Pour leur premier jeu, le nouveau studio de développement Eidos Montréal s'attaque à un mythe vidéoludique. Un challenge qui doit être excitant comme très stressant surtout quand ce mythe s'appelle Deus Ex. Reste à savoir si le studio canadien est parvenu à relever le défi de réaliser une préquelle digne de ce nom avec Deus Ex Human Revolution.

 

Réalité augmentée.

 

En 2027 l'Humanité à succomber aux joies des Augmentations, une technologie capable d'améliorer le corps humain. Que ce soit un implant dans les yeux pour voir de très loin ou carrément une greffe d'un bras bionique afin de soulever n'importe quelle charge, il n'est pas rare dans cet univers sombre et froid de croiser une personne possédant des Augmentations. Mais cette technologie encore nouvelle provoque des rejets par l'organisme. Une des plus grosses sociétés créatrices d'Augmentations, Sarif Industries, a réussi à mettre au point un vaccin contre cela grâce aux recherches de Megan Reed, une brillante scientifique. Encore sous forme de prototype, elle doit présenter ses travaux à un comité scientifique à Washington. Son ancien compagnon, Adam Jensen, chef de la sécurité chez Sarif Industries doit se charger de sa protection mais ce soir là un groupe terroriste va attaquer la société et le laisser pour mort. « Ressuscité » grâce aux Augmentations, Adam est devenu un être de chair et d'acier. Remis sur pieds bioniques six mois plus tard, il va devoir enquêter sur cette attaque ce qui l'amènera à découvrir une vaste conspiration.

Deus Ex Human Revolution possède un scénario riche et profond ainsi qu'un background énorme qu'il sera facile de se plonger dedans. D'autant plus que l'univers dépeint par Eidos Montréal est crédible et possède une direction artistique des plus réussis. Le jeu comportera aussi des quêtes secondaires qui n'ont de secondaires que le nom. Ces dernières seront indispensables pour tout comprendre, sans compter qu'elles sont variées et plaisantes à jouer. Bien sur on pourra regretter que seul les choix faits durant la dernière demi-heure de l'aventure influenceront sur les différentes fins du jeu ou que certain retournement de situation soit prévisible longtemps à l'avance. Mais tout ça ne gâche en rien l'excellent travail qui a été réalisé sur le scénario de Human Revolution.

 

Un gameplay en Adamantium.

 

Deus Ex Human Revolution n'est pas un FPS comme les autres. Ici on est bien loin d'un Call of Duty et autres jeux de guerre grand spectacle. Greffé d'Augmentations oblige, Adam aura la possibilité d'améliorer ses divers capacités (invisibilité durant une courte période, expert en piratage, être plus résistant etc etc...)durant le jeu en gagnant de l'expérience. Cette dernière s'acquiert en remplissant les objectifs de mission bien sur mais aussi en explorant les moindres recoins du décor, en lisant des documents ou en privilégiant l'infiltration. Car la grande force de Deus c'est le choix de la méthode donné aux joueurs. Il y a toujours plusieurs façons d'arriver à ses fins. Que ça soit la manière forte ou douce, mais aussi d'autres choix qui laissent la part belle à l'improvisation. Des sensations que l'on n'avait pas retrouvées depuis un certain Hitman Blood Money.

Il existe aussi un côté Survival où il faudra gérer son inventaire façon Resident Evil, refaire le plein de ses batteries et les munitions ne sont pas en quantités illimités obligeant à fouiller constamment les cadavres pour trouver de précieux objets. Durant certaines phases de jeu, comme monter/descendre des échelles, se mettre à couvert ou frapper un ennemi, le jeu passe de la première à la troisième personne. Un choix plutôt étrange qui gâche légèrement l'immersion. Le système de dialogue lui non plus n'est pas très convaincant. Chaque décision prise n'aura que très peu voir pas du tout de répercussions sur la suite des évènements comme on peut le voir dans la saga Mass Effect. Mais rien de tout ça vient ternir l'excellent travail effectué par les développeurs sur le gameplay riche en possibilité servi par un level design tout aussi varié et une jouabilité sans accroc.

 

Univers déprimant tout comme sa réalisation.

 

Avec un scénario passionnant et un gameplay ô combien jouissif, Deus Ex Human Revolution avait toutes les cartes en main pour devenir un grand jeu si la réalisation générale du titre avait suivit le même parcours, mais hélas il en est tout autrement... D'abord le jeu est limite moche avec des textures baveuses sur les gros plans et ces dernières ont tendances à s'afficher tardivement. Les personnages ne sont pas très expressifs et font toujours la même animation qui tourne en boucle quand on leurs parle.

Pareil pour la bande son qui ne s'en sort guère mieux avec une VF sur jouée et sans aucune synchronisation labiale. Les musiques sont trop discrètes et seuls les bruitages sauvent légèrement la donne malgré leurs manque de variétés. Au niveau de l'IA ce n'est pas terrible non plus. Une fois repéré elle foncera tête baissé vers le joueur façon kamikaze au lieu d'essayer de le contourner et surtout lorsqu'une phase d'alerte est terminée, elle retournera tranquillement faire sa ronde comme si de rien était même avec un tas de cadavres éparpillés un peu partout...Malgré tous ses défauts de réalisation, aucun sentiment de frustration viendra pointer le bout de son nez durant les vingt heures de jeu que comporte Deus Ex Human Revolution et c'est bien là l'essentiel.

 

Les plus:

 

- Le scénario et l'ambiance froide.
- La direction artistique.
- Le gameplay riche en possibilité.
- Le level design.
- La durée de vie.

 

Les moins:

 

- Les graphismes.
- La VF.
- L'IA en phase d'alerte.
- Une réalisation technique d'un autre âge.

 

Tel père tel fils pourrait on dire avec Deus Ex Human Revolution qui reprend les même forces et faiblesses que son illustre modèle. Si la forme n'est pas au rendez-vous par rapport au fond, il serait regrettable de faire l'impasse sur le titre d'Eidos Montréal pour peu que l'on aime les jeux à l'ambiance soignée et au gameplay offrant un large éventail de possibilités.