J'ai eu l'espoir, il y a quelques mois, que je me délecterai de ce jeu comme j'ai pu le faire avec les autres opus de la franchise R*. Ces ambiances admirablement retranscrites, ces histoires toujours alambiquées, ces personnages psychologiquement profonds, cette liberté plus ou moins totale, ces missions variées, bref ; la mayonnaise n'a pas du tout prit pour ce L.A NOIRE.

Team Bondi/Rockstar ont voulu innover, et, il ne faut pas cracher dans la soupe, c'est tout en leur honneur. La motion capture est la colonne vertébrale du jeu. Chaque rictus, chaque émotion de faciès est retranscrite de façon assez convaincante et remarquable (il suffit de voir la comparaison entre les véritables acteurs et les personnages in game). C'est donc grâce à la Motion Scan que l'intérêt du jeu se présente : savoir flairer si le bonhomme d'en face dit la vérité, vous tourne en bourrique ou vous ment littéralement.

Ces avancés technologiques exploitées, on aurait pu s'attendre à un jeu de détective en bonne et due forme, avec un scénario bien ficellé (et R* sait en faire), des personnages charismatiques et convaincants, une liberté de jeu étendue, une immersion dans le Los Angeles post- seconde guerre mondiale ... il n'en est rien, LA NOIRE reste prisonnier de la motion capture. A trop être pointilleux sur cet aspect du jeu, les autres dimensions n'ont pas été exploitées et c'est bien dommage.

Le gameplay ressemble a peu de chose près à un jeu R*, nous ne sommes pas dépaysés quant à la maniabilité de Cole. La fluidité est moins au rendez-vous, mais à part ça, rien de déplaisant ma fois. Encore heureux car le jeu en lui meme est assez lent par sa trame narrative qui ne décolle jamais vraiment. Les phases d'actions sont dignes d'un MAFIA 2, c'est à dire peu interessantes. De temps en temps, votre suspect s'enfuira, il faudra lui courir après, lui faire un plaquage, ou alors faire une course poursuite ... mais pour se faire semer, il faudra le faire expres car le suspect finit toujours pas s'encastrer dans le décor ... vous n'aurez plus qu'a le cueillir .... c'est dire. Les phases d'actions avec des armes sont elles aussi assez peu rigolotes, si bien que les combats à mains nues demeurent plus intéressants. Heureusement, il est possible de sauter les phases d'actions sans que cela n'altère l'histoire, à qui le voudra, pour ma part, au bout de quelques unes, je les ai sauté.

En bref, la liberté est inexistante. Le joueur est un pantin. Tout est mit sur des rails, là où nos choix devraient guider le fil du jeu, c'est le jeu qui guide le joueur, si bien qu'on est prisonnier de celui-ci et cela rend l'immersion quasi nulle.

L'ambiance quant à elle, parlons-en. Les décors sont bien retranscrits, et l'immensité de L.A est bien au rendez-vous, mais encore une fois, le manque cruel de liberté dans le jeu et les interractions entre les habitants sont inexistants.Une chose fondamentale m'a frappé dans le jeu, et ce après maintes tentatives : je n'étais pas avec en 1947, je n'étais pas Cole, inspecteur de Police et ancien Marines qui a butté du Jap', je n'étais pas non plus un résident de Los Angeles, non, j'ai eu l'impression de n'être qu' un visiteur dans cette ville, un homme qui fait banalement son boulot de flic et non un de ses citoyens qui se bat pour son prestige et sa bienséance ... hélas je n'attendais que ça. Cependant, il faut avouer que les musiques sont bien choisies et offrent au joueur un ticket allé simple pour les années 40, l'essor blues, jazz en tout genre est au rendez-vous. En outre, si le scénario a mit les pieds dans le plat, l'agencement des cinématiques est quant à elle bien foutu, et assez bien romancé.

Le scénario est la chose qui m'a le plus déçu. Les personnages et leurs histoires sont éparpillées, peu profondes, et quand quelque chose arrive soudainement, cela arrive comme un cheveux sur la soupe ... Les missions sont répétitives à mourir, si bien que j'ai dû me torturer pour finir le jeu. Les objectifs ne sont certes pas les mêmes, mais le principe reste identique pour chaque foutue mission : on vous envoie sur un lieu où le crime s'est déroulé, vous collectez les indices, vous interrogez les suspects, essayez de savoir s'ils mentent ou non, et voilà, cela pendant 21 putains de missions. Merci, mais non merci. Ah oui, il y aussi des missions annexes ..... un peu plus variées cependant, mais elles restent courtes car annexes.

En bref, LA NOIRE se brule avec ses propres cendres, et c'est bien dommage, l'ivresse n'est pas au rendez-vous. Manque de liberté, manque d'immersion, manque de diversité, manque de scénario sont les constats après une bonne quinzaine d'heures de jeu. On apprécie certes la motion capture, mais le jeu (contrairement à un HEAVY RAIN excellent) passe à côté. On regrettera aussi le manque de fins alternatives, car nos choix n'ont visiblement pas d'incidence sur le bon déroulement de l'enquête : quoi que vous décidiez, le "coupable" sera arrêté.

Un jeu qui a l'emballage mais pas le contenu. Dommage, on repassera.