C'est Romain qui m'a contacté un matin pour me prévenir qu'un événement organisé par SEGA allait avoir lieu à Akihabara. Un petit tour sur le site internet de l'événement donnait directement le ton : SEGA FES 2018 y était inscrit en gros et en couleurs bien flashies. Un Sonic au premier plan courait vers l'écran, sourcils froncés et sourire en coin. Ce Sonic n'avait rien à voir avec le Sonic pré-pubère de Sonic Boom, c'était un Sonic confiant, fier et sûr de son coup qui m'invitait à passer le week-end du 14 et du 15 avril à ses côtés. Comment le lui refuser ?

C'est donc de bon matin, vers 13h30, que quelques amis et moi nous sommes donné rendez-vous au SEGA Fes. Contrairement à la Paris Games Week ou à la Japan Expo, qui prennent place dans des salles d'exposition à l'entrée payante, le SEGA Fes a la particularité de se dérouler au coeur même de Tokyo, en accès libre, dans la "Belle Salle" (c'est bien son nom) d'Akihabara. Le SEGA Fes empiétait allégrement sur une avenue piétonne donnant sur la grande intersection où se situe l'immense SofMap, équivalent de notre Darty-Fnac. Trônant fièrement au centre du trottoir emprunté par des centaines et des centaines de piétons, un logo SEGA géant, autour duquel fans du premier jour et touristes intrigués enchaînent les selfies.

L'ambiance est très différente des événements jeux vidéo auxquels nous sommes habitués en France. On est plus proche d'une kermesse d'otakus que d'un événement pour joueurs initiés.

La kermesse de Saint-Ouen : Sega Edition

Que vous ayez mis les pieds dans une salle d'arcade au Japon ou dans une fête foraine dans le Vaucluse, vous avez forcément déjà joué avec un "UFO Catcher". Vous savez, ces bornes remplies de cadeaux allant de l'ours en peluche trop volumineux à la figurine de Pikachu peinte avec les pieds, et qu'il faut récupérer en utilisant une grue ? Mais si ! Cette même grue qui est clairement trop petite pour attraper quoi que ce soit et qui finit toujours par lâcher votre butin à mi-parcours. SEGA, conscient de la frustration générée par ces grues de pacotille, a eu la bonne idée d'installer un UFO Catcher géant avec un twist sympathique : remplacer la grue par un humain !

Les heureux élus étaient sélectionnés parmi les passants attroupés devant une piscine géante pleine de bonbons et de sucreries. Installé dans un harnais de sécurité et équipé d'un casque, c'est allongé sur une planche de bois qu'ils se laissaient tracter de part et d'autre de la piscine pour essayer d'attraper un maximum de friandises. Les « Ooooh ! » et « Aaaah ! » du public rythmaient chaque déplacement des pauvres cobayes affalés sur leur planche, alors que ces derniers tentaient désespérément de manoeuvrer leur plateforme bancale. C'est très idiot, mais il faut admettre que c'est également, à l'inverse de Sonic Forces, très divertissant !

MegaDrive XXL et barbe à Puyo Puyo

À littéralement deux mètres de cet UFO Catcher géant se trouvait une autre version d'un objet bien connu des fans de SEGA de plus de 30 ans. Impossible de la rater , sûrement visible depuis le haut de Roppongi Tower en forçant un peu : une réplique au format XXL et à l'échelle de l'iconique manette de la MegaDrive. Pour vous donner un autre idée, les boutons de façade faisaient presque la même circonférence que celle d'un ballon de Volleyball ! Un objet magnifique qui aurait sa place dans un musée. Mais ce qui est encore plus fou, c'est que cette manette géante était parfaitement fonctionnelle ! Il était ainsi possible de s'essayer à Sonic ou encore à Puyo Puyo dans leur version d'origine.

Bien qu'on aime à penser que jouer régulièrement muscle nos doigts, je suis resté surpris par le poids des touches de la manette. Presser un simple bouton requiert un certain effort. Ajoutez à cela le fait qu'il faille tendre et détendre ses bras rapidement pour atteindre toutes les touches de la manette, et vous obtenez une expérience de jeu tout aussi jouissive qu'éreintante.

