Le premier Death Stranding peut être vu comme une fresque faite de science-fiction cryptique, de dialogues parfois perchés et d’élans philosophiques presque bibliques portés par une galerie de personnages torturés qui, à défaut d’être impactants pour l’histoire, marqueront les esprits. Un jeu qui n’a laissé personne indifférent et dont seuls quelques élus auront absolument tout compris une fois le générique de fin atteint. Un final qui ne laissait que peu de doute quant à l’arrivée de Death Stranding 2, l'accueil globalement très positif non plus d'ailleurs. Mais qu’est-ce que cet univers et son gameplay si atypique avaient réellement plus à nous offrir ?

Le même trip, en plus généreux

Comme Sam, héros de cette franchise incarné par le charismatique et talentueux Norman Reedus (The Walking Dead), Death Stranding 2 marche sur les traces de ceux qui sont passés avant lui tout en essayant de garder l’équilibre. Une livraison XXL de nouveautés avec une volonté de s’ouvrir à un plus large public d’un côté et de grandes ambitions de l’autre. Celles d’aller encore plus loin dans son univers narratif en reprenant tout ce qui a fonctionné avant pour ne bousculer ni ses fans ni son créateur qui multiplie les projets parallèles depuis le succès de son premier jeu indépendant (ou presque). Mais même s’il a la tête un peu partout, Hideo Kojima reste fermement attaché à son concept, ses idées, ses passions et même ses démons. Mais s'éparpiller n'aurait-il pas posé un souci dans le dosage de tous ces éléments ?

L’univers de Death Stranding semble répondre à une forme de fascination, ou d’obsession pour la relation entre la vie et la mort, de la naissance au deuil en passant par les différentes étapes de l’évolution humaine à travers le temps, notamment la parentalité. Une complexité émotionnelle, retranscrite en une narration souvent cryptique, pour les non-initiés, alambiquée et parfois inutilement difficile à digérer. Comme si l’auteur, l’artiste, ses hantises et ses passions prenaient le pas sur tout le reste, quitte à jeter la cohérence et l’accessibilité par-dessus son épaule. Le résultat est à prendre ou à laisser, l’entre-deux n’est guère passionnant. Death Stranding 2 est un jeu que l’on se doit d’adorer, ou de détester pour l’aborder comme il se doit. Si l’on se laisse aller à la critique pure, comme s’il ne s’agissait que d’un simple produit étiqueté d’un genre, il s’agirait alors d’un jeu d’action aventure à la narration aussi prononcée que bordélique et au gameplay aussi fainéant qu’il arrive à être généreux et addictif. Un titre qui se repose sur ses acquis et qui, malgré une pluie de nouveautés, peine à nous surprendre. 

Death Stranding 2 test PS5 Pro KiKiToès Jérémy.H
Dès le départ, Death Stranding 2 en met plein la vue.

Son plus gros problème étant certainement d’aller pile-poil là où on l’attend sans prendre trop de risques. De la structure aux évolutions de gameplay, pourtant très, très nombreuses, on a l’étrange sensation d’être en terrain conquis. Difficile de faire plus redondant qu’un jeu où l’on nous demande d'enchaîner des quêtes FedEx, celles-là même que l’on pointe du doigt quasi-systématiquement dans d'autres titres de calibre égal, voire même inférieur. Est-ce que Death Stranding 2 a vraiment ce qu’il faut pour passer entre les gouttes ? Est-ce qu’Hideo Kojima ne serait pas systématiquement décrit comme un génie, même lorsqu’il ne cherche plus à briller ? Difficile à dire. Le monsieur voulait un jeu clivant et là-dessus on ne peut pas lui enlever d’avoir réussi son coup.

Reste que la narration, aussi foutraque soit-elle, est passionnante pour qui acceptera de s’y plonger en s’y accrochant sérieusement. Il faut accepter de ne pas tout comprendre, de devoir assimiler tout un tas d’informations qui semblent n’être raccordées que par un seul et unique fil conducteur : son auteur et son imaginaire fertile. Malheureusement la mayonnaise ne prendra pas pour tout le monde et le jeu ne fera pas nécessairement le premier pas pour tenter de charmer les moins sensibles à ce genre d’univers perchés, mais c’est surtout parce que la structure générale du jeu n’aidera pas à avaler la cuillère. C’est assez brut de décoffrage, daté et hormis quelques fulgurances et cinématiques impressionnantes, le rythme est en dents de scie, mais majoritairement plat. Plus plat que ne l’était le premier Death Stranding en tout cas. Un comble pour un jeu infiniment plus généreux et clairement plus orienté action que son prédécesseur.

