quelqu'un tentait d'entrer dans l'asile. Le célèbre justicier
devra donc s'aider de sa panoplie de gadgets high-tech tout en usant de
ses talents d'arts martiaux et de détective afin d'affronter les pires
criminels de Gotham et mettre fin aux agissements de son ennemi juré et
de ses acolytes.
l'occasion pour le joueur de retrouver certaines figures emblématiques de la franchise, comme Gordon, Harley Quinn, Bane, Poison Ivy, Zsasz ou encore Killer Croc;
dans un environnement unique prenant la forme d'un grand hub à la Mario
64 dans lequel nous devrons nous déplacer pour remplir différents
objectifs.
Point de Gotham ouverte donc, où nous aurions pu nous balader en Batmobile (présente dans le jeu mais inutilisable)
à la manière d'un GTA; mais toujours mieux qu'une succession de niveau
comme c'était le cas dans les anciens opus. Offrir un environnement à
demi ouvert est sans conteste l'un des points forts de ce jeu, et en
même temps son talon d'Achille. Car en effet, on sent que Rocksteady a
visé petit, comme pour sonder le terrain, et le succès du jeu amènera
j'en suis persuadé, un deuxième titre encore plus ouvert.


Constitué de différentes phases de gameplay, BAA varie entre l'infiltration, la plateforme, l'enquête et le combat.
L'infiltration est essentielle pour Batman, car il n'a pas de super
pouvoir, il n'est rien d'autre qu'un homme, et les balles lui font
autant de mal qu'à nous (un petit peu moins quand même sinon ça ne serait pas drôle).
C'est pourquoi il est nécessaire pour le joueur de rester invisible, se
faufiler discrètement derrière ses adversaires, se cacher en hauteur
pour surveiller ses proies, etc... En effet notre Batou est un
véritable prédateur, cauchemar pour les sbires du Joker, qui
deviendront complètement paranoïaques si l'homme chauve-souris se
montre silencieusement mortel. Gargouilles, ventilation, grilles au
sol... les environnements sont de véritables niveaux dédiés à la
prédation. On y retrouve la qualité de level-design de Metal Gear Solid 1, avec ses différentes possibilités pour éliminer ses adversaires (on retrouvera beaucoup de ressemblances avec le jeu de Kojima d'ailleurs) et la tension d'un Manhunt, où éliminer son adversaire avec plus de classe rapporte plus de points.

Batman étant un super-détective, tout un arsenal de gadgets vous est
offert pour venir à bout des énigmes semées par le Joker à votre
attention. Vision détective vous permettant de voir les ennemis à
travers les murs, leur niveau de stress, leur dangerosité; Batarangs,
Tyrolienne, grappin... Tout se débloquant petit à petit au rythme de
vos montées d'expérience. Intéressantes sur le papier, ces énigmes
s'avèrent manquer de diversité et de rythme, se contentant de servir
d'obstacle.


Mais que serait Batman s'il ne pouvait mettre quelques savates à ses
ennemis? En effet Batman : Arkham Asylum possède un système de combat
vraiment travaillé, et qui a d'ailleurs été mis en avant par Eidos. Le
but est simple, afin de rendre les combats stylisés et fluides,
l'accent a été mis sur la simplicité, avec un bouton pour attaquer, un
autre pour contrer, un pour étourdir et un pour esquiver. Un seul
bouton pour l'attaque, voilà qui est rare dans un jeu de ce genre. En
résulte des combats extrêmement impressionnants, tant sur l'énergie que
dans la chorégraphie. Enchainer les mandales pour parvenir à un combo
de 40 coups d'affilé procure un très bon sentiment de puissance.
Bien que toute l'île soit ouverte dès le départ, vous ne pourrez
accéder à certaines zones que si vous possédez tel ou tel accessoire (Comme dans MGS1 ), et c'est d'autant plus important vis à vis des énigmes de l'homme mystère.
Présentes comme un à-côté bonus, les énigmes de l'homme mystère sont
devenues pour moi plus intéressantes et plus prenantes que l'histoire
principale. Dans chaque niveau, un nombre de statuettes, de dentiers,
de bandes audio et d'énigmes sont cachés. Les énigmes sont des
questions posées par Nigma, dont la réponse (Toujours liée à l'univers de Batman)
se trouve dans le niveau et doit être photographiée par Batman.
Véritable addiction pour moi, les énigmes s'avèrent également utiles
pour débloquer les différents bonus du titre : Statuette de personnage,
fiche de présentation de personnage, enregistrement audio des séances
des vilains chez le psy d'Arkham.... Pour un amoureux de l'univers de
Bob Kane, il y a de quoi faire!


A la manière encore une fois de Metal Gear Solid, où parallèlement à
l'histoire, nous pouvions nous exercer aux techniques d'infiltration
sur les VR missions, il en va de même pour le titre d'Eidos qui nous
gratifie de "Défis". Ces défis sont de deux sortes: les combats et
l'infiltration. Le premier défi est bête comme chou, sur plusieurs
rounds, vous devez vous mettre violemment sur la gueule avec les
différents sbires du Joker dans une arène. Plus vous faites de combos,
plus vous engrangez de points, et pouvez donc débloquer des médailles.
Ces combats peuvent être soumis à un compte à rebours, et là ça devient
nettement plus stressant, voir frustrant.
Le deuxième défi vous lance dans une parcelle de niveau, remplie de
sbires qu'il faudra éliminer. Ici pour remporter des médailles, il
suffit d'éliminer les ennemis via différentes manières imposées.
Et pour les heureux propriétaires de Playstation 3, quelques défis en
exclusivité vous permettent de contrôler le Joker lui-même. Identique
dans les défis combat (Excepté la gestuelle totalement dingue du personnage),
l'aventure infiltration est nettement plus corsée car vous ne possédez
pas tout l'attirail de Batman. Muni simplement d'un dentier explosif,
d'un fusil à une seule munition, et d'une paire de lunettes vous
permettant de voir au travers des murs, cette phase sert bien plus de
troisième mode de défi et offre au joueur de nouvelles perspectives de
jeu.
Mais le titre de Rocksteady n'est pas pour autant exempt de défauts. On
pourrait signaler la quasi absence de moteur physique, rendant l'asile
incroyablement statique. Taper comme un sourd sur une plante ou une
porte de placard, sans aucune réaction, c'est assez triste dans un jeu
de ce genre. Le pire selon moi c'est qu'il y a un bien un moteur
physique, mais il n'est utilisé que sur certains objets comme les
grilles de ventilation, ou lors des combats (mais souffre de bugs de collisions).
Deuxième point noir technique, les textures mettent parfois du temps à
s'afficher sur le décor, et de petits temps de chargement viennent
parfois hacher la progression lorsqu'on passe d'une pièce à une autre.
De manière plus subjective, le scénario n'est pas non plus
transcendant, et je mise encore une fois sur la volonté de Rocksteady
de la jouer petits bras.

Surprenant de qualité et d'ambitions pour l'avenir, Batman : Arkham
Asylum fait renouer la franchise avec le succès critique et commercial
dans sa branche jeux vidéos. Jamais révolutionnaire, mais se servant
intelligemment des qualités d'autres jeux, le titre de Rocksteady
brille par sa sincérité et le talent de ses développeurs pour fournir
aux fans de l'homme chauve-souris une œuvre fidèle et boostée à bloc.
Un régal!
 

 

Anfalmyr