C'est au travers d'une enfance très Nintendo que nait la passion d'Hichem pour les jeux vidéo, qui débute avec Zelda : Link's Awakening, avant de très vite se rapprocher du FPS avec GoldenEye sur N64 puis de découvrir Code Veronica qui marquera le début de sa fascination pour la saga Resident Evil...

Hichem : Flic ou zombie

Hichem a 22 ans et vit en banlieue Parisienne. Après un Bac Littéraire, il se dirige vers des études de droit qu'il abandonne très rapidement au profit de L'Ecole de Police par volonté de se retrouver « sur le terrain ». Actuellement gardien de la Paix en Seine Saint-Denis, nous nous retrouvons dans un square pour enfants près du Canal Saint Martin afin de parler - entre deux anecdotes glauques - de la perception du geek dans son milieu professionnel.

Mes questions sont toutes très orientées. Ce qui m'intrigue dans le profil d'Hichem, c'est de savoir où s'arrête le fantasme virtuel et où commence la perception de la réalité du terrain. Après un été de propositions de loi et de débats concernant les effets néfastes des jeux (comparés rappelons-le, aux dangers de la pornographie, et des drogues entre autres), je souhaitais savoir si FPS et Survival horror influaient sur l'exercice quotidien des devoirs d'un gardien de la paix, soit en amenant une éventuelle aisance à « foncer dans le tas » ou bien une meilleure tolérance face à des situations insoutenables.

A tout cela, Hichem me répond sans l'ombre d'une hésitation : « C'est sûr que quand tu es habitué à jouer et qu'on te donne pour la première fois un 9 mm... Mais la réalité n'a rien à voir avec le jeu vidéo. Les conditions du terrain sont dures, odeurs, manipulations... ». Il poursuit : « dans un jeu vidéo, tu as toujours la sécurité du "try again", la peur n'est pas la même ».

Si son entourage professionnel est constitué en grande partie de joueurs (jeux de foot principalement), les « anciens », comme il les appelle, ne comprennent pas cette passion pour les aventures virtuelles. Néanmoins, eux aussi savent faire la différence entre jeu et réalité, et la facette « geek » d'Hichem ne remet en aucun cas en cause son aptitude à exercer sa profession avec sérieux.

Alors qu'est ce qu'un geek ? « Un geek est quelqu'un de passionné, qui a une vie sociale, qui vit dans son temps. Le geek n'est pas nécessairement passionné de jeux, il peut être fan de technologies, de cinéma...C'est une personne qui a avant tout une ouverture d'esprit ». S'il lui arrive de se retrouver dans des situations similaires à celles de Rainbow Six Vegas 2, Hichem admet néanmoins que le zombie reste sa cible favorite. Et c'est d'ailleurs avec impatience qu'il attendait de pouvoir jouer à Dead Rising 2 afin d'arpenter tranquillement un centre commercial infesté, aux situations souvent absurdes, avec un lynchage de masse au choix d'armes infini, le tout enrobé de beaucoup de second degré.

Pour conclure notre conversation, je lui demande de me proposer un slogan geek. Pour Hichem ce sera donc « Même un geek peut faire respecter la loi et l'ordre ».

N'en déplaise à quelques mesures de sensibilisation, le geek version 2010 demeure conscient de cette frontière évidente entre réalité et aventures virtuelles. Si certains FPS proposent des situations à la direction toujours plus réaliste, les sensations recherchées ne font pas toujours l'éloge de la violence et peuvent être un excellent exutoire... A la différence des éventuelles « pauses obligatoires », qui pourraient quant à elles transformer des milliers d'individus joueurs sains en bêtes féroces incontrôlables aux pulsions violentes engendrées par la frustration de ne plus pouvoir assouvir leur faim quotidienne... et ce, sans même l'ombre de l'intervention d'Umbrella.

Salome Lagresle

Bloggeuse jeux vidéo et gameuse irréversible, Salomé, jeune fille sage de 22 ans, reste néanmoins la femme d'un seul homme : Snake. Collectionnant les jeux Ken le survivant et les pistolets en plastique, cette étudiante en communication expose, parfois même en chanson, ses humeurs et aventures quotidiennes sur son site coloré : Junkflood.