On pourrait même y voir un certain hommage à un certain Metal Gear Solid à de très, très (trop ?) nombreuses reprises. On en est même à se demander si Death Stranding 2 ne serait pas quelque part la matérialisation d’une certaine frustration, celle d’avoir perdu l’un de ses enfants lors du divorce avec Konami. Quoi qu’il en soit, le rapprochement est évident et pourra même être considéré comme un véritable easter egg pour les fans. D’un autre côté, ça témoigne aussi du manque de réelles nouveautés créatives. On recycle les mêmes idées, les mêmes thématiques. Plus que nul autre jeu du portefeuille de Kojima, Death Stranding 2 est certainement celui qui prend le moins de risques, on peut même dire qu’il se repose sagement sur ses acquis. Une sécurité et de nombreux clins d'œil réconfortants qui seront toutefois sans cesse contrebalancés par de nombreuses tentatives d'apporter encore plus de substance à son univers, peut-être jusqu’au trop-plein.

Death Stranding 2 test PS5 Pro KiKiToès Jérémy.H pour Gameblog
On se sent parfois tout petit dans un monde gigantesque.

Sam le gentil facteur solide comme un roc

On a affaire ici à une suite directe de ce qui est désormais une licence que l’on n’imagine pas vraiment s'arrêter là d’ailleurs. D’un point de vue purement narratif, s’il n’est pas nécessaire d’avoir fait le premier Death Stranding, il sera tout de même obligatoire d’en connaître au moins l’histoire dans les grandes lignes. Un bref récapitulatif de ce qu’il s’est passé est d’ailleurs présent dans le menu principal, et c’est suffisant pour mettre un pied à l'étrier. Par contre, beaucoup de références vous passeront sous le nez, sans compter le manque d’impact qu’auront certaines séquences si vous n’avez pas fait l’original.

Notre brave Sam a donc pris la tangente en quittant brusquement l’entreprise Bridges une fois toute l'Amérique du Nord réunifiée sur le fameux réseau chiral. Dans l’espoir d’offrir une vie meilleure à Lou, le BB qui l’a accompagné durant sa quête, il se planque à la frontière mexicaine et coule ce qui semble être des jours heureux jusqu’à ce qu’une vieille connaissance ne vienne lui demander son aide pour un court voyage de quelques jours. Quelques jours qui suffiront à tout faire basculer, poussant notre pauvre porteur à reprendre du service, à affronter ses vieux démons et des ennemis du passé, tout en devant faire face à une tragédie inimaginable. Sur le papier, honnêtement, c’est vendeur.

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Les échelles sont de retour, on peut même les emboité par deux pour aller plus loin.

Dans les faits, si l’on met tout bout à bout, c’est même très bon. Mais en l’état, plus encore qu’avec le premier jeu, la structure dilue presque intégralement la narration à tel point que, suivant votre manière de progresser, vous pourrez même complètement perdre le fil ou diminuer l’intensité des évènements. C’est un problème que l’on connaît et que l’on pointe du doigt dans la plupart des jeux en monde ouvert, sauf qu’ici c’est exacerbé puisque finalement on fera toujours la même chose. Et quand bien même c’est une volonté de la part du créateur et que ça fonctionnait plutôt bien avec le premier jeu qui a profité de l’effet de surprise, c’est ici redondant au possible, malgré le très grand nombre de nouveautés qui justifient presque à elles seules l'existence d’un nouveau jeu.

Sam n’a pas changé de job, même s’il joue les papas désormais. Death Stranding 2 vous demandera donc une fois de plus de raccorder ce qu'il reste de l’humanité au réseau chiral. Voyez ça comme un internet du futur. Cette fois-ci, on prend la route de l'Australie, une île connue pour la richesse de son environnement et ses conditions extrêmes. Chaud, froid, équatorial… on passe par presque tous les biomes de la planète. Un terrain fertile pour accueillir toutes les nouvelles idées de ce Death Stranding 2 comme la pléthore de structures inédites, les conditions météo changeantes ou encore les catastrophes naturelles.

Death Stranding 2 test PS5 Gameblog
Un biome dépaysant, mais bien trop petit malheureusement, c'est vraiment dommage.