Comme dit le dicton : après l'effort, le réconfort ! Un stand de barbe à papa à l'effigie des personnages de Puyo Puyo permettait de se rassasier tout en faisant exploser son taux de glycémie. Ces petits encas étaient tout aussi délicieux que les demoiselles en cosplay qui nous les ont servis.

SEGA, c'était plus fort que toi

SEGA avait caché loin des regards non avertis, au premier étage de "La Belle Salle", des reliques de l'ère rétro. Fièrement exposées derrière des socles de verre, des MegaDrive, Saturn, Dreamcast et autres périphériques accueillaient les visiteurs à la sortie de l'ascenseur. Que l'on ait grandi ou non avec ces consoles à la maison, difficile de rester insensible face à l'aura que dégagent ces bécanes mythiques. C'est un beau morceau de l'histoire du jeu vidéo qu'il nous était donné de contempler, et le show ne faisait que commencer !

Quelques mètres plus loin étaient exposées les jaquettes des plus grands jeux ayant tourné sur ces machines : Sonic, Puyo Puyo, Shinobi ou encore Phantasy Star.

À contempler ces jaquettes, on en vient presque à regretter ces vieux artworks qui tenaient de l'oeuvre d'art pour certains. Je dis bien pour certains, car d'autres étaient quand même bien kitsch. Mais c'est justement ce qui les rend si attachantes... Ce sont les vestiges d'une époque révolue, les porte-étendards d'une ère où Sonic, Aladin et Michael Jackson étaient les têtes d'affiche de jeux vidéo de qualité. Les empreintes d'un passé dans lequel il fait du bien de revenir de temps en temps, pour contempler le long et beau parcours déjà réalisé par le jeu vidéo.

Il était d'ailleurs possible de se plonger tête la première dans ce passé en rejouant à quelques-unes de ces perles vidéoludiques... sur de bonnes vieilles télévisions cathodiques. Bien vu SEGA, bien vu !

Le pire et le meilleur du Fan Service

Il n'était pas uniquement possible de jouer à d'anciens titres de SEGA, mais également à deux titres attendus pour cette année au Japon.

Le premier était VR Figure from Shining, prévu sur Playstation 4. Que celles et ceux qui attendaient avec impatience un nouvel épisode de Shining Force se calment de suite : il ne s'agit pas d'un jeu à proprement parler, c'est une sorte de galerie en réalité virtuelle où l'on peut mater les personnages féminins de la série sous tous les angles. Rien de dingue, donc.

Les autres titres nous ont rapidement fait oublier l'étron précédent avec un simple riff de guitare... Persona 3 Dancing Moon Night et Persona 5 Dancing Star Night étaient jouables !

Casque vissé sur les oreilles, j'ai pu jouer avec Futaba, Makoto de Persona 5 et le Main Character de Persona 3 sur une PS4 classique. Techniquement, il faut avouer que le titre est passable tout au mieux. Le moteur de Persona 5 utilisé pour animer les personnages fait le travail sans se fouler. On retrouve les menus et l'interface stylisée de Persona 5 avec une touche supplémentaire d'étoiles et de pop pour coller au côté "discothèque" des spin-off Dancing Night. Le résultat reste satisfaisant grâce à l'excellente direction artistique du titre, mais on est bien loin des standards actuels.

Cependant, une fois que l'on choisit son personnage et qu'on lance une musique, on oublie instantanément le retard technique pour se laisser happer par les pas de danse de nos héros sur les remix jazz, électro ou encore funk de la bande originale de Persona 3 et 5. Les morceaux originaux étaient déjà d'excellente qualité, mais les quelques remix que j'ai pu écouter les propulsent encore un niveau au-dessus. Le fait que de grands noms de la scène électro/jazz japonaise tels que Tofubeats ou encore Soil & Pimp Session aient participé à la réalisation de ces remix aide pour beaucoup. Verdict final lors d'un test à venir sur Gameblog !

Pour un événement gratuit, SEGA a été extrêmement généreux : des attractions amusantes, un musée pour célébrer l'histoire de SEGA et un hands-on de P3D et P5D... Vraiment ce fut une excellente journée, dont le point culminant fut l'annonce du remake de Shenmue 1 & 2. C'est pour ça qu'on aime le jeu vidéo SEGA, merci de me l'avoir rappelé !

J'espère que vous avez apprécié ce retour sur le SEGA Fes, et je vous dis au mois prochain pour un nouvel épisode de Japonais à volonté !