Au même titre que nous sommes tous plus ou moins soumis au Biais de Confirmation, nous sommes tous plus ou moins soumis à la pression sociale. Bien évidemment, nous le savons tous : lorsque notre entourage (amis, famille, ou même relations professionnelles et copains virtuels sur Internet) adopte majoritairement une opinion, il est parfois difficile de ne pas avoir la même. En réalité, pour ceux que ça intéresse, ça va même au-delà puisqu'il a été montré que la pression sociale pouvait même affecter notre mémoire jusqu'à nous faire modifier des souvenirs que nous savions vrais, afin d'y substituer des informations erronées.

Mais, au-delà des opinions, c'est par le prisme de la société de consommation que j'observe, aujourd'hui, que je suis bien plus sujet à cette pression que je ne l'imaginais. Julo et Traz ont acheté leur PS Vita la semaine dernière, KamuiRobotics a la sienne depuis la sortie japonaise, et si Mimic n'a pas encore craqué à ma connaissance, c'est uniquement pour sauvegarder son budget coquillettes. Chacun connaît mon avis sur l'achat immédiat de la PS Vita, puisque je l'ai exprimé dans notre dossier "PS Vita : faut-il l'acheter ?". Seulement voilà : aussi conscient, intellectuellement parlant, que je sois des arguments de cette opinion, depuis une semaine, je sens la raison m'abandonner peu à peu, et mon compte en banque frémir de frayeur à l'idée de se faire maltraiter par la sortie d'une nouvelle console séduisante. Et c'est d'autant plus curieux, que nanti comme je suis, j'ai bien entendu deux PS Vita à ma disposition, à la rédac, dussé-je céder à l'envie de les emprunter pour y jouer. C'est donc bien que mon envie grandissante de craquer n'est due qu'à des causes extérieures...

Raison contre passion

La lutte de ces deux-là est vieille comme le monde, et si d'aucuns pourraient m'accuser d'enfoncer des portes ouvertes, je me dis que ça me fera peut-être du bien (et à d'autres), de le faire malgré tout au travers de cette colonne. Or donc, si j'ai de plus en plus envie de m'acheter ma PS Vita, c'est bien entendu la faute des Julo, Trazom, et KamuiRobotics. Je les vois, sourire au lèvres, tripoter l'objet de convoitise avec l'obscénité du gamer fier de sa nouvelle conquête, au vu et au su de tous. Fort heureusement, je dispose d'une volonté surhumaine (et d'une fortune personnelle inexistante) pour combattre l'odieux manège auquel ils se livrent avec toute la malice diabolique qui est la leur.

Mais en élargissant un peu la lorgnette par laquelle j'observe le phénomène, viennent des considérations similaires à l'égard du jeu vidéo dans son ensemble. Oui, c'est un loisir cher, mais c'est un loisir cher dès lors qu'on est pris par cette dualité malsaine de la société de consommation et de la pression sociale. Bien évidemment, il est tout à fait possible de s'éclater en jouant, pour peu qu'on soit un peu patients. Le prix des jeux baisse souvent très vite, on peut acheter en occasion ou même en neuf en dessous du prix moyen des grandes enseignes aux dangereuses vitrines et aux PLV chantant silencieusement le refrain des sirènes, et pourvu qu'on n'ait pas une ribambelle de connaissances fortunées qui ne s'embarrassent pas de ce problème, il est facile pour quiconque de s'adonner à notre passion sans nécessairement se coller sur la paille. Seulement voilà : pourvu qu'on n'ait pas une ribambelle de connaissances fortunées qui ne s'embarrassent pas de ce problème...

Car lorsqu'elle s'exerce, cette foutue pression, il est facile de se sentir en position de faiblesse. Comment échanger, partager, confronter des opinions sur le dernier jeu à la mode dès lors qu'on n'y a pas goûté ? Si tous les copains sont à fond dans le dernier MMO ou le dernier FPS à la mode, sans qu'on puisse les rejoindre, qu'est-ce qu'on fait ? En outre, au train où vont les choses dans notre milieu et dans la société d'aujourd'hui, il faut pouvoir tenir le rythme. Une mode en chasse une autre à la vitesse de la lumière, et il est bien difficile de prévoir, pourtant, quand cela surviendra et surtout quoi va chasser quoi. Alors, on fait des choix, pas toujours éclairés. C'est bien comme ça que fonctionne la concurrence entre les consoles, les jeux, cette compétition féroce pour notre attention et nos deniers. Et c'est bien par ce truchement que les tablettes et les smartphones à la mode menacent, également, la position des consoles portables traditionnelles sur le marché global des devices capables de jeux qui font saliver les consommateurs.

Néanmoins, la PS Vita a un avantage certain : vu les finances et le rythme des sorties hardware de Sony, on aura du mal à l'accuser, elle, d'obsolescence programmée. Et merde ! J'ai encore trouvé un argument supplémentaire pour craquer...