Il n’y a que Sam, les autres ne comptent pas

L’objectif est donc une fois de plus de faire le sale boulot et de livrer des colis à des gens confinés chez eux pendant que quelques brigands prennent de gros risques à rester dehors. Ça ne vous rappelle rien ? Oui, ce Death Stranding 2 va certainement profiter de la très mauvaise expérience que l’on a tous vécue avec la Covid-19. L’isolement, le manque de liens sociaux ou de contacts physiques… si avant ça ce n’était qu’abstrait et sujet d’angoisses utilisées par quelques créations dystopiques, c’est désormais un passé collectif, que l’on partage tous. Du coup, une nouvelle lecture des évènements et de nouvelles sensations s’appliquent  à ce Death Stranding 2. On comprend et appréhende bien plus facilement le concept, mais ce n’est pas pour autant que tout le monde va adhérer. En l’état, le jeu ne propose qu’une multitude de quêtes de transport, saupoudrées de deux ou trois nettoyages de camps sur le chemin. En sachant qu’en plus, il n’y a strictement rien d’autre à faire à côté. La quête principale est certainement celle qui proposera le plus de « diversité », même si c’est un grand mot. On enchaînera les livraisons, mais de temps en temps on nous demandera d’infiltrer des bases ennemies, de liquider des mechas ou de nettoyer une zone infestée d'échoués, les spectres effrayants qui rôdent çà et là. La routine s’installera très rapidement, encore plus pour ceux qui auront fait le premier épisode, d’autant que le début du jeu est très long pour pas grand-chose. 

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Norman Reedus crève toujours l'écran

Livraison, retour à la base, cinématique, livraison, retour à la base, cinématique… voilà la boucle qui constitue l’intégralité de l’aventure. Le jeu est segmenté et finit par être très froid et peu engageant alors que ce qu'il nous raconte est passionnant pour tout fan de science-fiction. Quand bien même on commençait à rêver lorsqu’on nous a annoncé que l’on embarquerait à bord d’un vaisseau avec un groupe de personnages hauts en couleur à son bord, c’est définitivement seul que l’on passera la plupart de notre temps. La dimension « équipage » est inexistante, on est très loin d'un Mass Effect à ce niveau-là par exemple. Pourtant, le jeu aurait clairement gagné à développer cet aspect puisque finalement à part Sam, personne ne compte. Les personnages secondaires ne sont là que pour nous offrir des informations par communication radio ou faire briller l'impressionnant moteur graphique lors des cinématiques. 

Difficile de s’accrocher à des personnalités lorsqu’on interagit finalement très peu avec. Sans compter que pour la plupart, leur développement est artificiel. On nous raconte rapidement leur « origin story », histoire de justifier toutes les bizarreries de chacun, mais ça n'ira jamais plus loin et c’est dommage puisque certains auraient clairement mérité un vrai traitement. Il en sera de même pour celles et ceux que l’on rencontrera durant notre périple de toute façon. Une galerie de guest stars plus ou moins proche d’Hideo Kojima, une succession d’easter eggs parfois très (trop ?) personnels, mais un traitement générique et de surface pour tous alors que là encore quelques âmes présentes auraient mérité plus d’attention. Tout ceci  ne fait que  rendre l’univers de Death Stranding de plus en plus froid et bizarre, avec des personnages dotés de malformations étranges, de capacités ou de « dons » uniques, parfois  « wtf » qu’on nous justifie toujours au premier degré avec un jargon souvent scientifique, médical et inutilement confus. Heureusement que l’on peut accéder au Corpus, une banque de données qui regorge d'informations et que l’on peut consulter même durant les cinématiques, comme dans Final Fantasy 16.

Balade sur la plage australienne

C’est donc du métro, boulot, dodo… Parfois on ne sait pas vraiment si l’on joue à Death Stranding, où si on s’y est perdu, voyageant de point en point pour voir le fin mot de l’histoire et essayer de comprendre où tout ça nous mène. Clairement, parcourir la trame principale du jeu n’est pas de tout repos, mais les efforts pour maintenir l'intérêt et donner du rythme ne se passent pas du bon côté de la manette. C’est à nous de forcer, et ce même si l’on est récompensé par des likes (les remerciements), des plans d’équipement et même des compétences dans un tout nouvel arbre de capacités permettant d’améliorer presque toutes les facettes du jeu. C’est redondant et si l’on adhère pas, il faut clairement s’accrocher.

