PlayStation 3 : à trop jouer sur la sécurité...

Sous ses traits grandiloquents, la dernière née de Sony a tout du candidat Nicolas Sarkozy. Sûre d'elle, elle s'apprête à dévorer le marché comme si elle était en terrain déjà conquis, puisque de toute façon "la campagne ne commencera pas tant qu'elle ne l'aura pas décidé". Séduisant à la fois ses militants les plus fervents comme les gamers des champs (enfin ceux qui paient l'ISF, surtout), elle part en campagne sur tous les fronts (même les plus nationaux) et n'hésite pas à s'approprier quelques grandes citations de ses concurrents politiques, comme par exemple une plate-forme online "inédite" ou une manette "ultra révolutionnaire". Malheureusement pour elle, et malgré des qualités vantées par les plus grandes stars du moment (fussent-elles expatriées en Suisse ou comico-violentes sur les plateaux de radios), elle paie le prix de son assurance, trop vite perçue comme de l'arrogance. Après avoir été élue à la quasi-unanimité par ses pairs, elle s'expose immanquablement aux critiques, et son manque de répartie nous paraît difficilement pardonnable. Par ailleurs, son obstination à engager une rupture tranquille (soyons francs, son programme de réformes n'a rien de particulièrement disruptif et s'inscrit dans la lignée idéologique de ce que l'on a déjà vu jusqu'ici) risque de sonner creux alors que tout le monde attend un vrai grand changement, dans la forme et dans le fond. Bref, arrivée au firmament, elle joue un peu à quitte ou double dans la course actuelle, et risque bien de trouver la chute difficile si elle ne se met pas au niveau de français jugulés par un pouvoir d'achat bien morose, et énervés par son manque d'humilité. Il n'empêche, elle est toujours favorite, et peut-être qu'en mettant un peu d'eau dans son vin (ou l'inverse), elle parviendra à délivrer l'ivresse nécessaire à son élection.

Wii : la voie Royal

A l'inverse de la PS3, la Wii s'est très vite demandée s'il ne serait pas judicieux d'aller écouter les réfractaires à la politique ludonumérique avant de lancer sa campagne. On ne sait jamais, pour peu qu'ils aient quelque chose à dire et qu'ils n'attendent en fait que de participer au jeu, du moment qu'on prend soin de leur en donner les moyens (leurs moyens). Bien qu'issue d'une carrière assez ancienne, sa candidature sonne comme une nouveauté, elle parvient même à chambouler les règles du jeu en place. Critiquée comme un gimmick sans avenir à ses débuts, elle a pourtant réussi à séduire très rapidement et à rassembler un courant jusqu'ici plutôt étranger à sa classe politique, incarnant l'ouverture vers un nouveau mode d'expression ludocitoyenne. Cependant, passé des débuts très prometteurs, elle souffre du manque de haute définition de son discours, et d'un programme technique un peu vieillissant. Néanmoins, cela ne suffit pas à faire tomber le buzz autour d'elle, et si elle réussit à capitaliser sur la participation de ses militants éditeurs ainsi que sur son potentiel ludique, il est fort probable qu'elle parviendra à créer la surprise et à passer sa petite traversée du désert pour nous revenir en pleine forme. En tout cas, une chose est certaine : après elle, les règles du jeu ne seront plus les mêmes.

Xbox 360 : le candidat du centre qui peut tout chambouler

Tentant de ménager la chèvre et le chou, la 360 nous rappelle ce cher François Bayrou. Alors que son positionnement reste obscur aux français, et qu'elle joue dans l'opposition depuis pas mal de temps sans vraiment être prise au sérieux en dehors de son propre camp ludique, son programme commence à séduire de plus en plus de joueurs lassés par l'alternative Nintendo/Sony qu'on lui impose. Bien qu'étant un peu "petite bite" dans ses propositions et ne semblant pas avoir la carrure d'un leader pour beaucoup, son attitude "profil bas" des derniers mois et son programme réaliste semblent porter leurs fruits. D'autant que, d'école pragmatique, elle parvient même dernièrement à s'émanciper de son image molle (et du passif négatif de son groupement politique), et sa capacité à plaire a l'élite hardcore comme au peuple casual s'avère de plus en plus accueillante pour les déçus des camps adverses. Pourtant, des trois candidats du moment, elle ne paraît pas favorite, et son sort dépendra de beaucoup des erreurs de ses deux principaux concurrents si elle souhaite s'imposer. Mais qui sait, rien n'est impossible de ce point de vue, et son statut de "troisième homme" pourrait bien se transformer en avantage... et pourquoi pas la mener vers la victoire, maintenant que tout le monde a compris qu'elle ne racontait pas que des conneries.

Alors, qui l'emportera ?

Bien malin celui qui pourra prédire l'issue de cette élection. Evidemment, chaque candidat(e) affirme être en mesure de changer les choses et de nous offrir un avenir meilleur, et comme toujours ils auront du mal à tenir toutes leurs promesses (qui a dit Killzone 2 ?). En tout cas, certains jouent gros dans cette campagne, et on comprend l'anxiété ambiante, car il y a beaucoup à perdre. Ce nonobstant, il nous reste une certitude : il faudrait être sérieusement apolitique pour voter blanc. Alors à vos cartes d'électeurs, Mesdames et Messieurs les joueurs !