J'espérais un thriller SF, une histoire prenante avec des personnages attachants, sur fond de relique extraterrestre et civilisation ancienne alien; j'ai eu un simulateur de catastrophe spatiale.

J'emploie le mot "simulateur" pour exprimer que je n'avais pas le sentiment d'être face à une oeuvre en jouant à Dead Space, mais bel et bien face à un simulateur. Dans un film, l'auteur nous montre ce qu'il veut qu'on voit. Il écrit ses personnages. Dans Dead Space, le héros ne parle pas. Il n'y a pas de cinématique, aucune mise en scène puisque le joueur est constamment en contrôle de la caméra.

Dead Space, c'est un contexte, un univers que le joueur doit explorer conformément aux règles. Au fond ça me rappelle beaucoup Demon's Souls, même si Dead Space propose quand même un background un peu plus détaillé et des personnages secondaires. Mais ces éléments restent du décor.

Ma position c'est que Dead Space, c'est pas une oeuvre, c'est un simulateur. Parce que trop de liberté est laissée au joueur. Il n'y a pas de mise en scène imposée, le héros n'a pas de voix, pas de personnalité imposée non plus: tout est fait pour que le joueur se glisse dans l'armure d'Isaac et vive lui-même cette exploration de vaisseau remplie de créatures effrayantes à démembrer.

Dead Space c'est ça: une promenade dans un vaisseau rempli de créatures monstrueuses qu'on va s'ingénier à démembrer proprement. Et aussi un background à découvrir, que j'ai trouvé malheureusement un peu léger.

Mon problème est que ce trip ne s'est révélé intéressant que lors des premiers chapitres. Visiter les couloirs d'un vaisseau spatial et charcuter des monstres, c'est marrant quelques heures, pas plus. Les révélations arrivant au compte-goutte et étant plutôt limitées, j'ai dû un peu me forcer à terminer le jeu.

Je reviens sur ce que j'ai dit auparavant: que le héros Isaac Clarke n'a pas de personnalité. C'est dommage parce que sur le papier, j'étais prêt à m'inquiéter pour lui: un ingénieur embarqué sur une mission de sauvetage qui cherche à retrouver sa copine coincée sur le vaisseau où il est arrivé... J'étais tout prêt à m'investir à fond dans cette mission. Le problème est que cette dimension narrative ne dépasse pas le synopsis. Absolument rien ne vient développer pendant la partie l'attachement ou l'inquiétude que pourrait ressentir Isaac vis-à-vis de sa copine. Je suis arrivé à la conclusion que cette histoire sentimentale dans le synopsis n'était là que pour la forme, alors que Isaac durant tout le jeu n'existe pas vraiment en tant que personne.

J'avais un dernier espoir, les commentaires des objectifs de mission. Ecrits par Isaac (oui oui!) c'était le dernier refuge possible pour qu'il exprime des bribes de personnalité. Las, le ton des commentaires est tellement détaché de l'horreur qu'inspirent les événements que je n'y ai pas cru une seconde. C'est à ce moment-là que j'ai perdu espoir pour que le jeu décolle vraiment...

Le gameplay, pour sa part, je l'ai trouvé correct, sans plus. Pas les cîmes de fun de Demon's Souls mais pas non plus l'ennui, les assauts de monstres étant toujours stressants et l'aspect gestion de son inventaire un classique qui a fait ses preuves. En normal je ne suis presque jamais mort, tandis qu'en difficile c'était très chiant (on meurt aléatoirement, on recharge et ainsi de suite jusqu'au coup de moule). Le challenge de Dead Space n'est pas ce que j'appellerais bien foutu.

Mais fun ou pas fun j'attends plus d'un JV que d'explorer des couloirs ou jouer au boucher sur des monstruosités.

A noter quand même l'originalité des phases en zéro gravité et celles où l'on se retrouve dans l'espace sans oxygène. Je précise que j'ai fait les trois premiers chapitres l'année dernière en mode difficile, avant de recommencer récemment l'aventure pour de bon en mode normal. Je le dis parce qu'avoir terminé plusieurs fois un jeu et en parler comme j'en ai parlé juste au-dessus pourrait sembler incohérent.

J'ai écrit ce texte en ayant fini le chapitre 10, maintenant que j'ai terminé le jeu, je dois dire d'abord que la narration prend plus de place à la fin (les deux derniers chapitres sont assez riches en rebondissements). Et aussi, que je ne peux bouder mon plaisir du trip spatial en HD: se balader dans un vaisseau avec une caméra aussi immersive et une qualité graphique tellement au top, ça me fait mettre un point de plus que ce que j'avais prévu au départ.