Le pire, c’est qu’aussi chouette soit-il d’explorer le monde et de restaurer diverses infrastructures en laissant nos empreintes, ce n’est presque pas nécessaire. Quelques générateurs tout au plus suffisent la plupart du temps, histoire de recharger les batteries de nos équipements et un ou deux abris parfois pour se protéger de la pluie. En réalité, on aura très vite fait de faire nos trajets en véhicule avec le Trike, une sorte de moto, et surtout avec le très solide Pick-up tout-terrain capable en prime de porter une immense quantité de marchandises. C’est fini les longs treks à pied en luttant contre les flancs de montagne, les courants d’eau et autres joyeusetés qui faisaient tout le sel des longues premières heures de Death Stranding 1. Dans cette suite, on a la plupart des outils en main trop rapidement et presque aucun obstacle n’est un problème.

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Quand le sol tremble, le monde entier s'active

Quant aux conditions climatiques, mise à part la pluie et la neige qui peuvent poser de vrais problèmes et occasionner un peu de difficulté en offrant une ambiance particulièrement réussie, le reste n’est pas franchement impactant, même si c’est impressionnant. Mourir à cause d’une avalanche fait son petit effet, tout comme assister à une coulée de boue lorsque les rivières s'affolent. Encore faut-il être au bon endroit au bon moment… Il en sera de même pour les échoués, normalement sources d’angoisse, qui ne sont ici pas franchement dangereux, d’autant que l’on peut les détruire de mille et une façons assez tôt dans le jeu. Death Stranding 2 n’est pas bien difficile et il donne beaucoup trop d’outils aux joueurs pour s’en sortir. Il faudra donc penser à augmenter la difficulté pour profiter au maximum de son gameplay et retoucher un peu à l’aspect survie en nous forçant à protéger nos colis contre vents et marées. Ça amènera surtout un peu de peps à nos voyages, beaucoup trop sereins et parfois même assommants. Ce n’est que dans les pires conditions, notamment en traversant l’immense zone enneigée, que l’on prendra réellement son pied. Pour le reste, on joue simplement au facteur.

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Nous sommes seuls et pourtant tous connectés

Oui, Death Stranding 2 propose un monde ouvert tout ce qu’il y a de plus pur. De prime abord, il n’y a pas vraiment d’icônes ou de points d'intérêt sur la carte. C’est aux joueurs, tous ensemble, de faire les découvertes. Malheureusement, même si l’on a follement envie de crapahuter partout, il n’y a pas grand-chose à découvrir. Mis à part des colis perdus un peu partout, il n’y a rien à se mettre sous la dent, si ce n'est de précieuses ressources de construction. On est dans la droite lignée du premier jeu avec monde épuré, naturel, vide et stigmatisé par la fin du monde. La nature a repris ses droits, mais c’est à tous les porteurs de venir lui en reprendre une partie. C’est à nous, joueurs, à la fois liés et pourtant isolés aux quatre coins de la planète derrière nos écrans, de façonner nos routes, nos sentiers, nos infrastructures, sans même communiquer directement.

Il y a déjà ce qui se fera naturellement, comme les sentiers qui se dessinent sous nos pas et seront marqués par ceux des autres. Des routes entières de terre battue se tracent au fur et à mesure que les joueurs marchent au même endroit. La formule fonctionne toujours à merveille. Dans son concept, s’il y a bien quelque chose d’extrêmement réussi, c’est bien toute cette dimension multijoueur axée sur le partage naturel, mais également volontaire avec des structures. Le placement de ces dernières sera alors tout de suite plus réfléchi, on ne posera pas un pont au hasard (même si certains le font) et l’on cotisera tous pour réparer des structures énormes comme les routes ou les monorails. Il est toujours possible de poser des outils comme des échelles ou des cordes d’escalade qui font plus office de gadgets éphémères que de réelles structures, même s’ils peuvent être utilisés par d’autres joueurs également. 

Un simple pont peut faire toute la différence parfois.

Les vraies grosses constructions sont bien plus importantes, certaines sont déjà connues du premier jeu comme les ponts, les abris anti-précipitations ou encore les générateurs, et il y a également plusieurs nouveautés, notamment les transpondeurs qui permettent de faire des voyages rapides par exemple. En termes de contenus, c’est très généreux et toujours aussi utile. Ces éléments de gameplay servent le propos autant qu’ils sont utiles pour le joueur. La symbiose entre la narration, l’univers et le gameplay fait toujours mouche. Voir se dessiner ce que l’on pourrait traduire comme étant le réveil de l’humanité  a quelque chose de grisant. Le principe peut même devenir addictif si l'on vise à optimiser ses déplacements pour les livraisons futures, pour les likes ou encore pour faciliter la vie de ses camarades que l'on ne voit pourtant pas. Des structures émergent çà et là, on veut toujours contribuer, aider, partager… Certaines constructions peuvent même sauver des vies tandis que l’on esquisse un sourire en voyant que l’une de nos créations a été utile quelque part dans le monde pour un joueur lui aussi isolé. La connexion entre tous passe par les constructions de chacun et si l’on veut faire une lecture entre les lignes, le message est d’autant plus beau aujourd'hui en 2025 lorsqu'on voit tout ce qu'il se passe. On en est presque à se demander si Death Stranding n’aurait pas pu juste s’arrêter à ça finalement, et explorer même davantage ce pan au lieu de s’enliser dans une trame souvent confuse qui ne touchera guère tout le monde.

