Le verdict de JulienC

En 2004 sortaient la DS et la PSP. Avec un cumul dépassant les 200 millions de machines vendues, le marché des jeux nomades explose ! Euphorie ludique. Un peu moins de dix ans plus tard, Nintendo et Sony lancent leurs nouvelles machines... dans un univers dont les règles sont en train de changer sous l'impulsion du duo smartphones/tablettes et de leurs jeux gratuits ou presque. Etre un acteur historique du jeu vidéo suffit-il aujourd'hui à faire jouer les gens en masse ? Sony a le courage d'avoir choisi son camp, celui des gamers à 100%. Judicieux ou dangereux ?


Si je ne devais prendre qu'un seul jeu du lancement, ce serait :
Uncharted : Golden Abyss

J'avoue un faible pour la série des Uncharted, son ambiance générale mêlant action et humour à la Indiana Jones. Pour ses premiers pas sur PS Vita, la série joue ouvertement la carte de la vitrine technique de la portable. Bluffant. Tout simplement. D'autant que même si l'épisode manque de séquences réellement mémorables, j'aime particulièrement son retour à une atmosphère de jungle. Sa prise en main est aisée (à vous de choisir entre du tactile ou du traditionnel), son rythme plutôt haletant et sa réalisation à tomber par terre. C'est pour moi l'éblouissante démonstration de la promesse de la PS Vita. Le genre d'expérience qu'on ne pourrait clairement pas retrouver aujourd'hui sur smartphone ou tablette (car autant j'apprécie Escape Plan, autant on peut l'imaginer immédiatement sur iOS ou Android). Reste après à savoir combien de titres de cette trempe verront le jour... et si, in fine, on n'aurait pas préféré essayer cet épisode sur son écran HD.


Mon verdict d'achat :
Quel bijou technologique ! Sony semble avoir concentré tout ses efforts afin d'offrir LA machine fantasmée par les gamers. Puissante, racée, complète, maline avec son panneau tactile arrière et ses deux sticks... Parfaite ? Je crains malheureusement que non. Car si en tant que joueur je suis emballé et n'ai aucun doute sur son pouvoir de séduction auprès des gamers chevronnés, j'ai néanmoins particulièrement peur pour son succès commercial. Tout d'abord, dans un univers où les smartphones ont bouleversé le marché, la machine et ses jeux seront à son lancement perçus comme bien trop chers, et les options 3G font figure de triste blague aux prix proposés par SFR. Ensuite, je ne pense pas que la promesse d'offrir des jeux "typés consoles de salon dans la main" soit ce que la plupart des gens attendent réellement d'une portable. D'où le triomphe des petites expériences rapides, fun et pas chères. Enfin, en 2004, la force de la PSP était d'être un couteau suisse. Du jeu, mais aussi des films et de la musique. Près d'une décennie plus tard, cet "avantage" est devenu caduque. N'importe quel smartphone fait cela et plus encore (plus d'applis, les mails, le net, etc). Pour percer au-delà de la sphère gamer et rééditer le beau parcours de la PSP, Sony devra donc arriver avec des licences fortes, s'adressant à tous les publics (la force de Nintendo) et surtout proposer une gamme de prix à géométrie très variable. Sous peine, à mon avis, d'une sérieuse déconvenue (quantitative), car l'avantage technologique ne fera pas tout. Surtout d'ici quelques années...

J'achèterai peut-être plus tard !