Vous êtes déjà allés à Provins ? Parce que c'est génial Provins. Même quand il fait chaud, avec une maille de onze kilos sur le dos, une chemise en lin, et tout un bardas qui ajoute un sacré poids sur vos épaules.

Et bien le premier Assassin's Creed sorti en 2007, était comme une première expérience à Provins : un sacré trip, une belle reconstitution, imparfaite mais à laquelle on accroche des souvenirs de grande qualité. Il y a beaucoup de paysans, des templiers, des saltimbanques, des crieurs, des marchands, des religieux, des touristes, et surtout énormément d'ambiance typiquement médiévale, en tout cas comme on s'imagine le Moyen-Age. Et cette période médiévale, très imagée, très rêvée, était, pour une grande part, la raison principale de la réussite d'Assassin's Creed. En plus de la classe naturelle d'Altaïr, bien sûr.

Par contre, d'aucuns diront que c'était répétitif, très linéaire, pas très long, un peu vide mais surtout redondant. C'est vrai, mais c'était tout de même grandement plaisant de pouvoir grimper les minarets de Damas pour scruter l'horizon chargé de montagnes. Alors l'un dans l'autre on avait un gameplay un peu vide, qui se mordait souvent la queue, dans une univers exceptionnel, plein de charme, de lumières orientales, de saveurs et d'odeurs qui parvenaient presque à venir nous chatouiller l'inconscient, de dangers et de mystères à la croisée des chemins entre l'orient et l'occident.

Assassin's Creed II poursuit les aventures numériques de Desmond Miles dans l'Italie de la Renaissance.

La Renaissance, c'est super classe. Les gens sont bien habillés, ils ont des bottes en cuir, les prostituées s'appellent des courtisanes, les palais sont en marbre, et en Italie, les poseurs sont rois. Ezio reprend le rôle d'Altaïr. Et ça tombien bien parce que c'est un poseur, un beau gosse, un séducteur. D'ailleurs on le voit découvert (impossible pour Altaïr) et n'hésite pas à utiliser ses charmes pour obtenir ce qu'il veut. Ca n'est pas la même classe, il n'y a plus de force évocatrice, on nous montre et nous démontre qu'il est supérieur à Altaïr, de par ses armes, son armure, ses mouvements.

Et c'est là que les choses commencent à prendre une tournure réussie mais aussi symptomatique de la mort de l'évocation, de l'imaginaire et du rêve dans les grosses productions vidéoludiques. On doit nous montrer plus grand, nous montrer plus joli, plus tout en fait. Et au final c'est sympa d'avoir plus de possibilités, que ce soit moins répétitif, de pouvoir engager des hommes de main pour distraire des gardes, pour nous aider à défaire une cohorte de soldats, de pouvoir faire des courses, d'aller casser la tête à des maris adultères, de chercher des plumes pour obtenir une arme et une cape. Mais bien que l'ambiance soit toujours extrêment travaillée, la structure est identique au premier épisode, et ça en devient répétitif. Mais pour celui qui rentre de plain-pied dans cet univers pré baroque, il ne peut que féliciter la structure des villes, la couleur choisie pour chacune, les petits à côtés qui permettent de reconstruire un univers bien vivant.

Assassin's Creed II est le digne héritier de son père : il reprend les mêmes qualités, les mêmes défauts, suprime un peu la difficulté, remplace l'imaginaire par des villes plus nombreuses et plus variées, cache la misère par des pirouettes de gameplay, évite la monotonie, donne aux missions principales des orientations originales. Mais son plus gros défaut est intrinsèquement lié au lieu et au temps : pourquoi est ce qu'on se retrouve à la Renaissance ? ça avait quand même vachement plus de gueule quand c'était les guerriers teutoniques qui nous coursaient dans les ruelles de Acre ! parce que Venise... les dangers ne sont plus les mêmes, on peut se noyer à Venise...

D'ailleurs, vous êtes déjà allés à Provins ? parce qu'à Provins, il y a plein de templiers, de paysans, de crieurs, d'odeurs particulières...

... mais aucun vénitien !

...sauf ceux qui se sont plantés de sortie !