L’un des plus beaux jeu de la PS5, c’est absolument magnifique et techniquement irréprochable

Death Stranding 2 ne se contente pas de faire des métaphores, des messages philosophiques ou des messages cachés à découvrir en analysant chaque élément. Il nous en met aussi explicitement plein la vue avec des graphismes photoréalistes tout bonnement impressionnants. C’est assurément l’un des plus beaux jeux du moment, et même de la génération PS5 tout entière. D’ailleurs, que vous soyez sur PS5 classique ou PS5 Pro, le jeu est sublime, que ce soit en mode qualité ou performance et il n'y a aucun bug majeur à signaler. Les rochers sont plus vrais que nature, les particules sont fines, les textures superbes… c’est du très grand art. Artistiquement, c’est toutefois un peu plus froid. Pas de folies ici, le studio a vraiment misé sur le réalisme plus que de chercher à en faire des tonnes pour nous en coller plein les mirettes. En résultent des panoramas absolument magnifiques, mais surtout criant de vérité. Comme avec Death Stranding premier du nom, on a la réelle impression d’évoluer en pleine nature. Que ce soit sur son sol noir et poussiéreux, presque lunaire, son désert ardent, ses montagnes d’un blanc immaculé ou ses zones boisées…

Death Stranding 2 impressionne et nous fait voyager, d’autant plus que l’on est souvent bercé par des morceaux absolument magnifiques d’une bande-son signée de grands noms comme Woodkid ou Low Roar, désormais connus de tous. L’OST sera peut-être moins impactante que dans Death Stranding 1, d’autant que l’effet de surprise n’y est plus, et qu’il nous manque pas mal d’envolées où la caméra prend de l'altitude en nous dévoilant l’immensité du paysage avant de nous bercer de musique. Il n’en reste pas moins que le spectacle est merveilleux.

Les environnements ne sont pas les seuls à profiter de la puissance du moteur graphique, puisqu’il n’y a certainement pas plus belle réussite que la modélisation des personnages, surtout les principaux. On reconnaît les actrices et acteurs du premier coup d'œil. Les traits du visage sont fins et expressifs, jamais trop dans l’excès, même si quelques mimiques sont un poil forcées de temps en temps. Les animations sont également d’une grande justesse, des visages aux tics nerveux en passant par la gestuelle. Il y a une vraie culture du corps, de la photographie et de la cinématographie.

Un panorama que l'on ne voit pas venir et la musique apparaît. Des moments magique un peu trop rares hélas.

Une œuvre très (trop?) personnelle, non loin du cinéma sur bien des points

On sait que Kojima fait du pied au cinéma depuis longtemps et Death Stranding 2 dégouline de cette passion. C’est une fois encore un trait très personnel qui vient imbiber le jeu, ce qui en fait réellement une œuvre à part entière. Du comportement de la caméra au choix des plans en passant par un jeu d’acteur incarné et impeccable, on est en plein film à de très nombreuses reprises. Une œuvre d’auteur qui prend son temps et n’a pas peur de traîner en longueur, quitte à en devenir superficielle par moments à trop vouloir en faire. Il n’était pas nécessaire d’en faire des tonnes pour que l’on comprenne que le jeu venait des tripes et qu’il pouvait tout à fait faire office de portfolio pour une carrière à venir dans le cinéma. Mais comme à peu près tout ce qui constitue Death Stranding 2, et le premier avant lui, Hideo Kojima semble monopoliser son œuvre avec ses passions dévorantes peut-être parfois un poil trop intrusives. On est parfois entre deux eaux, entre une œuvre profonde qui souhaite faire passer un message fort en faisant réfléchir, et une vitrine de la carrière passée, présente et future de son créateur. Si les fans les plus passionnés seront forcément charmés par les deux propositions, les joueurs simplement curieux pourraient quant à eux totalement passer à côté. Clivant.

Death Stranding 2 test PS5 Pro KiKiToès Jérémy.H
Ce genre de plan en met plein les yeux.