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Les opinions et vues exposées dans les éditos ne reflètent pas forcément
celles de l'ensemble de la rédaction de Gameblog.


Amis des internets, je vous vois venir, prêts à dégainer (c'est le cas de le dire). Je sens même que certains ont déjà réagi dans les forums sans lire autre chose que le titre. Je vous connais, mais diantre, ne me faites donc pas dire ce que je n'ai pas dit.

Evidemment, je sais faire la différence entre virtuel et réel. J'ai même envie de souligner que la froideur des attentats de Charlie Hebdo aura prouvé combien cette génération biberonnée aux jeux vidéo pas forcément zen sait, dans son écrasante majorité, faire cette différence entre l'horreur bien réelle, et celle bien virtuelle. Dézinguer des hordes de zombies ferait presque sourire, là où voir des hommes bien réels tomber sous les balles, glace le sang. Triste, mais rassurant constat pour ceux qui en doutaient encore.

Cet édito n'a donc rien à voir avec une quelconque remise en question de "la violence dans le jeu vidéo". Hitler ne jouait pas à Call of Duty, Gengis Khan n'était pas fan d'Assassin's Creed. Nous sommes bien d'accord, alors ne cherchez ici aucune morale, ou dénigrement du jeu vidéo de ma part. Je serai d'ailleurs bien mal placé. Non, juste un message sur l'importance de laisser du champ à... autre chose que des titres où la violence est un moteur clef. Je crois qu'il est plus que temps que notre média dans son ensemble, et ses principaux éditeurs en particulier, réalise qu'il est crucial de proposer des expériences grand public osant défricher des horizons différents. Et cette alternative, trop souvent incarnée par Nintendo, ne doit pas être réservé à des univers ultra colorés et légers. Non, il est possible de faire du contenu adulte sans le faire rimer avec assassinats en boucle.

Ce n'est pas parce que la violence fait vendre et qu'elle entraîne des mécaniques de gameplay bien huilées qu'elle doit écraser le paysage ludique... oui, il y a des jeux sports, quelques point & click, et des jeux de plate-formes, mais ne pourrait-on pas aussi avoir (plus, beaucoup plus) de "vraies" aventures sans "trop" de sang ? J'en rêve... et je suis persuadé qu'un pan entier de (nouveaux ?) joueurs pourraient adhérer.

L'aventure autrement...

Alors que 2015 s'ouvre, je formule ici un rêve : celui d'un jeu vidéo qui, dans ces titres d'action et d'aventure, ne reposerait pas l'essentiel de ses règles sur le "moi-vois, moi-tue". Car oui, je pense qu'il est temps que les jeux d'action se concentre aussi sur l'histoire, sur les émotions, et fasse de nous plus des acteurs réfléchis, que des tueurs aux skills surdéveloppés.

Quand je vois les talents et la débauche de moyens qui sont mis en place pour mettre en scène certains coups de poignards de la manière visuellement la plus impactante, je me pose souvent quelques questions. A l'image du cinéma ou de la littérature de genre, tout cela est cathartique j'en ai bien conscience. Mais le réalisme explosant, et le jeu vidéo grandissant, il serait peut être temps de voir grandir et s'épanouir l'offre "différente". Moins violente, et ce dans les genres clefs comme l'action et l'aventure.

Il nous faut des auteurs dans le jeu vidéo. Des hommes et des femmes ayant des histoires fortes et poignantes à raconter. Il faut ouvrir les genres de "jeu". Il faut y faire entrer la comédie, la romance, les jeux sociaux. Comprenez-moi bien, il en existe certes déjà, mais reconnaissez qu'ils sont encore relativement peu nombreux, et trop souvent cantonnés à des jeux mineurs (par leur budget du moins).

Oui, j'ai envie de vivre des grandes épopées sans automatiquement avoir à me transformer en barbare sanguinaire. J'ai envie de suivre des histoires captivantes qui ne me demandent pas de poignarder chaque adversaire que je croise. J'ai besoin de m'évader dans des mondes gigantesques sans laisser derrière moi des torrents de sang. J'ai envie de régler des conflits, d'être au coeur de scénarios profonds ou mes choix d'homme comptent plus que ma capacité à savoir bien viser.

L'achat, acte militant...

En 2015, j'espère vivement que cette variété ne viendra pas uniquement des indés ou de Nintendo. Tout simplement car c'est l'affaire de tous, et que chacun à sa manière d'aborder chaque sujet, chaque thème, chaque genre. Je formule ainsi le souhait que les géants de l'industrie comprendront qu'il est temps de produire des grandes fresques numériques où les ressorts centraux vont chercher plus loin que les simples pulsions immédiates.

Je tâcherai en tout cas de mettre en avant encore plus souvent qu'auparavant ceux qui oseront la différence, que ce soit ici sur Gameblog ou sur mon Twitter où j'aime pousser mes coups de coeur, même si ce ne sont pas des cartons commerciaux. Si vous partagez cette sensation, n'hésitez pas d'ailleurs à m'envoyer le nom de vos trouvailles, de ces petites pépites qui osent la différence avec moins de marketing certes, mais parfois plus de courage aussi.

Mature ne doit pas être synonyme de "sanglant". "Différent" ne doit pas automatiquement signifier "pour les enfants" ou "dans des mondes colorés".

Vous l'aurez compris, évidemment j'aime le jeu vidéo dans sa globalité et sa diversité, mais j'aurai envie d'avoir à me servir un peu moins souvent de mon épée/fusil/pistolet et un peu plus de ma tête et mon coeur. Et là vous allez me demandez quels sont mes jeux les plus attendus de 2015. Logique. Eh bien je pourrai vous citer Batman Arkham Knight, The Witcher III, Metal Gear Solid V, The Order 1886, Uncharted 4, Quantum Break... je, oui, ok, d'accord, je suis faible...

... mais en réalité, j'ai surtout une envie profonde, celle d'en apprendre plus sur Hazelight le nouveau titre de Josef Fares père de l'incroyable Brothers, hâte d'en savoir plus sur BEFORE, sur le prochain Quantic Dream, sur WiLD de Michel Ancel, Adr1ft, sans oublier le projet mystère de Jenova Chen et tout ces jeux dont je n'ai pas encore entendu parler mais qui sauront justement me, nous, surprendre. Oui, plus que n'importe quel ride calibré à coup de gros calibres, ces sont ces jeux/expériences qui, je l'espère, me laisseront une trace dans ma vie de joueurs. De celle qui font avancer les jeux vidéo.

"La violence est la force des faibles" écrivait Isaac Asimov. Le débat vous est ouvert...


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