Vous l'aurez remarqué, ces derniers jours et probablement cette semaine encore, l'actualité tourne résolument autour d'Assassin's Creed 3. Evidemment, ceux qui n'aiment pas la série déplorent à longueur de forum la surexposition du titre d'Ubisoft, mais à leur adresse, précisons deux choses. D'abord, ils seront certainement ravis lorsque la roue tournera en leur faveur sur un titre qui les allèchera à leur tour. Ensuite, prenons quelques minutes ensemble pour s'intéresser à la valeur de cette licence, par rapport à d'autres, au sein du paysage vidéoludique actuel.

Du jeu à valeur historique

Assassin's Creed, c'est ce qu'on appelle une fiction historique, c'est à dire une relecture de l'Histoire connue avec de la fiction dans les interstices laissés obscurs par les historiens (avec, en l'occurrence, l'ajout d'une forte composante SF). Maintenant, dressons un bilan rapide des thèmes et des univers auxquels s'intéresse généralement le jeu vidéo, avec le souci d'en dresser une liste sinon exhaustive, du moins à peu près complète. Alors on a : la fantasy (chevaliers, dragons, magie, créatures diverses), la science-fiction (du space-opera à la Mass Effect à l'anticipation cyberpunk de Deus Ex Human Revolution, en passant par les innombrables débarquements d'aliens vindicatifs), le Mushroom Kingdom de Mario (ahem), et puis, hum... ah oui ! Le contemporain, bien sûr, en général vu par le prisme bien particulier d'un réticule de visée (de Modern Warfare à Medal of Honor, en passant par tout un tas de jeux d'action / tir "matures", et je pèse mes guillemets). On ajoute quelques rares titres aux univers profondément uniques (à la BioShock), ceux adaptés d'autres médias (des comics aux films en passant par la littérature), une belle variété de nuances entre chacune de ces grandes familles, et ceux qui sont passés de mode (la Seconde Guerre Mondiale), et je pense qu'on pourra dire qu'on a à peu près fait le tour. Pas très riche, finalement, pensez-vous ? Peut-être bien... mais le pire, c'est bien ce qui manque si ostensiblement comme source créative, tant elle est évidente : l'Histoire (si on met donc de côté l'exception passée de mode de la Seconde Guerre Mondiale). A quelques rares exceptions près (la plupart sur PC dans les genres de la stratégie ou de la simulation), rares sont les fictions historiques dans le jeu vidéo, et quelque part, je trouve ça dingue.

Donnez m'en plus !

Pour moi qui, comme la plupart des français, n'ait pas étudié la Révolution Américaine à l'école, la perspective d'en découvrir certains tournants, en jouant à Assassin's Creed 3, de plonger dans cette époque manette en mains, est loin d'être mineure par rapport aux autres attraits plus traditionnels du titre. D'autant que les précédents AC ont reconstitué leurs époques avec brio. Combien de séries majeures du jeu vidéo, aujourd'hui, s'appuient aussi pleinement sur la manne pourtant inépuisable qu'est l'Histoire Humaine ? Il y a pourtant tant à faire, tant à jouer, en revisitant NOS époques, NOS héros, NOS guerres, NOS civilisations... Entre le roman historique, le biopic, la série TV mi-docu mi-fiction, les autres médias ont depuis longtemps compris la richesse vertigineuse de l'Histoire Humaine. Mais, au lieu de ça, trop de jeux se cantonnent aux mêmes univers vus et revus, aussi bons soient-ils. Messieurs les créatifs, dépêchez-vous de sauter dans le grand bain historique ! Ubisoft va petit à petit rafler la mise, et avec des gros moyens ! En attendant que vous vous penchiez sérieusement sur la Mongolie unifiée de Genghis Kahn au XIIIe, l'Ancien Empire égyptien et l'édification des toutes premières pyramides au IIIe avant JC, la Chine de la cité interdite au début du XVe siècle, l'essort musulman en Andalousie à partir du VIIIe, la Babylone de Nabuchodonosor II au VIe avant JC, et j'en passe une mégatonne, je garderai donc les yeux tournés avec avidité vers Montréal.

Premier rendez-vous ce soir, à 18h sur Gameblog, puis dans les semaines qui viennent, parce qu'on n'est pas près de se désintéresser de Washington, Lafayette et des autres... à commencer par Connor, le nouvel Assassin.